Projet de décision autorisant la mise en service de l’installation nucléaire de base 167 (réacteur EPR dénommé "Flamanville 3") et fixant à Électricité de France (EDF) des prescriptions relatives aux essais du réacteur et à son exploitation

Toute la démarche de l'ASN, de l'IRSN, d'EDF vise à réduire de façon drastique le risque d'un accident grave, mais cela n'empêche pas le risque d'exister, et que se passera-t-il alors?



Quel sera l'impact ? Population et activités du Cotentin ? Usine de retraitement de La Hague ? Pêche ? Circulation maritime en Manche ?



Que faudra-t-il mettre en oeuvre en cas d'accident ?



Toute la démarche est installation-centrée. La réflexion est assez peu environnement-centrée, et c'est probablement de l'environnement que viendra le grain de sable non prévu qui conduira à la catastrophe.



En particulier le réchauffement climatique est perçu comme un long fleuve tranquille.

Les évolutions récentes montrent qu'il peut y avoir des ruptures violentes.



Les documents disent bien que les risques, en particulier liés au niveau de la mer seront réactualisés, mais aucune piste n'est avancée en cas de montée brutale.

Démantèlement anticipé ?



Pour un site dont la moitié de la surface est prise sur la mer, cela constitue un souci.



Et puis que dire des déchets nucléaires ? Le stockage de Bure n'apparaît pas comme étant une solution satisfaisante.

Avis défavorable à la mise en route du premier EPR français, aussi réussi que ses cousins chinois, finlandais, et anglais!

Des défauts non réglés, des lois qui changent pour le sauver d'un broyage bien mérité, la fine fleur des soudeurs mondiaux pour assembler des tuyaux de manière irréprochable (la fameuse "exclusion de rupture")... on appellera cela un fiasco, un désastre économique, mais ce sera bientôt doublé d'une catastrophe écologique.

Le carbone en trop grande quantité dans un acier, réduit sa ténacité, c'est à dire sa capacité à résister à la propagation d'une micro-fissure. Les experts de l'ASN sont arrivés à la conclusion que la résistance du réacteur et son couvercle étaient inférieures à celle qui était préconisée, mais le 30 décembre 2015, entre les huitres et le foie gras, un arrêté ministériel signé par le directeur général de la prévention des risques (celaa ne s'invente pas) rend son utilisation possible malgré tout. Oui, TOUT.

Les études des catastrophes ont montré que leur cause était multifactorielle. Chaque facteur pris individuellement ne pouvait pas à lui seul conduire à l'accident, mais c'est la concomitance sournoise de plusieurs d'entre eux, qui ayant produit une sorte d'effet d'alignement fatal a permis le passage d'une flèche mortifère lorsque les circonstances s'y sont prêtées et ce malgré un pronostique probabiliste de quasi impossibilité.

Cet EPR n'est pas abouti, bien que considéré comme terminé. Les défauts de fond de cuve, couvercle, hydraulique, soudures, vannes, sont autant de facteurs qui pris isolément sont admis du bout des lèvres par l'ASN, bien qu'inadmissible dans le nucléaire. Cependant leur concomitance dans les premiers temps de vie de l'EPR pose question.

Les facteurs humains (FH) pris en compte et décrits dans le dossier semblent à la hauteur des enjeux si toutes les mesures à mettre en place le sont réellement. Cependant en élargissant le spectre des FH nous voyons bien celui d'une énorme pression politique et aussi celui d'une pression économique, les deux concourant à une volonté de démarrage d'une installation défectueuse, dangereuse par nature.

Cette consultation pourrait être biaisée si son résultat se limite au seul décompte des avis favorables et défavorables quand on observe que, nombre d'avis favorables, quand ils sont motivés, relèvent d'un presque copié/collé de contre-vérités (indépendance énergétique, pilotage). Dans ces conditions, on est presque sûr que l'avis favorable l'emportera par un effet de simili bourrage des urnes.

Dans un pays démocratique, le peuple serait consulté avant le lancement d'un tel programme hypothéquant l'avenir de ses petits citoyens.

A quel moment a t-on eu la parole?

Jamais

Etait-ce un besoin ou un réacteur "témoin" pour qu'une entreprise privée en exporte quelques uns?

Ni la fermeture de Fesseinheim ni l’arrêt de la moitié de notre parc moribond à l'hiver 2022-2023 ne nous a plongé dans le noir: Le besoin n'est visiblement pas avéré et le prix actuel a fait baisser la demande depuis 2ans.

