Région Auvergne-Rhône-Alpes : en 2021, le niveau de la sureté nucléaire et de la radioprotection reste globalement satisfaisant

Publié le 23/06/2022 à 10:30

Communiqué de presse

À l’occasion de la parution du Rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021, la division territoriale de Lyon de l’ASN présente les conclusions des actions de contrôle qu’elle a menées tout au long de l’année 2021 en région Auvergne-Rhône-Alpes.

L’activité de contrôle de l’ASN en 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes

 
328
inspections

  • 117 inspections dans les centrales nucléaires du Bugey, de Saint-Alban, de Cruas-Meysse et du Tricastin ;
  • 92 inspections dans les usines et les installations en démantèlement ;
  • 104 inspections dans le nucléaire de proximité ;
  • 15 inspections dans le domaine du transport de substances radioactives.

27 événements significatifs

  • 26 classés au niveau 1 de l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (INES), ont été déclarés à l’ASN dont 21 survenus dans les installations nucléaires de base (INB) et 5 dans le nucléaire de proximité ;
  • 1 a été classé au niveau 2 de l’échelle INES.

40 journées d’inspections du travail dans les 4 centrales nucléaires et sur le site de Creys-Malville.

Le contrôle des centrales nucléaires de production d’électricité exploitées par EDF (Bugey, Saint-Alban, Cruas-Meysse et Tricastin)

Centrale nucléaire du Bugey

La centrale nucléaire du Bugey, exploitée par EDF dans la commune de Saint‑Vulbas, dans le département de l’Ain, à 35 km à l’est de Lyon, est constituée de quatre réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 900 MWe chacun, mis en service en 1978 et 1979. Les réacteurs 2 et 3 constituent l’INB 78, les réacteurs 4 et 5 constituent l’INB 89.

L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire du Bugey en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environnement rejoignent l’appréciation générale des performances portée sur les centrales nucléaires d’EDF.

En matière de sûreté nucléaire, l’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire rejoignent dans l’ensemble l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF mais restent contrastées.

Sur le plan de la maintenance, dans un contexte industriel particulièrement chargé avec l’ intégration des modifications prévues pour le renforcement de la sûreté au cours des quatrièmes visites décennales des réacteurs 4 et 5, l’ASN a relevé des fragilités liées à la planification et à la préparation des activités de maintenance ainsi qu’à la mise à jour du référentiel documentaire. En revanche, la gestion des écarts de conformité s’est améliorée. L’ASN attend donc une consolidation de la maîtrise des arrêts en 2022 avec un volume d’activités à réaliser moins important que celui de 2021.

Centrale nucléaire de Saint-Alban

La centrale nucléaire de Saint Alban/Saint Maurice, exploitée par EDF dans le département de l’Isère, sur le territoire des communes de Saint‑Alban‑du‑Rhône et de Saint‑Maurice‑l’Exil à 40 km au sud de Lyon, est constituée de deux réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 1 300 MWe chacun, mis en service en 1986 et 1987. Le réacteur 1 constitue l’INB 119, le réacteur 2 l’INB 120

L’ASN estime que les performances de la centrale nucléaire de Saint‑Alban en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection se distinguent favorablement par rapport à l’appréciation générale des performances portée sur les centrales nucléaires d’EDF, et que ses performances en matière de protection de l’environnement rejoignent l’appréciation générale portée sur le parc.

En matière de radioprotection des travailleurs, bien que l’ASN considère que les résultats opérationnels ont été satisfaisants, un renforcement de la culture de radioprotection lors de la préparation des chantiers est attendu.

Centrale nucléaire de Cruas-Meysse

La centrale nucléaire de Cruas‑Meysse, mise en service entre 1984 et 1985 et exploitée par EDF dans le département de l’Ardèche sur le territoire des communes de Cruas et de Meysse, est constituée de quatre réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 900 MWe chacun. Les réacteurs 1 et 2 constituent l’INB 111, les réacteurs 3 et 4 constituent l’INB 112.

