Mise en service et utilisation de la cuve du réacteur EPR

Dans cette période où nous constatons un retour à la raison de l'opinion publique sur la nécessité de l'énergie nucléaire dans notre mix énergétique après des décennies de nucléaire-bashing de la part d'idéologues dont le but de plus en plus avoué n'est pas la protection de l'environnement mais l'anticapitalisme et la décroissance de l'économie, nul doute qu'une consultation publique sur un sujet aussi technique est une aubaine pour les plus radicaux des opposants à la filière, qui sont probablement acoquinés à ceux qui se sont attaqués comme des sauvages et des barbares (au sens civilisationnel du terme) aux méga-bassines des Deux-Sèvres le week-end dernier.

Ne cédons pas à nouveau à un ridicule identique à celui issu de la Convention Citoyenne pour le Climat. Si notre pays s'est doté d'une autorité experte en sécurité nucléaire pour émettre des avis scientifiques dans ce que j'aime à croire encore être un domaine d'excellence stratégique, sensible et de haute technicité pour notre pays, ce n'est pas pour demander à Madame Michu s'il faut changer le couvercle d'un EPR tous les 5 ou tous les 10 ans, comme elle le ferait avec celui d'une casserole.

Je m'en remets donc totalement à la compétence de l'ASN pour édicter l'avis éclairé qu'elle préconise sans avoir à subir la pression politique qui découlera des tombereaux d'invectives, de désinformation et de propagande qui seront déversés dans la présente consultation par des activistes qui veulent mettre à bas la souveraineté énergétique de la France.

Je souhaite par ailleurs que soit supprimée des règles de l'ASN cette pratique de la consultation publique.

De nombreux commentaires favorables au projet de décision relatif au report du remplacement du couvercle de cuve de Flamanville 3 s'appuient sur l'excellence de l'expertise du fabricant, de l'exploitant et des autorités de contrôle.

Il me semble que les événements récents survenus sur le parc - découverte fortuite et inattendue d'endommagements de circuits connectés au circuit primaire par corrosion sous contrainte, ampleur de cet endommagement (un défaut n'était pas loin d'être traversant), découvertes d'importants défauts dus à la de la fatigue thermique sur des soudures évaluées comme non sensibles à cet endommagement - devrait appeler à beaucoup plus d'humilité concernant l'expertise et la maîtrise des phénomènes d'endommagement des composants installés sur les centrales nucléaires.

Aussi, au vu de cet état de fait, il me semblerait bien plus raisonnable que Flamanville 3 démarre avec un couvercle conforme aux spécifications.

Je suis défavorable à l'autorisation de report demandée. La date initialement fixée par l'ASN tenait compte du délai de fabrication et du démarrage de l'EPR qui devait intervenir à une date bien antérieure à celle prévue pour la fabrication. Les retards constatés sur le chantier à Flamanville, permettent désormais le remplacement de cette pièce jugée non conforme et potentiellement dangereuse, avant le démarrage.

Cela sécuriserait ce démarrage et n'exposerait pas les travailleurs à travailler sous atmosphère contaminée. En outre le couvercle défectueux ne serait pas un déchet nucléaire et pourrait être facilement recyclé.

Avec un peu de chance un nouveau retard devrait rendre cette solution la plus opérationnelle, sinon on n'est plus à un an près, déja 12 ans de retard.

Depuis la décision de l’ASN en date du 9 octobre 2018 aucun élément nouveau d’ordre strictement technique relatif au couvercle lui-même n’est survenu qui remettrait en cause la possibilité d’utilisation du couvercle de la cuve du réacteur de Flammanville 3.

La nouvelle date limite d’utilisation du couvercle de cuve, prévue en octobre 2024 lors de la décision de l’ASN en octobre 2018, doit maintenant tenir compte de la nouvelle date prévisionnelle de mise en service du réacteur.

Plutôt qu’une date limite, il serait préférable de fixer une durée d’utilisation maximum (initialement prévue de octobre 2019 à octobre 2024, soit 5 ans, lors la décision de l’ASN en octobre 2018), en précisant qu’une telle disposition n’empêchera pas d’effectuer le remplacement du couvercle avant d’atteindre la durée d’utilisation maximum ainsi définie, par exemple lors d’une étape du démarrage ou de l’exploitation du réacteur (comme indiqué dans le projet de décision joint au dossier de la présente consultation qui propose « l’arrêt du réacteur au cours duquel la première requalification complète du circuit primaire est réalisée »).