Ce prototype était bien un faire valoir raté, dans le doux espoir de faire du business, et laisser des miettes à la nation bienveillante.



Il ne doit pas démarrer parce qu'il est fragilisé par son forgeage loupé puis camouflé.

Il ne doit pas démarrer parce que le combustible finance l'effort de guerre russe.

Enfin, il ne doit pas démarrer parce que les déchets produits n'ont pas de filière sérieuse.

Plusieurs suspicions et cas avérés de fraudes ont été identifiés chez des fournisseurs de composants pour l’EPR de Flamanville 3. L’ASN a demandé au PDG d’EDF de renforcer sa surveillance sur ses titulaires de contrat.

Pourquoi n’y aurait-il que les fournisseurs qui pourraient commettre des CFSI ?



L’opérateur EDF ne peut-il pas être amené à commettre lui-même des actes malhonnêtes ?



Est-ce que l’ASN est en capacité d’affirmer que l’EPR de Flamanville 3 respecte toutes les exigences législatives et réglementaires qui lui incombent ?



Pour démarrer l’EPR de Flamanville 3, il faut préalablement avoir mis en service les matériels sous pression qui constituent cette installation.



Est-ce que le rôle de l’ASN /DEP est uniquement de s’intéresser à un pourcentage d’avancement fourni par l’exploitant dans ses mises en service d’équipement ?

La lettre de suite de l’inspection de revue de mai 2023 ne parle que d'organisation...



Vu le retard pour le chargement puis la divergence du réacteur, de nombreux équipements sont très certainement utilisés depuis plusieurs années (certains sans doute depuis près de 10 ans…). Est-ce que tous les gestes réglementaires sont respectés sur le contrôle de ces équipements pour garantir la sécurité des biens, des personnes et de l’environnement ? Est-ce que la durée de vie de certains équipements n’est pas déjà atteinte ? Est-ce qu’il n’y aurait vraiment pas d’équipements en situation irrégulière ?



Est-ce que les personnes d’EDF en charge de ces contrôles et en charge de s’assurer de l’application de l’arrêté ESPN et de l’arrêté non nucléaire ont les compétences, les moyens, la liberté, le temps, suffisants pour leur mission ? Est-ce que l’ASN s’en est assurée ? Que disent les organismes habilités et les opérationnels de l’exploitant qui doivent réaliser ces activités ? Ce sont eux les sachants, non ?



Mais aussi, quelle surveillance a réalisé/demandé la direction de la DPN sur les équipes ? A quel niveau son ingénierie nationale d’exploitation et sa direction industrielle se sont immiscées dans le domaine ici en question ? Ces entités sont-elles informées de toutes les situations ?



Est-ce que le niveau de surveillance de l’exploitant de l’EPR de Flamanville 3 est au même standard que la surveillance de l’exploitant des tranches en production ?

Une surveillance poussée semble avoir été déployée pour la phase de fabrication en lien avec des suspicions de CFSI (au hasard : dossiers barrés d’AREVA NP, fournisseur portugais, HS, H&D…) mais qu’en est-il de l’exploitation ?



Démarrer, oui il le faut absolument, mais dans le respect de toutes les règles aussi bien côté fabrication que côté exploitation. La population ne comprendrait pas qu’il soit attendu qu’un accident ou un incident arrive pour commencer à s’en préoccuper…

AVIS du GSIEN (Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire)



Projet de décision autorisant la mise en service de l’installation nucléaire de base 167 (réacteur EPR dénommé "Flamanville 3") et fixant à Électricité de France (EDF) des prescriptions relatives aux essais du réacteur et à son exploitation





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Des réserves, interrogations sans réponse et incertitudes qui nous amènent à émettre un avis défavorable.

Marc DENIS, Dr. Sc.Phys. – Président du GSIEN



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De manière générale, par rapport à l’avis que nous avions formulé à l’occasion de la précédente consultation en février 2024, nous ne percevons pas de raisons majeures de faire évoluer notre position résumée dans le titre de cet avis. Pour ne pas répéter plusieurs fois la même chose, nous rejoignons globalement l’avis qui a été déposé par Global Chance, avis qui traduit les échanges et les analyses que nos deux organisations ont pu partager.



