Bugey : l’ASN met en demeure EDF de se conformer aux dispositions applicables aux réacteurs 2, 4 et 5 après leur 4ème visite décennale, relatives à la limitation du risque de percement du radier du bâtiment du réacteur en cas d’accident grave
Note d'information
Le 3 août 2022, l’ASN a mis en demeure EDF de se conformer aux dispositions applicables du rapport de sûreté des réacteurs 2, 4 et 5 de la centrale nucléaire du Bugey, relatives à la limitation du risque de percement du radier du bâtiment du réacteur en cas d’accident grave.
La décision n° 2021-DC-0706 de l’ASN du 23 février 2021 fixe les prescriptions applicables aux réacteurs de 900 MWe au vu des conclusions de la phase générique de leur 4ème réexamen périodique. Elle prescrit notamment la mise en œuvre de dispositifs techniques de maintien à sec du puits de cuve, d’étalement du corium sur le fond du puits de cuve et du local adjacent et de renoyage passif du corium par l’eau, visant à éviter le percement du radier en cas de fusion du cœur. Pour les réacteurs 2, 4 et 5 de la centrale nucléaire du Bugey, les échéances fixées pour la mise en œuvre de ces dispositifs étaient respectivement le 27 avril 2021, le 21 décembre 2021 et le 15 juin 2022. Ils ont bien été mis en œuvre lors des 4èmes visites décennales de ces réacteurs et intégrés à leur rapport de sûreté.
Lors de la mise à l’arrêt du réacteur 2 de la centrale nucléaire du Bugey en février 2022, après un cycle de fonctionnement avec le dispositif de maintien à sec du puits de cuve en place, EDF a identifié des dégradations d’un joint de ce dispositif, qui ont fait l’objet d’une inspection de l’ASN le 3 mars 2022. Lors de la mise à l’arrêt du réacteur 4 de la centrale nucléaire du Bugey en avril 2022, après plusieurs mois de fonctionnement avec le dispositif de maintien à sec du puits de cuve en place, EDF a identifié des dégradations similaires sur le joint équipant le réacteur 4. Ces dégradations sont de nature à remettre en cause l’objectif de maintien à sec du puits de cuve.
EDF a transmis à l’ASN des éléments techniques visant à évaluer l’impact d’une présence d’eau dans le fond du puits de cuve, résultant des dégradations observées sur les joints des réacteurs 2 et 4, sur l’étalement du corium et sur le renoyage passif de celui-ci, et plus globalement sur l’objectif de prévention du percement du radier en cas de fusion du cœur. Les études transmises par EDF démontrent l’absence de remise en cause de l’objectif de prévention du percement du radier, ce qui a conduit l’ASN à considérer qu’un traitement de l’écart sous deux ans est adapté. En particulier, l’ASN a autorisé le redémarrage des réacteurs 2 et 5[1], le réacteur 5 ayant été équipé d’un dispositif identique au cours de sa 4ème visite décennale, qui a pris fin en juin 2022.
Considérant la nécessité d’améliorer la conception du dispositif de maintien à sec du puits de cuve des réacteurs de la centrale nucléaire du Bugey[2] pour se conformer aux dispositions des rapports de sûreté et de la décision de l’ASN du 23 février 2021 ainsi que l’importance pour la sûreté de ce dispositif, l’ASN a décidé de prescrire les délais de remise en conformité des réacteurs 2, 4 et 5 de la centrale nucléaire du Bugey. Le réacteur 3 fera l’objet de sa 4ème visite décennale au 2ème semestre 2023 et le dispositif amélioré sera installé à cette occasion.
L’ASN contrôlera qu’EDF prend les mesures nécessaires pour se conformer à cette mise en demeure.
[1] Le réacteur 4 de la centrale nucléaire du Bugey est actuellement à l’arrêt depuis avril 2022, son redémarrage est actuellement prévu en septembre 2022.
[2] Ce dispositif est spécifique aux réacteurs de la centrale nucléaire du Bugey, les autres réacteurs de 900 MWe ne sont ainsi pas affectés par ces dégradations.
Date de la dernière mise à jour : 04/08/2022