Il n’y a ainsi aucun élément nouveau d’ordre technique ou environnemental justifiant la consultation du public puisque le report de la date limite d’utilisation du couvercle de cuve ne résulte que de contingences de planification des opérations de démarrage et d’exploitation lesquelles ne concernent en rien le public.

Le report de la date limite d’utilisation du couvercle de cuve de Flammanville 3 s’impose naturellement mais il est regrettable qu’on emploie des ressources humaines de l’ASN pour préparer et dépouiller une consultation du public qui ne peut amener aucune observation justifiant l’emploi d’un tel niveau d’expertise.

D’autres sujets tels que la prolongation de la durée de vie des réacteurs bien au-delà de 40 ans mériteraient dès à présent que l’ASN puisse disposer de toutes ses ressources. Cette remarque vaut pour le bon emploi des ressources de l’IRSN, d’EDF, de FRAMATOME et des autres acteurs impliqués dans les multiples consultations publiques qui sont lancées.

On peut comprendre l’augmentation du nombre des consultations publiques résultant de la politique de relance du nucléaire, qu’il s’agisse de la prolongation de la durée de vie des réacteurs existants, ou qu’il s’agisse de la construction de nouveaux réacteurs de type EPR2. Néanmoins une réflexion devrait être menée lors de l’élaboration de chaque projet de décision pour déterminer si, en application de la loi n° 2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, il y a lieu ou non de lancer une consultation publique.

Les sujets à très haute expertise, comme la consultation publique effectuée dans le cadre de la décision de l’ASN en date du 9 octobre 2018, n’ont pas lieu d’être soumis à consultation publique car, d’une part le public ne peut en aucun cas avoir l’expertise requise (incidence du flux neutronique et de la fatigue thermique sur les propriétés mécaniques de l’acier de la cuve), et d’autre part cela constitue un véritable gâchis des ressources de l’entité en charge de la consultation pour apporter des réponses à des observations issues de militants antinucléaires dont le seul objectif véritable est de retarder l’exécution des projets. Une consultation publique n’a de sens que pour des sujets qui pourraient avoir un impact effectif sur la vie des citoyens, particulièrement des habitants à proximité des installations concernées. Le sujet de la présente consultation, simple report d’une date limite, ne concerne pas le public qui n’aurait ainsi pas dû être consulté.

Je suis tout à fait d'accord pour décaler la date de remplacement du couvercle actuel monté sur la cuve à Flamanville trois.

Toutefois je n'ai toujours pas compris pourquoi il convient de changer le couvercle pour des problèmes de contrôle de fabrication qu'ils seraient impossible à réaliser du fait de la géométrie, qui est pourtant celle des couvercles des réacteurs allemands Konvoi.

Or les Allemands n'ont pas changé leurs couvercles de cuves et la sûreté de l'Allemagne qui vaut bien celle de la sûreté de la France et ils n'ont pas exigé un changement de géométrie. Je souhaiterais donc connaître les éléments de différence conduisant à cette exigence de l'ASN de France.

Martin Jean-Paul–retraité du commissariat à l'énergie atomique.

En 2018, l’ASN autorisait la mise en service du réacteur EPR de Flamanville 3 prévue alors en 2020. Par précaution, pour prendre en compte une anomalie de fabrication des calottes du fond et du couvercle de la cuve, elle limitait à 48 mois la durée d’utilisation du couvercle, avant de procéder à son remplacement. A l’époque, la décision de l’ASN fixait la date ultime du remplacement du couvercle au 31 décembre 2024.

L’EPR n’ayant pas encore démarré, l’ASN propose fort logiquement le report de la date de remplacement en fonction de la date prévisionnelle de mise en service.

La consultation publique imposée au processus de prise de décision de l'ASN n’a pas grand sens, sauf à donner aux anti-nucléaires une opportunité pour empêcher le développement du parc nucléaire français. Mais, puisqu’il faut donner son point de vue, voici le mien.

Non spécialiste en métallurgie mais professionnel de la production d’énergie électrique et par ailleurs soucieux de limiter le changement climatique, je fais confiance à l’ASN qui, s’appuyant sur les avis d’experts, propose ce report. C’est aussi du bon sens, puisque l’on craint la fragilisation des éléments de cuve soumis aux flux de neutrons « perdus ».

Oui, il faut décaler l’échéance du remplacement du couvercle de la cuve à l’issue d’une exploitation de 4 ans.