Incident lié à l’utilisation d’un gammagraphe
L’ASN a été informée par la société Applus RTD - CTS d’un incident survenu dans la soirée du mercredi 13 juin 2012 au cours d’un contrôle de soudure effectuée au sein de la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer (13).
L’appareil utilisé, un gammagraphe de type GAM 80, contenait une source radioactive d’Iridium 192 de 2 Téra becquerels qui n’a pas pu être remise dans sa position de sécurité à l’intérieur de l’appareil, se trouvant bloquée dans la gaine d’éjection.
Les opérateurs ont alors établi un périmètre de sécurité de façon à prévenir tout risque d’exposition anormale d’autres travailleurs. Dès le lendemain, l’ASN s’est rendue sur place afin de contrôler la bonne mise en place de ce périmètre et de s’assurer des conditions de surveillance de la zone. L’installation de protections plombées autour de la source a permis de réduire le périmètre de sécurité sans gêne pour le fonctionnement et la sécurité de la raffinerie.
L’ASN a réalisé une inspection le 20 juin 2012 et a demandé que soient définies, avec l’appui d’entreprises spécialisées, les mesures nécessaires à la récupération en toute sécurité de la source. La lettre de suite de cette inspection est disponible sur le site Internet de l’ASN.
Lors de l’inspection, il est apparu que l’opérateur a dans un premier temps tenté d’effectuer différentes interventions en vue de débloquer la source avant de mettre en œuvre les dispositions prévues en cas d’incident. Ces interventions manuelles l’ont conduit à une exposition à des débits de doses importants, notamment au niveau de ses mains. Le dosimètre réglementaire et obligatoire porté par l’opérateur a révélé une dose « corps entier » de 5,2 millisievert (mSv), inférieure à la limite fixée par la réglementation (20 mSv). En revanche, l’évaluation complémentaire menée par l’IRSN à la demande de l’ASN, montre une exposition de ses mains de l’ordre de 500 mSv, soit en une seule exposition la limite annuelle réglementaire d’exposition des extrémités. Ce niveau de dose n’est pas susceptible de donner lieu à l’apparition d’effets déterministes pour l’opérateur.
La société Applus RTD - CTS a recherché des moyens robotisés d’intervention et a proposé à l’ASN un protocole d’intervention en vue d’évacuer l’appareil et la source radioactive des unités de production de la raffinerie. L’intervention, qui a fait l’objet d’un examen technique et d’une autorisation de l’ASN préalablement à sa réalisation, a été menée avec succès le 03 juillet 2012. Les doses reçues par les opérateurs lors de l’intervention (au maximum 0,006 mSv) se sont révélées inférieures aux estimations dosimétriques prévisionnelles et largement inférieures aux limites réglementaires.
Cet événement n’a engendré aucune exposition pour le public. L’ASN a classé cet événement au niveau 2 de l’échelle INES, qui en compte 8 gradués de 0 à 7 par ordre croissant de gravité, en raison des pratiques observées contraires aux règles de radioprotection et de la dose reçue par les mains de l’opérateur.
Les activités de radiologie industrielle sont des activités à fort enjeu de radioprotection pour les travailleurs et constituent une priorité d’inspection pour l’ASN, avec plus de 100 inspections réalisées par an dans ce domaine, y compris des inspections inopinées, de nuit sur chantiers.
L’ASN considère qu’il s’agit d’un incident sérieux et estime préoccupante l’augmentation du nombre d’incidents qui révèle le manque de culture de radioprotection et de prise en compte des risques par les opérateurs. Bien que la réglementation soit globalement respectée et plus exigeante que les standards internationaux, elle estime que des améliorations doivent être apportées à la préparation des chantiers et à la gestion des incidents en impliquant davantage les donneurs d’ordre, notamment en pétrochimie, et envisage des renforcements réglementaires en la matière.
Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021
Classement de l’incident (INES)
Niveau 2
Incident