Les ICPE mettant en œuvre des substances radioactives
Selon l’importance des dangers qu’elles représentent, les ICPE sont soumises à autorisation, à enregistrement, ou à simple déclaration.
Pour les installations soumises à autorisation, celle-ci est délivrée par arrêté préfectoral après enquête publique. L’autorisation est assortie de prescriptions qui peuvent être modifiées par arrêté complémentaire. De manière générale, l’ASN n’intervient pas dans le contrôle des ICPE mettant en œuvre des substances radioactives, hors périmètre INB.
La nomenclature des installations classées (annexe à l’article R. 511-9 du code de l’environnement) définit les types d’installations soumises à ce régime et les seuils applicables
Quatre rubriques de la nomenclature des ICPE concernent les substances radioactives :
- la rubrique 1716 pour les substances radioactives sous forme non scellée et les substances radioactives d’origine naturelle mises en œuvre dans un établissement industriel ou commercial et dont la quantité totale est supérieure à une tonne, à l’exception des accélérateurs de particules et du secteur médical soumis aux dispositions du code de santé publique ;
- la rubrique 2797 pour la gestion des déchets radioactifs mis en œuvre dans un établissement industriel ou commercial hors accélérateurs de particules et secteur médical, dès lors que la quantité susceptible d’être présente est supérieure à 10 m3 et que les conditions d’exemption mentionnées au 1° du I de l’article R. 1333-80 du code de la santé publique ne sont pas remplies ;
- la rubrique 2798 pour les installations de transit de déchets radioactifs issus d’un accident nucléaire ou radiologique ;
- la rubrique 1735 pour le dépôt, l‘entreposage ou le stockage de résidus solides de minerai d’uranium, de thorium ou de radium, ainsi que leurs produits de traitement ne contenant pas d’uranium enrichi en isotope-235 et dont la quantité totale est supérieure à une tonne.
Il convient de retenir que :
- les activités et les installations de gestion des déchets radioactifs, en application de la directive 2011/70/Euratom du Conseil du 19 juillet 2011 établissant un cadre communautaire pour la gestion responsable et sûre du combustible usé et des déchets radioactifs, sont soumises à un régime d’autorisation ;
- seules les substances radioactives sous forme non scellée présentant un enjeu pour l’environnement et les substances radioactives d’origine naturelle sont soumises au régime des ICPE, l’ensemble des sources scellées étant soumises au code de la santé publique ;
- pour les installations de stockage de déchets pouvant contenir des substances radioactives d’origine naturelle, seules celles dont l’activité en radionucléides naturels des chaînes de l’uranium et du thorium est supérieure à 20 Bq/g sont soumises à la rubrique 2797 ;
- les activités mettant en œuvre des substances radioactives d’origine naturelle en quantité supérieure à 1 tonne ne sont soumises à aucun régime conformément aux dispositions de l’article R. 1333-37 du code de la santé publique.
Conformément à l’article L. 593-3 et au I de l’article L. 593-33 du code de l’environnement, une installation implantée dans le périmètre d’une INB relevant de la nomenclature des ICPE est soumise au régime des INB si elle est nécessaire à l’exploitation de l’INB ou au régime des ICPE dans le cas contraire.
En application du III de l’article L. 1333-9 du code de la santé publique, les autorisations délivrées aux ICPE au titre du code de l’environnement pour la détention ou l’utilisation de sources radioactives non scellées tiennent lieu de l’autorisation requise au titre du code de la santé publique. Les dispositions législatives et réglementaires du code de la santé publique leur sont néanmoins applicables, à l’exception de celles qui concernent les procédures.
Enfin, conformément aux dispositions de l’article R. 515-110 du code de l’environnement, les responsables d’activités industrielles utilisant des sources radioactives d’origine naturelle, susceptibles de provoquer une exposition aux rayonnements gamma supérieure à 1 mSv/an en dose efficace, ont l’obligation de faire réaliser une caractérisation radiologique des matériaux naturels et résidus industriels mis en œuvre. Cette caractérisation devra être effectuée à compter du 1er juillet 2020 par un organisme accrédité.
Liste des matériaux naturels et résidus industriels concernés par l’obligation de caractérisation
(article D. 515-110-1 du code de l’environnement)
1° Extraction de terres rares à partir de monazite, traitement des terres rares et production de pigments en contenant.
2° Production de composés du thorium, fabrication de produits contenant du thorium et travail mécanique de ces produits.
3° Traitement de minerai de niobium/tantale et d’aluminium.
4° Production pétrolière et gazière, hors forage de recherche.
5° Production d’énergie géothermique, hors géothermie de minime importance.
6° Production de pigments de dioxyde de titane.
7° Production thermique de phosphore.
8° Industrie du zircon et du zirconium, dont l’industrie des céramiques réfractaires.
9° Production d’engrais phosphatés.
10° Production de ciment, dont la maintenance de fours à clinker.
11° Centrales thermiques au charbon, dont la maintenance de chaudière.
12° Production d’acide phosphorique.
13° Production de fer primaire.
14° Activités de fonderie d’étain, plomb, ou cuivre.
15° Traitement par filtration d’eaux souterraines circulant dans des roches magmatiques.
16° Extraction de matériaux naturels d’origine magmatique tel que les granitoïdes, les porphyres, le tuf, la pouzzolane et la lave lorsqu’ils sont destinés à être utilisés comme produits de construction.