Projet de guide de l’ASN et de l’IRSN relatif aux exigences de sûreté et recommandations pour la conception de réacteurs à eau sous pression

Améliorer les exigences de sûreté, alors que tout le monde sait qu’elles ne seront pas efficaces à 100 % représente une erreur majeure qui engagera pénalement les responsables.

Cette erreur majeure est évidente, en prenant simplement en compte les problèmes de compétitivité et de dangerosité de l’électricité nucléaire.

L’électricité nucléaire n’est plus compétitive

L’argument économique devrait nous conduire à arrêter au plus vite tous nos réacteurs.

Il est maintenant connu de tous, et en particulier du milieu de la finance, que l’électricité nucléaire de l’EPR ou des réacteurs après un grand carénage est désormais deux fois plus chère que celle produite par l’éolien ou le photovoltaïque.

D’ores et déjà, EDF vend à perte son électricité nucléaire des réacteurs existants à ses concurrents fournisseurs, et cela lui a occasionné en 2015 près d’un milliard d’euros de manque à gagner.

Par ailleurs, en décembre 2015, EDF a été exclu du CAC 40 car, depuis 2007, sa valeur boursière a été divisée par 9 et l’Etat, autant dire nous les citoyens, a ainsi perdu près de 160 milliards € 2016, l’équivalent de 7,5 % du PIB, et son bénéfice 2015 a été divisé par trois en un an.

Alors que le déficit d’EDF est de 37,4 milliards et qu’elle souhaite prolonger ses centrales nucléaires existantes pour un coût estimé à 100 milliards par la Cour des Comptes, en plus du rachat d’une partie d’Areva, le gouvernement lui impose un investissement de plus de 23 milliards dans de futurs réacteurs nucléaires en Grande-Bretagne, alors que les syndicats s’y opposent.

La démission début mars 2016 du directeur financier d’EDF, Thomas Piquemal, en raison d’un désaccord sur Hinkley Point, puis le 28 juillet d’un administrateur, Gérard Magnien, avant la décision du Conseil d’administration du 8 août 2016 de lancer Hinkley Point est aussi révélateur de la déroute financière à venir d’EDF, plombée par ses centrales. Les cadres et les salariés d’EDF sont aussi opposés à ce projet.

Le dernier avatar révélateur est que lors de l’acceptation le 15 septembre 2016 par la Grande Bretagne du projet de deux EPR à Hinkley Point, l’action d’EDF a continuer à baisser, alors que systématiquement, lors de décrochement de nouveaux contrats les actions de toute firme ayant remporté augmentent.

La dangerosité du nucléaire

De part leur conception, les réacteurs nucléaires sont intrinsèquement dangereux, et s’ajoutent leur vieillissement et les problèmes de défauts, en particulier dans l’acier des cuves, aussi prolonger leur durée de fonctionnement au delà des trente ans représente un risque inacceptable pour nos générations futures et pour notre économie nationale.

S’ajoute aussi maintenant le risque d’attentat en visant des éléments sensibles, risque évoqué depuis de très nombreuses années, ingérable et quasi ignoré.

Pourquoi aussi continuer à exploiter des réacteurs produisant en permanence des tonnages considérables de déchets radioactifs, que nous sommes incapables de rendre inoffensifs, et que la solution ultime que nous avons trouvée est un stockage en profondeur à Bure, stockage immoral pour les générations futures.

Enfin, en cas de catastrophe chez-nous, il ne serait pas impossible que des responsables de l’ASN soient poursuivis à l’avenir par un tribunal pénal.

Poursuivre le nucléaire chez nous représente un risque environnemental et un boulet financier pour notre compétitivité, donc pour nos emplois, aussi améliorer les exigences de sûreté des réacteurs devrait être un projet à absolument abandonner.

Quel sera le devenir des commentaires déposés et pourrions nous être auditionnés ?

Jean-Louis GABY

Ingénieur, ancien artisan en énergie solaire

Administrateur du Réseau Sortir du nucléaire 2012/2015

http://perso.wanadoo.fr/solaire2000

Je ne vois pas l’intérêt de ce guide alors que l'EPR produira déjà de l’énergie électrique à un coût prohibitif (110 euros le MW).

Toutes les améliorations apportées dans ce document, ne pourront que renchérir les coûts de production.

Le solaire est à 60 euros le MW, dernièrement l'éolien marin est à 65 euros le MW.