L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse en matière de sûreté nucléaire rejoignent l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF. Cependant, les performances de cette centrale en matière d’environnement et de radioprotection sont légèrement en retrait. 

S’agissant de sûreté nucléaire, l’ASN relève un positionnement satisfaisant et considère que les performances en matière de gestion du risque d’incendie sont en progrès.

Un événement de contamination d’un travailleur a été classé au niveau 2 de l’échelle INES en 2021, en raison du dépassement estimé de la limite de dose réglementaire à la peau.

Centrale nucléaire du Tricastin

Le site du Tricastin abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département de la Drôme, sur la commune de Saint -Paul-Trois-Châteaux.
Cette centrale nucléaire est constituée de 4 réacteurs à eau sous pression d'une puissance de 900 Mwe chacun.
Les réacteurs n°1 et 2 constituent l'installation nucléaire de base (INB) n° 87, les réacteurs n°3 et 4 constituent l'installation nucléaire de base (INB) n° 88.

L’ASN estime que les performances globales de la centrale nucléaire du Tricastin en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environnement rejoignent en 2021 l’appréciation générale des performances que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF.

En matière de sûreté nucléaire, l’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire sont en progrès depuis 2019.

L’ASN considère que la maîtrise des arrêts pour maintenance programmée et renouvellement partiel du combustible est rigoureuse, notamment la planification et la préparation des activités de maintenance. Les modifications prévues pour le renforcement de la sûreté au cours de la quatrième visite décennale du réacteur 2 ont été intégrées de façon satisfaisante.

Centrales nucléaires au-delà de 40 ans

 
Le quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe se traduit par des améliorations importantes de la sûreté, dont le déploiement mobilise toute la filière nucléaire. L’ASN considère que les quatrièmes visites décennales se déroulent de manière plutôt satisfaisante jusqu’à présent.

Quatre visites décennales ont eu lieu en 2021 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes sur la centrale du Bugey (réacteurs 2, 3 et 5) et sur la centrale de Tricastin (réacteur 2). L’ASN a mis en place un plan de contrôle renforcé pour les quatrièmes visites décennales en raison du nombre important de modifications prévues dans le cadre du 4ème réexamen périodique.

Une première enquête publique sur les dispositions prévues par EDF pour la poursuite de fonctionnement au-delà de 35 ans a eu lieu en 2022 sur Tricastin 1. Cette dernière a duré un mois dans un périmètre de 5 kilomètres autour de la centrale et avec une notification aux communes dans un rayon de 20 kilomètres. Cette première enquête publique a fait l’objet d’une participation importante du public, on recense 30 802 visiteurs et 1 834 contributions majoritairement dématérialisées. La commission d’enquête a émis en avril 2022 un avis favorable aux dispositions prévues par EDF. L’ASN prendra position sur le rapport de conclusion de réexamen et prescrira par décision les conditions de cette poursuite de fonctionnement.

Sur le même principe, une enquête publique sera également conduite sur la centrale du Bugey fin 2022-début 2023.

Autres installations nucléaires

Site Orano du Tricastin

La plate-forme nucléaire Orano Chimie Enrichissement du Tricastin est un site nucléaire spécialisé dans la conversion et l’enrichissement de l’uranium.

À l’issue des inspections qu’elle a conduites en 2021, l’ASN considère que le niveau de sûreté des installations du site Orano du Tricastin est en progrès. L’année 2021 a été marquée par le changement d’exploitant prévu par le projet PEARL, l’exploitant unique de la plateforme Orano Cycle devenant Orano Chimie‑Enrichissement au 1er janvier 2021. L’usine de fluoration de l’uranium (Philippe Coste) a trouvé un régime de fonctionnement plus stabilisé en 2021. L’ASN a mis à jour les prescriptions de l’usine Philippe Coste et suivi la poursuite du démarrage des fonctions supports de cette usine. Le nouvel atelier de traitement de déchets Trident de l’INB 138 a également démarré progressivement en 2021. La construction de la nouvelle installation d’entreposage d’uranium de retraitement, dénommée FLEUR, a débuté en parallèle de l’instruction de son autorisation. Enfin, l’ASN a poursuivi l’instruction de la demande d’autorisation de création du futur atelier de maintenance des conteneurs (AMC2). Il prendra le relai de l’atelier existant AMC

L’ASN veille en 2022 à ce qu’Orano améliore son organisation pour analyser la conformité des installations aux textes réglementaires, et progresse encore dans le suivi des engagements pris envers l’ASN.

