Régions Nouvelle-Aquitaine et ex-Midi-Pyrénées : En 2021, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection reste globalement satisfaisant

Publié le 21/06/2022 à 10:20

Communiqué de presse

A l’occasion de la parution du Rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021, la division territoriale de Bordeaux de l’ASN présente les conclusions des actions de contrôle qu’elle a menées tout au long de l’année 2021 en régions Nouvelle-Aquitaine et ex-Midi-Pyrénées.

L’activité de contrôle de l’ASN en 2021 en Nouvelle-Aquitaine et ex-Midi-Pyrénées

 
216
inspections

  • 89 inspections dans les centrales nucléaires du Blayais, de Civaux, de Golfech et chez un fournisseur ;
  • 55 inspections dans le domaine médical ;
  • 55 inspections dans les autres domaines du nucléaire de proximité ;
  • 13 inspections concernant les organismes et laboratoires agréés par l’ASN ;
  • 4 inspections dans le domaine du transport de substance radioactives ;

22 événements significatifs classés au niveau 1 sur l’échelle INES ou au niveau 2 sur l’échelle ASN-SFRO

  • 12 événements significatifs pour la sûreté classés au niveau 1 sur l’échelle INES déclarés par les exploitants de centrales nucléaires ;
  • 9 événements significatifs pour la radioprotection classés au niveau 1 sur l’échelle INES déclaré dans le domaine du nucléaire de proximité ;
  • 1 événement significatif concernant un patient en radiothérapie classé au niveau 2 sur l’échelle ASN-SFRO

Le contrôle des centrales nucléaires d’EDF (Blayais, Civaux, Golfech)

Centrale nucléaire du Blayais

Le site du Blayais abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département de la Gironde, à 50 km au nord de Bordeaux.

L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire du Blayais en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environnement rejoignent l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF. Toutefois, malgré cette évaluation, l’ASN considère que des actions d’amélioration devront être poursuivies pour renforcer les performances en matière de sûreté nucléaire.

Les performances de la centrale du Blayais ont été inégales au cours de l’année 2021. Dans le domaine de la conduite des réacteurs, le déploiement d’un plan d’action pour améliorer la qualité d’exploitation et la supervision des activités en salle de commande, dans la première moitié de l’année, s’est accompagné de performances satisfaisantes. Toutefois, une baisse des performances pendant l’été et en fin d’année 2021 s’est traduite par la déclaration de nombreux événements significatifs. Des défauts dans la qualité de la documentation opérationnelle persistent, pour préparer et réaliser certaines activités.

En revanche, dans le domaine de la maintenance, l’ASN note une bonne maîtrise des activités menées à l’occasion des arrêts de réacteur, ainsi qu’un traitement adapté des anomalies rencontrées.

Dans le domaine de la radioprotection des travailleurs, une inspection renforcée dans ce domaine en 2021 a mis en évidence que des améliorations restaient nécessaires, malgré des performances en amélioration en 2021. L’ASN constate encore en inspection de nombreux écarts dans la prise en compte de ce risque sur les installations, témoignant d’un défaut de culture de radioprotection de la part de certains intervenants. L’ASN relève également qu’un certain nombre d’événements détectés auraient dû faire l’objet d’une déclaration et d’une analyse plus approfondie pour éviter leur renouvellement.

Concernant la protection de l’environnement, l’ASN juge que la situation présente une amélioration significative sur différents sujets relevés depuis plusieurs années, tels que le traitement de pollutions anciennes des sols et des nappes souterraines captives du site ou le renforcement de l’étanchéité des canalisations de rejets liquides en Gironde.

Centrale nucléaire de Civaux

Le site de Civaux abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département de la Vienne, à 30 km au sud de Poitiers. Cette centrale nucléaire est constituée de 2 réacteurs à eau sous pression d'une puissance de 1450 MWe. Le réacteur 1 constitue l'installation nucléaire de base (INB) 158, le réacteur 2 l'INB 159.

L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Civaux en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection se distinguent favorablement par rapport à l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF, et que ses performances en matière de protection de l’environnement rejoignent cette appréciation générale.

Dans le domaine de la sûreté nucléaire, l’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Civaux sont restées stables en 2021. Les opérations de conduite sont globalement menées avec rigueur, la centrale est en capacité de prévenir, détecter et corriger les actions d’exploitation inappropriées.

En matière de maintenance, l’ASN considère que la réalisation des activités prévues au cours de l’arrêt pour maintenance et rechargement en combustible du réacteur 2, ainsi que la gestion des aléas rencontrés ont été satisfaisantes. Toutefois, des erreurs lors d’opérations de maintenance sur les générateurs de secours et sur des soupapes de sécurité ont engendré un retard significatif sur le programme d’activités, leur maîtrise devra être renforcée.

En matière de radioprotection, les résultats d’une inspection renforcée sur cette thématique ont conclu à une situation satisfaisante. L’ASN considère que la propreté radiologique des locaux constitue un point fort de la centrale nucléaire de Civaux. Néanmoins, en 2021, des défauts de purification du circuit primaire lors de la mise à l’arrêt du réacteur 2 ont eu un impact notable sur la dosimétrie collective reçue par les travailleurs.

Dans le domaine de la protection de l’environnement, l’ASN considère que la centrale nucléaire de Civaux a correctement géré les déchets radioactifs et effluents radiologiques en 2021. L’exploitant a défini une solution pérenne pour prévenir les écoulements et la dispersion dans l’environnement de substances liquides dangereuses. Toutefois des travaux de construction d’un bassin de confinement ultime restent à mener.

Centrale nucléaire de Golfech

Le site de Golfech abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département du Tarn-et-Garonne, à 40 km à l'ouest de Montauban. Cette centrale est constituée de deux réacteurs à eau sous pression d'une puissance de 1300 MWe. Le réacteur 1 constitue l'installation nucléaire de base (INB) 135, le réacteur 2 (INB) 142.