EDF énergie NR au printemps , a vendu à l'Inde une centrale solaire où le coût de l'électricité sera de 59 euros le MW...

Rien dans ce guide ne permet ou envisage d’empêcher les rejets radioactifs de fonctionnement, ni les déchets de retraitement du combustible.

Les rejets de tritium, d'iodes(131,129) ,carbone 14 … continueront d'induire des leucémies autour des centrales.

La conception de ses réacteurs repose un principe du XIX ^eme siècle (la machine à vapeur) !

Le rendement de transformation sera de 33% au mieux ce qui entraînera une augmentation de la température de l'atmosphère,cette énergie n'étant pas renouvelable.

Le combustible sera de l'uranium 235 qui n'est plus produit en France.

Il serait temps d’arrêter ces réacteurs nucléaires actuels et futures, sinon EDF deviendra une entreprise sous perfusion de l'état attendant des subventions pour continuer d'exister .

Mesdames, Mesdempoiselles, Messieurs, 
Votre guide est présenté pour "optimiser les futures installations nucléaires".
Il annonce dés l'article"2.1.1.1 :
" En application de l’article L. 1333-1 du code de la santé publique, la conception de l’installation vise notamment à ce que, en fonctionnement normal, l’exposition radiologique des personnes y compris par les atteintes portées à l'environnement, soit aussi faible que possible dans des conditions économiquement acceptables, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’installation ».
Il est clair donc que : « La santé des personnes et l'environnement seront pris en compte (que) dans un cadre « économiquement acceptable !!».
N'est-ce pas là une manière détournée de dire "qu'elle ne sera justement pas prise en compte" ? Pour des raisons purement économiques !

Nous savons depuis plus d'un siècle que les effets des radiations sur le vivant se transmettent de génération en génération, s'inscrivant dans les gênes de manière irréversible. Quelle estimation pourrait-on alors faire des conséquences de ces dégâts toujours "non encore complètement quantifiés" e.a. depuis la catastrophe de la centrale de Tchernobyl (le 26 avril 1986 !) ?
D'autre part, le risque d'accident est toujours envisagé dans une forme « maîtrisée » avec des dispositions qui rendent « improbables » les accidents graves. Or, lorsque un accident nucléaire majeur  se produit, il ne peut justement pas être maîtrisé dans un temps très court (retombées radioactives sur un long terme, etc.) !
Notons donc, que cette technologie met en œuvre des puissances telles, qu'un accident ne peut pas être contrôlé. Ce fut le cas entre autres, à Fukushima et à Tchernobyl. Et nous savons que nous ne sommes absolument pas à l'abri d'une prochaine catastrophe, vu les prolongations d'exploitation des centrales bien au-delà du délai initial de fermeture, qui était, lui, raisonablement prévu.

Alors je répète, avec une majorité écrasante de citoyens et citoyennes pleinement conscients de l'éte ntdue de la problématique : non à la prolongation du nucléaire civil et non à la création de nouvelles centrales nucléaires. En effet, dans la perspective du remplacement des centrales "en fin de vie", il existe bien d'autres technologies, respectueuses du vivant (humain et animal), et tout à fait capables de nous fournir l'énergie dont nous avons réellement besoin.
Luc de Belgique.

Il paraît pour le moins inaproprié que de chercher à mettre en place de nouvelles exigences concernant ces installations alors que la priorité est bien l'arrêt de tous ces réacteurs ayant déjà largement dépassé leur durée de vie initialement prévue.

Aussi bien intentionnés et mesurés soient-ils, la priorité n'est pas la recherche de nouveaux aménagements, qui de fait, permettent de poursuivre dans une voie qui se révèle être une impasse financière, environnementale et humaine ; la priorité est de changer radicalement notre vision globale de la production d'électricité.

Il est urgent de sortir de ce mode énergétique, déjà d'un autre âge.

