Perte de sources radioactives issues de paratonnerres sur l’hippodrome de Longchamp à Paris (75), 16e arrondissement
Le 19 janvier 2016, l’ASN a été informée par l’association l’INAPARAD (Inventaire NAtional des PAratonnerres RADioactifs) de la présence de onze paratonnerres radioactifs sur les bâtiments de l’hippodrome de Longchamp à Paris et de leur possible dégradation compte tenu des travaux de démolition actuellement menés sur l’hippodrome.
Elle a immédiatement pris contact avec la société France Galop, gestionnaire du site et maître d’ouvrage, et la société Bouygues, en charge des travaux de démolition, qui ont arrêté et mis en sécurité le chantier. L’ASN s’est rendue sur site le 28 janvier 2016 avec l’appui technique de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
La visite a permis de confirmer la perte des sources radioactives de deux paratonnerres sur les onze paratonnerres radioactifs que comptait le site. Six paratonnerres ont été retrouvés et évacués par une société spécialisée dans la dépose et la prise en charge de ces pièces. Les trois autres paratonnerres, encore en place sur des tribunes non démolies, ont été déposés et pris en charge le 29 janvier 2016.
Les mesures réalisées par l’IRSN sur différentes zones ont révélé la présence de traces de contamination sur une pelle mécanique, ainsi qu’en deux points d’une zone remblayée.
La société Bouygues a mandaté une société spécialisée pour réaliser des recherches et une cartographie détaillée des zones contaminées. Certains éléments des deux paratonnerres radioactifs manquants ont été retrouvés et l’absence de risque radiologique en dehors du site a été confirmée.
Le redémarrage des travaux de démolition dans des conditions de radioprotection satisfaisantes pour les travailleurs a eu lieu début février. L’ensemble des intervenants sur le chantier a reçu une information relative à la radioprotection. Les filières d’élimination des déchets générés par le chantier ont été informées de l’éventuelle présence d’éléments radioactifs. Ces filières disposent de portique de détection de la radioactivité à l’entrée de leur site.
Une surveillance médicale a été organisée par la médecine du travail pour toutes les personnes susceptibles d’avoir été exposées aux sources radioactives. Les examens pratiqués à ce jour n’ont révélé aucune contamination des travailleurs.
L’ASN reste vigilante sur les travaux de recherche des éléments radioactifs et les dispositions mises en œuvre sur le site de Longchamp pour assurer la radioprotection des travailleurs, du public et de l’environnement.
France Galop s’est par ailleurs engagée à mener un recensement de l’ensemble des paratonnerres radioactifs équipant ses hippodromes.
Compte tenu de la perte de sources de radium 226 d’une activité estimée à 37 MBq, l’ASN classe provisoirement cet événement au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).
La présence de sources radioactives dans les anciens paratonnerres, en ionisant l’air dans son voisinage, était destinée à augmenter la probabilité d’amorçage électrique et le rayon de protection par rapport à une pointe métallique simple. La fabrication, la commercialisation et l’importation de ce type de paratonnerres sont interdites depuis le 1er janvier 1987. Néanmoins, des anciens paratonnerres radioactifs sont régulièrement déposés par des sociétés spécialisées à l’occasion d’opérations de remplacement.
A l’heure actuelle, on estime entre 25 000 et 30 000 le nombre de paratonnerres radioactifs qui seraient encore présents, en France, sur le toit d’édifices. Près de 10 000 ont déjà fait l’objet d’une dépose et d’une reprise par l’ANDRA. Le rythme annuel de dépose est d’environ 450 par an.
L’ASN souhaite le retrait des paratonnerres radioactifs existants compte tenu des risques qu’ils peuvent présenter notamment en fonction de leur dégradation. Elle sensibilise depuis plusieurs années les professionnels pour s’assurer que le retrait de ces objets se fasse en garantissant le respect de la radioprotection des travailleurs et du public. L’ASN a renforcé cette action en rappelant leurs obligations aux professionnels concernés, notamment celle de disposer d’une autorisation de l’ASN pour l’activité de dépose et d’entreposage des paratonnerres, en application des articles L. 1333-1, L. 1333-4, R. 1333-17 du code de la santé publique. Des actions de contrôle sur le terrain vis-à-vis des sociétés impliquées dans la reprise de ces objets sont menées par l’ASN. Ces actions ont été renforcées en 2015 avec des inspections inopinées sur les chantiers de dépose.
En savoir plus
Des informations complémentaires sur les paratonnerres radioactifs sont disponibles sur www.andra.fr et le site de l’association Inaparad www.paratonnerres-radioactifs.com.
Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021
Classement de l’incident (INES)
Niveau 1
Anomalie