Usines Framatome de fabrication de combustibles nucléaires de Romans-sur-Isère

Sur son site de Romans‑sur‑Isère dans la Drôme (26), la société Framatome exploite l’INB 63-U, dénommée « Usine de fabrication de combustibles nucléaires » issue de la réunion de deux INB, l’unité de fabrication d’éléments combustibles pour les réacteurs de recherche (ex‑INB 63) et l’unité de fabrication de combustibles nucléaires destinés aux REP (ex‑INB 98).

En 2021, la construction de la NZU (nouvelle zone d’uranium) s’est poursuivie, notamment avec la fabrication et la mise en place des nouveaux équipements ainsi que des premiers essais d’exploitation. L’ASN instruit la mise à jour du rapport de sûreté et les nouvelles règles générales d’exploitation.

En 2021, 6 événements significatifs relatifs à la maîtrise du risque de criticité ont été déclarés au niveau 1 de l’échelle INES par Framatome. Les inspections réalisées en 2021 ont permis de vérifier la bonne tenue des installations lors des travaux d’été et le respect des engagements pris, notamment sur la maîtrise de la maintenance.

En 2022, l’ASN est attentive à l’avancement du chantier NZU ainsi qu’au maintien de la rigueur d’exploitation et au déploiement d’une bonne attitude interrogative. Par ailleurs, les règles de gestion des déchets doivent continuer à être déployées et rappelées dans les différentes installations du site.

Réacteur à haut flux (RHF)

L'ILL (Institut Laüe Langevin), organisme de recherche internationale, abrite un réacteur à haut flux neutronique (RHF) de 58 MW, à eau lourde, qui produit des faisceaux de neutrons thermiques très intenses destinés à la recherche fondamentale, notamment dans les domaines de la physique du solide, de la physique neutronique et de la biologie moléculaire. Le RHF constitue l'INB 67 et accueille sur son périmètre l'EMBL (European Molecular Biology), laboratoire de recherche internationale en biologie.

L’ASN considère que le management de la sûreté du réacteur à haut flux en 2021 est satisfaisant. L’ILL a confirmé les améliorations notées depuis 2019 en matière de respect des exigences relatives à la protection des personnes et de l’environnement. L’ILL réalise des améliorations de sûreté prévues dans le cadre du réexamen périodique.

 

Réacteur Superphénix

Implanté en bordure du Rhône, sur la commune de Creys-Mépieu, dans l'Isère, « Superphénix » est un réacteur à neutrons rapides d'une puissance de 1 200 MWe, refroidi par du sodium liquide. Le réacteur et ses équipements associés constituent l'INB 91.

Atelier pour l'entreposage du combustible de Creys-Malville

Implanté en bordure du Rhône, sur la commune de Creys-Mépieu, dans l'Isère, l’Atelier pour l’Entreposage du Combustible (APEC), comprend un bâtiment d’entreposage en eau (piscine) et un bâtiment d’entreposage à sec. Les assemblages combustibles usagés déchargés du coeur du réacteur de l’INB 91 sont entreposés en piscine, de même que les assemblages combustibles neufs. L'atelier constitue l'installation nucléaire de base (INB) n° 141.

L’ASN considère que la sûreté des opérations de démantèlement du réacteur Superphénix et de fonctionnement de l’APEC est globalement satisfaisante. Néanmoins, en 2022, l’ASN porte une attention particulière à l’amélioration de l’organisation de crise du site ainsi qu’à la gestion des écarts, jugée non satisfaisante au cours de plusieurs inspections en 2021.

Phénomène de corrosion sous contrainte

 
Le 21 octobre 2021, à la suite de la réalisation de contrôles par ultrasons programmés lors de la deuxième visite décennale du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Civaux, EDF a informé l’ASN de la détection d’indications au niveau de soudures des coudes des tuyauteries d’injection de sécurité du circuit primaire principal du réacteur.