Jean-Pierre Collet

Bonjour,

Mes observations sur votre projet de guide portent sur les extraits suivants :

§3.3.1.1.4 : « Une attention particulière est portée : […] aux états d’arrêt présentant des conditions spécifiques, notamment lorsque sont indisponibles certaines barrières de confinement (par exemple l’ouverture du circuit primaire principal, […]) ou certains EIP, ou lorsque des travailleurs peuvent être présents à l’intérieur de l’enceinte de confinement ; »

§3.3.1.2.3 : « les dispositions prises au titre de la maîtrise des réactions nucléaires en chaîne :

• • visent à éviter l’atteinte des conditions critiques dans les situations où le réacteur est à l’arrêt lorsque l’EIU survient ;

• • garantissent l’absence de criticité dans la piscine d’entreposage des assemblages de combustible ; »

§6.1.1 : « Les moyens de maîtrise de la réactivité du cœur permettent :

• […] ;
• d’exclure, dans les états où la cuve est ouverte, l’atteinte des conditions critiques ;
• d’éviter, dans les états où la cuve est fermée et le réacteur est à l’arrêt en fonctionnement normal, l’atteinte involontaire des conditions critiques. »

§6.1.7 : « Des systèmes assurent une surveillance permanente de la concentration de l’eau du circuit primaire en absorbant neutronique soluble et de la réaction nucléaire, tant qu'un assemblage de combustible est présent dans la cuve. En particulier, ils permettent la mise en œuvre d’actions automatiques ou manuelles pour prévenir l’atteinte de la criticité lors d’incidents ou accidents initiés dans les états d’arrêt du réacteur en fonctionnement normal. »

La compilation de ces extraits choisis montre que les exigences vis-à-vis de la maîtrise de la réactivité dans les états d’arrêt diffèrent au travers des termes « éviter l’atteinte des conditions critiques », « garantir l’absence de criticité », « prévenir l’atteinte de la criticité », « exclure l’atteinte des conditions critiques ».

Ne faudrait-il pas employer le même terme pour la même exigence ?

Je suggère les propositions suivantes :

• remplacer « exclure l’atteinte des conditions critiques » par « garantir l’absence de criticité » - l’exigence associée consiste à rester sous-critique sans exception
• remplacer « prévenir l’atteinte de la criticité » par « éviter l’atteinte des conditions critiques » - l’exigence associée consiste à viser de rester sous-critique mais des exceptions peuvent être tolérées

La question qui suit est : dans quel cas peut-on toléré des exceptions et dans quels cas les exceptions sont à bannir ? Selon le §6.1.1, le choix retenu est l’état de la cuve : si la cuve est ouverte, l’exigence est de rester sous-critique sans exception – si la cuve est fermée, l’atteinte de la criticité peut être tolérée. Selon le §3.3.1.1.4, d’autres situations semblent être à considérées avec une « attention particulière » : les situations où du personnel est présent (risque d’exposition) et les situations où l’arrêt d’urgence (EIP) n’est pas disponible.

Pourquoi ces situations « spécifiques » ne sont pas déclinées en termes d’exigences au même titre que l’état de la cuve l’est dans le §6.1.1 ?

A mon sens, il ne faudrait tolérer aucune exception tant que l’arrêt d’urgence n’est pas disponible. Surtout que dans ces états d’arrêt, il n’est pas garanti que le cœur ait « un comportement intrinsèquement stable par l’effet des contre-réactions neutroniques ». En effet, cette exigence de stabilité n’est requise (cf. §6.1.3) que lorsque le réacteur est critique en fonctionnement normal. L’idée d’être plus exigeant vis-à-vis de la maîtrise de la réactivité lorsque l’arrêt d’urgence n’est pas disponible est la même que celle de ne pas envisager de rouler avec une voiture sans frein surtout s’il y a un risque qu’elle prenne de la vitesse. C’est d’ailleurs l’idée que l’on retrouve dans la décision « criticité » (qui s’applique au REP) lorsqu’il est spécifié d’examiner, pour les réacteurs, « l’opportunité d’étendre le domaine d’application de la présente décision aux états physiques où le cœur est constitué mais où les systèmes d’arrêt de la réaction en chaine ne sont pas disponibles ».

Je suggère la proposition suivante pour le §6.1.1 :

§6.1.1 : « Les moyens de maîtrise de la réactivité du cœur permettent :

• […] ;
• de garantir l’absence de criticité, dans les états où les systèmes d’arrêt de la réaction en chaîne ne sont pas disponibles ;
• d’éviter, dans les états où les systèmes d’arrêt de la réaction en chaîne sont disponibles et le réacteur est à l’arrêt en fonctionnement normal, l’atteinte involontaire des conditions critiques. »

Je vous remercie pour l’intérêt qui sera porté à mes remarques.