Nous ne citerons ici à titre d’exemple que quelques aspects qui motivent notre avis défavorable. Il est écrit que les projets de prescription de l’ASN ont pour objectif de définir :

- l’échéance de remplacement des échangeurs entre les circuits de réfrigération intermédiaire (RRI) et d’eau brute secourue (SEC) afin d’assurer, sur l’ensemble de la durée de vie de l’installation, un niveau de performance suffisant ;

- l’échéance du remplacement des corps de deux soupapes de protection des circuits secondaires principaux.



Pourquoi différer l’échéance de remplacement de ces équipements après la mise en service ?



« Par ailleurs, l’ASN a déjà prescrit le remplacement du couvercle de la cuve, qui interviendra durant le premier arrêt pour rechargement du réacteur. » Lors de réunion du 14 mars 2023 du CSPRT (Conseil Supérieur de la Prévention des Risques Technologiques) au sein duquel le GSIEN siège, et dès cette époque, nous avions pour diverses raisons déjà émis un avis négatif au démarrage de l’EPR avant remplacement du couvercle.



A ceux-ci, nous ajoutons un dernier exemple d’interrogation déjà évoqué lors de la précédente consultation et concernant l’état des dispositifs de filtration de l’eau borée en recirculation en situation accidentelle de brèche sur le circuit primaire.



Mesures compensatoires pour assurer l’injection d’eau borée dans le cœur en cas de colmatage des filtres RIS. « Avant le démarrage du réacteur, EDF devra finaliser les études des mesures compensatoires envisagées et s’assurer que les opérateurs de conduite et les équipes de crise disposent des informations nécessaires à leur mise en œuvre. » avait recommandé l’IRSN. (Avis IRSN N° 2023-00098 du 28 juin 2023)



Page 94 du rapport d’instruction ASN :

« Cependant, l’ASN a considéré qu’EDF doit poursuivre ses efforts sur la compréhension des phénomènes de colmatage des filtres RIS-RA et EVU après le démarrage de l’EPR. De ce fait, l’ASN a demandé à EDF de définir au titre de la défense en profondeur des mesures compensatoires de conduite en cas de colmatage des filtres de l’IRWST et de caractériser, dans le programme de R&D prévu à échéance de 2026, l’effet de l’évolution des caractéristiques de la colle au cours du temps dans les conditions du bâtiment réacteur sur le phénomène de colmatage du filtre RIS et des grilles des assemblages de combustible. » Afin de répondre à ces demandes, EDF a pris un certain nombre d’engagements que l’ASN considère comme satisfaisants. La démonstration du bon fonctionnement de la fonction recirculation est basée sur la réduction du terme source débris, ce qui est acceptable au stade de la mise en service du réacteur.



Certes, peut-être satisfaisant au stade de la mise en service, mais au stade de l’exploitation après divergence, qu’en est t-il ?

Le Phenix n'est pas près de renaitre de ses cendres.

Il a pris des coups pendant 14 ans, il a un genou à terre depuis la révélation de la non conformité de son réacteur phare, et le coup de grâce est venu avec l’arrêt du petit frère à Taishan.

Nous savons que si il démarre, les crayons de combustibles seront à changer à chaque cycle, que le couvercle deviendra un déchet hautement radioactif lorsqu'il faudra le changer l'année prochaine, et que l'hydraulique du fond de cuve doit être rapidement modifié, autant dire un arrêt de 3ans 1/2 à la clé

Les 19 milliards engloutis n'auront servi qu'à pondre un gadget des années 80, bancale et dangereux

Je ne suis favorable ni au démarrage de l'EPR de Flamanville ni à la construction des six autres fiascos à venir: Le budget sera évidemment explosé, tout comme les délais, c'est une certitude.

L'avenir est aux énergies renouvelables qui ne laissent pas de traces indélébiles derrière elles.



Le réacteur qu'on voudrait démarrer demain n'a pas été réparé car cela "aurait couté trop cher", les locaux apprécieront!

Chez EDF, on fait tomber la fièvre en changeant de thermomètre: Quand un réacteur raté est refusé, on abaisse les recommandations techniques et tout devient possible, comme en république bananière.

La France est devenue une ploutocratie: L'industrie nucléaire qui parle à l'oreille de nos dirigeants, leur fait croire que la balance commerciale c'est eux qui la font, le chômage c'est eux qui l’infléchissent, et ca marche: Ils signent des propositions de loi sans changer un mot, ils décident seuls contre le peuple de la direction énergétique à prendre, ils sont aux commandes et préparent leurs reconversions dans le privé.

