Lettre d’information de l'EPR n°14 : les actions de l’ASN pour le contrôle du chantier de construction du réacteur EPR de Flamanville
Communiqué de presse
Au second semestre 2012, l’ASN a poursuivi au cours de plusieurs inspections le contrôle du chantier de construction du réacteur EPR Flamanville 3 et des différentes fabrications à destination de celui-ci. Les points marquants de ces derniers mois sont détaillés ci-après.
Mise en eau et aménagement du chenal d’alimentation de la station de pompage
Le chenal d’alimentation en eau de mer des stations de pompage[1] des deux réacteurs en fonctionnement nécessitait d’être prolongé afin de permettre l’alimentation de la station de pompage du réacteur EPR, dont le génie civil (gros œuvre) est aujourd’hui terminé. Les travaux de prolongement du chenal comportent trois étapes :
- l’édification d’un nouveau barrage fermant le chenal d’amenée au-delà de la plateforme du réacteur EPR. Cette première étape s’est déroulée d’avril à novembre 2012 ;
- la mise en eau de la portion de chenal située devant la station de pompage du réacteur EPR. Cette seconde étape a eu lieu le 29 novembre 2012 ;
- le retrait complet du barrage situé entre le réacteur 2 et le réacteur EPR, qui a débuté le 10 décembre 2012.
Lors de la préparation de ces opérations comme lors de leur réalisation, l’ASN est particulièrement attentive au maintien de la sûreté des réacteurs 1 et 2 de Flamanville, qui doit être garanti par EDF. Une inspection inopinée a ainsi été réalisée le 10 décembre 2012, jour de l’ouverture de la brèche au sein du barrage à retirer ; cette action de contrôle a permis de vérifier les dispositions techniques et organisationnelles retenues par EDF pour réaliser ces opérations. En particulier, le retrait du barrage lors de cette troisième étape entraîne la dispersion, dans l’eau du chenal, de matières en suspensions (sables, terres, etc.) provenant de l’ouvrage. EDF doit limiter la dispersion de ces matières, afin de réduire leur impact sur les réacteurs en fonctionnement. L’exploitant doit en particulier éviter un dysfonctionnement des systèmes de filtration de l’eau de refroidissement des réacteurs. Les mesures retenues par EDF ont été inspectées par l’ASN et ont été jugées satisfaisantes.
L’ASN reste attentive au bon déroulement de cette étape du chantier, qui va nécessiter l’utilisation d’engins lourds pour atteindre la cote finale du fond du chenal.
Fabrication des consoles du pont polaire
Lors de l’inspection du 14 décembre 2011 sur le chantier de Flamanville 3, l’ASN a été informée d’un certain nombre d’écarts survenus lors de la fabrication des consoles du pont polaire[2]. Des défauts au niveau des soudures de ces consoles ont été découverts en usine par EDF avant leur mise en peinture, puis, à Flamanville, à l’occasion de contrôles complémentaires. L’ASN a demandé à EDF de contrôler un plus grand nombre de consoles afin d’identifier l’étendue des défauts. Ces contrôles supplémentaires ayant démontré la présence de défauts sur un grand nombre de consoles, EDF a décidé de les remplacer intégralement et de faire fabriquer à nouveau l’ensemble des consoles du pont polaire. A la demande de l’ASN, EDF a présenté à l’ASN et son appui technique, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, les actions engagées pour comprendre l’origine de ces nombreuses anomalies et prévenir la présence de défauts identiques sur d’autres composants destinés au réacteur de Flamanville 3.
Le 10 octobre 2012, l’ASN a effectué une inspection pour vérifier que la mise en œuvre par EDF des actions prévues pour prévenir les défauts du même type sur les nouvelles consoles se déroulait dans de bonnes conditions. Les inspecteurs ont aussi examiné les actions engagées par EDF pour analyser si d’autres équipements destinés à Flamanville 3 présentaient des défauts similaires. L’analyse ayant effectivement révélé des défauts sur certains équipements (notamment sur plusieurs ponts de manutention ou leurs chariots), EDF a retourné en usine certains des équipements concernés pour qu’ils soient réparés et a traité les autres équipements sur place.
Fin janvier 2013, EDF a terminé l’installation, sur le bâtiment réacteur, de l’ensemble des nouvelles consoles.
Réparation du couvercle de la cuve
Depuis fin 2010, AREVA NP a engagé un processus de réparation d’écarts sur le couvercle de la cuve du réacteur EPR de Flamanville. Ces réparations consistent à éliminer puis exécuter à nouveau la totalité des soudures et beurrages de tous les adaptateurs du couvercle[3].
Lors du deuxième semestre 2012, AREVA NP a terminé la phase d’élimination des soudures et beurrages et a procédé à un contrôle complet de l’état du métal de base du couvercle. L’ASN a réalisé en décembre 2012 une inspection de ces opérations de contrôle et a procédé en janvier 2013 à l’examen complet des résultats de ces opérations. Aucune indication non conforme n’ayant été relevée, l’ASN a autorisé le lancement de la deuxième phase des opérations de remise en conformité du couvercle, qui consiste à réaliser de nouveaux beurrages et soudures sur le couvercle.
A la demande de l’ASN, AREVA NP a apporté des améliorations aux procédés de fabrication du couvercle de cuve, ainsi qu’aux procédés de contrôle de fabrication qui avaient été initialement mis en œuvre. Ces améliorations concernent les modes opératoires de soudage des adaptateurs et l’étendue des contrôles réalisés sur les soudures. L’ASN a mandaté le Groupe APAVE, organisme agréé par l’ASN pour le contrôle des équipements sous pression, pour surveiller les phases de réparation du couvercle, qui feront en outre l’objet d’inspections de l’ASN. Au terme de ces réparations, le couvercle de cuve sera soumis à une vérification finale et à un test de résistance à la pression.
Identification des exigences associées au montage des équipements sous pression de la chaudière nucléaire
En complément du contrôle régulier exercé par l’ASN sur EDF, l’ASN examine également les mesures prises par AREVA NP, fabricant de la chaudière nucléaire, pour prévenir les risques d’endommagement des équipements, qui peuvent survenir lors de leur acheminement jusqu’au site de Flamanville et lors de leur montage. L’ASN poursuit ainsi l’examen de la documentation nécessaire pour autoriser les opérations de montage sur site des équipements de la chaudière nucléaire. L’ASN examine aussi, en lien avec les organismes chargés de l’évaluation de la conformité des équipements, les mesures de surveillance qui doivent être mises en œuvre lors des opérations de montage sur site.
En décembre 2012, les premières opérations de montage d’ensembles constitutifs de la chaudière nucléaire, notamment la mise en place de certaines traversées des enceintes en béton, ont été autorisées par l’ASN sur le site de Flamanville. L’ASN a réalisé en janvier 2013 une inspection de ces opérations, qui a permis de vérifier le respect des modalités de réalisation qui avaient été préalablement validées par l’ASN.
Pour en savoir plus :
|
[1] Les stations de pompage prélèvent de l’eau de mer pour refroidir une partie des circuits.
[2] Le pont polaire est un pont de manutention situé sous le dôme du bâtiment réacteur. Il repose sur des consoles métalliques fixées à la structure du bâtiment réacteur. Il permet la manutention de charges lourdes au dessus du réacteur ; il fait donc l’objet de contrôles approfondis.
[3] Voir la note d’information publiée par l’ASN le 19 octobre 2011 ("L’ASN contrôle la remise en conformité par AREVA NP du couvercle destiné à la cuve de l’EPR de Flamanville ») et la Lettre de l’EPR n°12 (octobre 2012).
Date de la dernière mise à jour : 02/06/2017