EDF poursuit actuellement ses études pour compléter ses connaissances sur le phénomène et développe de nouveaux moyens de contrôle, notamment par ultrason, permettant de mesurer la profondeur des fissures. EDF prévoit de contrôler l’ensemble de ses réacteurs avec ces nouveaux moyens. En Auvergne-Rhône-Alpes, les réacteurs 3 et 4 de Bugey sont actuellement soumis à des contrôles approfondis ainsi que le réacteur 3 de Tricastin dans le cadre de sa quatrième visite décennale.

L’ASN a engagé avec l’appui de l’IRSN l'instruction des éléments remis par EDF afin de s’assurer de la pertinence des analyses de sûreté transmises, du programme de travail proposé et des conditions de sa réalisation. Elle mène par ailleurs des inspections pour s’assurer des conditions de déclinaison de ce programme. Les groupes permanents d’experts pour les équipements sous pression nucléaires et réacteurs placés auprès de l’ASN sont associés à cette action.

Domaine médical

L’ASN considère, sur la base des inspections conduites en 2021, malgré l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le fonctionnement des services de santé, que l’état de la radioprotection, dans le domaine médical est comparable à celui des années 2019 et 2020, traduisant le fait que les services ont su s’adapter et maintenir un bon niveau de radioprotection. Ainsi, aucune défaillance majeure n’a été détectée dans les domaines de la radioprotection des professionnels, des patients, de la population et de l’environnement.

Toutefois, du fait de l’impact de la pandémie, des retards dans la réalisation des vérifications techniques de radioprotection pour les pratiques interventionnelles radioguidées (PIR) ont été constatés, conduisant à un non-respect des fréquences réglementaires de ces contrôles, qui visent à assurer la radioprotection des travailleurs.

Par ailleurs, la coordination des mesures de prévention lors d’interventions extérieures, en particulier celles des praticiens libéraux, doit être renforcée dans le domaine de la médecine nucléaire et des PIR.

Enfin, la sensibilisation des personnels du bloc opératoire, utilisateurs non spécialistes des rayonnements ionisants, tels que les chirurgiens, reste nécessaire pour une meilleure perception des enjeux et appropriation des mesures de radioprotection dans ce secteur où, de surcroit, la mise en conformité des locaux se déploie trop lentement.  

Le 7 mars 2022, l’ASN a mis en demeure l’Université Clermont Auvergne de régulariser sa situation administrative relative à la détention de sources radioactives et de déchets radioactifs, de se conformer aux dispositions applicables en matière de reprise de sources scellées périmées, de gérer les déchets radioactifs dans une filière autorisée et de transmettre des demandes de cessation de ses activités nucléaires historiques. L’ASN contrôlera les dispositions qui seront prises par l’exploitant afin de se conformer à cette mise en demeure.

En savoir plus :


L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité administrative indépendante, assure, au nom de l’Etat, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour protéger les personnes et l’environnement. Elle informe le public et contribue à des choix de sociétés éclairés. Le rapport de l’ASN sur l’état de sûreté nucléaire et de radioprotection en France en 2021 est téléchargeable en ligne

Publié le 16/05/2022

La sûreté nucléaire et la radioprotection en France en 2021

En 2021, la sûreté des installations nucléaires ainsi que la radioprotection dans les secteurs médicaux, industriels et des transports de substances radioactives se sont maintenues à un niveau satisfaisant, en grande continuité par rapport au niveau constaté en 2020.
Ce qui ressort plus particulièrement de l’année 2021, et notamment de sa seconde partie, ce sont les fragilités industrielles qui touchent l’ensemble des installations nucléaires et le débat qui s’est installé sur les choix de politique énergétique et la place du nucléaire dans ces choix.

 

Contact presse :
Evangelia PETIT, cheffe du service presse - 01 46 16 41 42 -  evangelia.petit@asn.fr

Date de la dernière mise à jour : 26/07/2022