Je suis très favorable à la mise en service du réacteur EPR de Flamanville

Car celà représente:

-une énergie décarbonnée répondant au défi lié à la limitation du réchauffement climatique et favorisant l'indépendance énergétique de la France

-un réacteur aux meilleurs standards de sûreté actuels

-un investissement financier important à rentabiliser

-un maintien des compétences en France et une forte participation à la réindustrialisation

Nous avons de plus en plus besoin de l’énergie électrique pour nos industries, nos transports (véhicules électriques) et les particuliers. Ce besoin passe par des unités importantes de production pour assurer la stabilité et la sûreté du réseau électrique, interconnecté avec l’Europe.

Il ne faut pas oublier que nous devons produire d’avantage tout en réduisant nos émissions de CO2.

Pour répondre à toutes ces exigences, nous avons un outil qui est prêt à démarrer : l’EPR de Flamanville. Sa technologie s’appuie sur le retour d’expérience du fonctionnement du parc français.

L’EPR de Flamanville est donc indispensable pour le renforcement de l’indépendance énergétique de la France et pour réduire fortement notre empreinte carbone.

Même si cette tête de série as mis plus de temps pour sa construction, le réacteur est maintenant terminé, ce serait une aberration, voire une erreur, de ne pas le mettre en service.

Bonjour,



je demande à ce qu’on reporte le chargement du combustible de l’EPR de Flamanville.



Cet usine n’est pas vraiment terminée puisque les malfaçons ne sont pas toutes réparées et le « couvercle », qui fait partie des sécurités doit être changé. Ce chargement est demandé avant la fin de la durée d’utilisation du couvercle actuel (31/12/2024). C’est donc pour seulement 8 mois que pourront se dérouler des essais. Il n’y a peu d’intérêt à commencer des essais qui devront être interrompus au 31 décembre au regard du retard de l’achèvement des travaux qui a maintenant dépassé la quinzaine d’année.



Cette consultation ne donne même pas la durée des travaux pour remplacement du couvercle !





Ce chargement augmente donc les risques encourus par des personnels extérieurs au fonctionnement normal du réacteur.



Dans la réponse qu’EDF fait à l’autorité environnementale, je suis aussi très surpris par les subtiles distinctions qu’EDF fait entre « matière » et « déchet » en invoquant le code de l’environnement. Avec ce raisonnement toutes les « matières » que je jette dans ma poubelle de recyclage ne sont pas des « déchets ». Pourtant cette poubelle contient bien des déchets et tout est loin d’être recyclé ou réutiliser. Et dans le retraitement des déchets radioactifs, ce qui « déchoient » du statut de combustible, se recyclent à bien moins de 10 % . Cette justification me semble insuffisante elle renvoie tous les problèmes au « PNGMDR » et se termine par une illustration d’un prétendu cycle (fig.4 p11) de la réponse d’EDF qui commence à la mine et se termine au stockage prétendument réversible !



A aucun moment on ne parle des masses et des volumes réels de matières concernées !



Enfin, on nous promet des solutions : une 4ème génération qui ne fonctionnerait qu’à la fin du siècle en s’appuyant sur l’exemple d’une filière qui a en France comme au Japon subit de lourds et coûteux échecs.





Pour ce qui est du réchauffement de l’eau, je n’ai rien vu sur les espèces marines et leur évolution depuis l’implantation des deux premiers réacteurs, existe-t-il une étude comme il y en a pour l’hydrazine et le bromoforme ?

Quels sont les moyens de surveillance envisagés ? Y-a-t-il des mesures sur les concentrations qui peuvent se cumulées par les chaînes alimentaires ?



Pour les pollutions chimiques, il n’est pas tenu compte des vitesses de disparition des produits, seulement des dilutions. Pourtant, l’accumulation est bien réelle que ce soit dans les sols ou les liquides.





Pour les rejets radioactifs, les limites sont annuelles. Cela ne donne pas une bonne vision de l’augmentation réelle de la radioactivité ambiante car il serait nécessaire de tenir compte des périodes des éléments. Le fonctionnement de tout nouveau réacteur est donc à proscrire si nous voulant éviter l’accumulation de contamination atomique industrielle.

René BODINEAU