L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Golfech en matière de sûreté nucléaire sont en retrait par rapport à l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF. L’ASN considère que ses performances en matière de protection de l’environnement et de radioprotection rejoignent cette appréciation générale.

Dans le domaine de la sûreté nucléaire, le déploiement d’un « plan rigueur sûreté », depuis 2019, exprime l’engagement de la Direction à améliorer les performances du site. Néanmoins, les actions et efforts engagés dans ce cadre ne se traduisent pas encore par des résultats suffisants pour rétablir les performances de la centrale. Des manques de rigueur d’exploitation ou défauts de compétences se sont traduits par la déclaration de nombreux événements significatifs pour la sûreté, dont trois classés au niveau 1 de l’échelle INES.

Dans le domaine de la maintenance, les performances de la centrale nucléaire doivent être améliorées, notamment au regard des événements fortuits induits par la réalisation d’opérations au cours de l’arrêt du réacteur 2. L’ASN a constaté des améliorations en matière de détection des écarts et de traçabilité. Des écarts dans la réalisation d’opération sur des équipements de robinetterie et sur les groupes électrogènes de secours, notamment, ont révélé des fragilités de compétences et de maîtrise de certaines activités.

En matière de radioprotection des travailleurs, l’ASN considère que les efforts accomplis par le site en 2021 ont porté leurs fruits, notamment, au travers d’une amélioration du comportement des intervenants vis‑à‑vis des règles de radioprotection.

Dans le domaine de la protection de l’environnement, l’ASN considère que la centrale nucléaire de Golfech a obtenu des résultats satisfaisants pour la gestion des déchets et des effluents.

Phénomène de corrosion sous contrainte

Le 21 octobre 2021, à la suite de la réalisation de contrôles par ultrasons programmés lors de la deuxième visite décennale du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Civaux, EDF a informé l’ASN de la détection d’indications au niveau de soudures des coudes des tuyauteries d’injection de sécurité du circuit primaire principal du réacteur.

EDF poursuit actuellement ses études pour compléter ses connaissances sur le phénomène et développe de nouveaux moyens de contrôle, notamment par ultrason, permettant de mesurer la profondeur des fissures. EDF prévoit de contrôler l’ensemble de ses réacteurs avec ces nouveaux moyens.

L’ASN a engagé avec l’appui de l’IRSN l'instruction des éléments remis par EDF afin de s’assurer de la pertinence des analyses de sûreté transmises, du programme de travail proposé et des conditions de sa réalisation. Elle mène par ailleurs des inspections pour s’assurer des conditions de déclinaison de ce programme. Les groupes permanents d’experts pour les équipements sous pression nucléaires et réacteurs placés auprès de l’ASN sont associés à cette action.

Domaine médical

L’ASN considère, sur la base des inspections conduites en 2021, malgré l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le fonctionnement des services de santé, que l’état de la radioprotection, dans le domaine médical est comparable à celui des années 2019 et 2020, traduisant le fait que les services ont su s’adapter et maintenir un bon niveau de radioprotection. Aucune défaillance majeure n’a été détectée dans les domaines de la radioprotection des professionnels, des patients, de la population et de l’environnement.

Les fondamentaux de la radioprotection des patients comme des travailleurs sont globalement en place pour les activités de radiothérapie, de curiethérapie et de médecine nucléaire. Toutefois, la sensibilisation des personnels du bloc opératoire, utilisateurs non spécialistes des rayonnements ionisants, tels que les chirurgiens, reste nécessaire pour une meilleure perception des enjeux et appropriation des mesures de radioprotection dans ce secteur où, de surcroit, la mise en conformité des locaux se déploie trop lentement.   

Par ailleurs, la coordination des mesures de prévention lors d’interventions extérieures, en particulier celles des praticiens libéraux, doit être renforcée dans le domaine de la médecine nucléaire et des PIR.

Domaine industriel

Un grand nombre d’entreprises de Nouvelle Aquitaine et de la région ex-Midi-Pyrénées ont recours à des activités de radiographie industrielle qui présentent de forts enjeux de radioprotection. Au travers des inspections réalisées, l’ASN considère que la prise en compte des risques est contrastée, selon les entreprises. Des écarts récurrents ont été relevés en matière de signalisation des zones d’opération lors des chantiers, qui trouvent parfois comme origine le manque de préparation et de coordination entre le donneur d’ordre et l’entreprise de radiographie. L’ASN a adressé une lettre circulaire à l’ensemble de la profession lui demandant de renforcer sa vigilance sur ce point.

En savoir plus :


L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité administrative indépendante, assure, au nom de l’Etat, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour protéger les personnes et l’environnement. Elle informe le public et contribue à des choix de sociétés éclairés. Le rapport de l’ASN sur l’état de sûreté nucléaire et de radioprotection en France en 2021 est téléchargeable en ligne

Publié le 16/05/2022

La sûreté nucléaire et la radioprotection en France en 2021

En 2021, la sûreté des installations nucléaires ainsi que la radioprotection dans les secteurs médicaux, industriels et des transports de substances radioactives se sont maintenues à un niveau satisfaisant, en grande continuité par rapport au niveau constaté en 2020.
Ce qui ressort plus particulièrement de l’année 2021, et notamment de sa seconde partie, ce sont les fragilités industrielles qui touchent l’ensemble des installations nucléaires et le débat qui s’est installé sur les choix de politique énergétique et la place du nucléaire dans ces choix.

 

Contact presse :
Evangelia PETIT, cheffe du service presse - 01 46 16 41 42 -  evangelia.petit@asn.fr

Date de la dernière mise à jour : 21/06/2022