Gestion inappropriée de matières radioactives par un service de médecine nucléaire

Cet événement est constitué par la reprise, dans des conditions inappropriées, d’un filtre de traitement des effluents atmosphériques d’une enceinte blindée par l’entreprise de maintenance STCF lors de son intervention du 25 mai 2022, ainsi que par des manquements liés au contrôle et aux conditions de transport de cet équipement potentiellement contaminé. Cette situation est contraire au principe préconisé réglementairement et retenu par l’établissement de mise en décroissance radioactive (diminution naturelle de la radioactivité) sur place avant élimination en tant que déchet non radioactif.

Cette pratique de gestion des déchets par décroissance, usuelle dans les services de médecine nucléaire, conduit en effet à gérer les déchets contaminés par des radionucléides de demi-vie inférieure à 100 jours dans les installations du détenteur, ce qui permet de limiter les manipulations et les transports. Les conditions d’entreposage sur place induisent en outre une meilleure maîtrise des expositions pour les travailleurs tout en évitant une exposition du public.

Les radioéléments utilisés par le service de médecine nucléaire ont des durées de vie très courtes (quelques heures). L’impact induit par leur présence dans le filtre est désormais extrêmement faible. En tout état de cause, aucune conséquence pour les travailleurs n’a été identifiée.

Au regard de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité), l’Institut Jean Godinot avait proposé de classer cet événement au niveau 0. Après analyse des éléments déclarés, l’ASN a décidé le reclassement de cet événement au niveau 1 de l’échelle INES dans la mesure où la défaillance du contrôle des matières radioactives est révélatrice d’un défaut de culture de sûreté.

Les premières mesures mises en place par l’établissement ont consisté à rappeler à tous les intervenants extérieurs que les pièces potentiellement contaminés sont gérées par la radiopharmacie de l’institut, et à rappeler la nécessité de faire le point après chaque intervention avec le responsable de l’unité avant de quitter les lieux.

Une analyse en profondeur de cet événement doit être menée. Elle fera l’objet d’un compte rendu qui devra être transmis à l’ASN. Les mesures correctives les plus adaptées devront y être décrites.

L’ASN souligne la nécessité de connaître et de maîtriser à chaque instant la situation des déchets potentiellement contaminés et l’importance d’un suivi effectué par les établissements.