Rejet de tritium à la centrale nucléaire de Civaux (Vienne) : L’ASN met en demeure EDF de restaurer l’étanchéité de la capacité de rétention des réservoirs d’entreposage des effluents issus de l’îlot nucléaire.
A la suite d’un rejet non maîtrisé de tritium dans l’environnement sur le site de Civaux, l’ASN a mis en demeure EDF de respecter la réglementation relative aux fluides radioactifs.
Le 4 janvier 2012, un prélèvement dans les eaux souterraines de la centrale a été réalisé par EDF. Les résultats d’analyse de ce prélèvement, reçus le 13 janvier 2012, ont révélé une activité volumique en tritium de 540 Bq1/l. Les mesures attendues au niveau de ces eaux souterraines sont normalement inférieures à 8 Bq/l.
Le fonctionnement d’une centrale nucléaire produit des effluents contenant des éléments radioactifs. Parmi ces éléments, le tritium (3H) est un isotope radioactif de l’hydrogène. A la centrale de Civaux, ces effluents sont traités, conditionnés dans des réservoirs appelés « KER » puis rejetés dans la Vienne suivant les modalités et les limites fixées par les prescriptions de rejet. Conformément à la réglementation, une capacité de rétention est associée à ces réservoirs « KER » pour collecter leurs fuites éventuelles. Cette rétention doit être étanche aux produits qu’elle pourrait contenir.
L’ASN a mené une inspection le 17 janvier 2012. A cette occasion, les inspecteurs ont examiné l’ensemble des résultats d’analyse, les actions d’investigations et les mesures correctives mises en œuvre par l’exploitant de la centrale.
Ils ont inspecté la capacité de rétention des réservoirs d’effluents KER. Les inspecteurs ont constaté que le revêtement de cette capacité était dégradé en de nombreux endroits et n’assurait plus sa fonction d’étanchéité. Du fait d’une fuite sur un circuit relié à un des réservoirs KER, de l’eau contenant du tritium s’est accumulée dans cette capacité de rétention non étanche, ce qui a conduit à un rejet non maîtrisé de tritium dans l’environnement.
Par ailleurs, il ressort des vérifications effectuées lors de l’inspection que les eaux souterraines concernées n’alimentent pas de réseau d’eau potable. De plus, l’activité volumique en tritium mesurée dans ces eaux souterraines ne présente pas de risque sanitaire au regard des normes internationales2. Les analyses complémentaires effectuées par EDF sur les eaux souterraines n’indiquent la présence d’aucun autre radioélément artificiel. Les mesures de l’activité volumique en tritium effectuées dans l’eau de la Vienne sont conformes aux limites fixées par les autorisations de rejet.
En outre, l’ASN s’assure depuis le 13 janvier 2012 que l’exploitant met en œuvre les actions permettant d’éviter la poursuite des rejets dans la nappe : des pompages visent à assurer l’absence d’eau dans cette capacité de rétention et la réparation de la fuite du circuit KER sont en cours. Par ailleurs, des analyses quotidiennes sont menées au niveau des piézomètres situés à proximité de cette rétention.
Même si ce rejet de tritium non maîtrisé a un impact très faible sur l’environnement, l’ASN considère que cet événement révèle, chez l’exploitant de la centrale de Civaux, une attention insuffisante à l'égard des risques de contamination par le tritium, notamment s'agissant de l’état de la capacité de rétention et des programmes de surveillance du génie civil.
Par décision n°2012-DC-0258 en date du 24 janvier 2012, l’ASN a donc mis en demeure EDF de :
- restaurer l’étanchéité de la capacité de rétention des réservoirs KER sous 10 jours ;
- procéder à la réparation pérenne de cet ouvrage avant le 31 août 2012.
L’ASN contrôlera la bonne exécution de cette décision de mise en demeure.
Du fait de l’activité volumique en tritium mesurée dans la nappe phréatique, cet événement n’a pas eu d’impact significatif sur l’environnement et la population riveraine. Cependant, en raison de la défaillance de plusieurs barrières (circuits, capacité de rétention) destinées à protéger l’environnement de la radioactivité, il a été classé au niveau 1 de l'échelle des événements nucléaires INES, qui compte 7 niveaux.
En savoir plus :
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1. Le becquerel, dont l’abréviation est « Bq », est l’unité de mesure de l’activité d’une substance radioactive. 1 Bq correspond à une désintégration radioactive par seconde. Une activité volumique (Bq/l) mesure le nombre de désintégrations par seconde dans un litre du liquide considéré
2. La valeur guide fixée par l’OMS pour la qualité des eaux potables est de 10 000 Bq/l.
Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021
Classement de l’incident (INES)
Niveau 1
Anomalie