Mise en service et utilisation de la cuve du réacteur EPR

Je trouve hallucinant qu'avec la batterie d'experts dont dispose l'ASN, cette dernière recueille l'avis d'un public non au fait du sujet (pro ou anti) quant à une décision d'une telle importance.

Je considère cela comme un déni de responsabilité et ne fait que renforcer mes réticences à l'encontre du "nouveau nucléaire Français" qui tente de masquer l'incompétence générale par un tas de procédures dont une grande partie inefficace et ceci dans un souci de communication afin de tenter d'aveugler le grand public..



En conséquence , mon avis est négatif, la barre avait été fixé, elle n'est pas atteinte : point barre et pas de dérogation.

Quand on est sérieux on fixe des objectifs et on se doit de les atteindre.

Rien ne sert de fixer un objectif élevé et s'il n'est pas atteint de descendre l'exigence .

Stop à la mascarade.

La décision de 2018 de l'ASN autorisait l'utilisation du couvercle actuel de la cuve pendant 4 ans. Pour un démarrage en 2019, cela faisait donc 2023. Le démarrage ayant été retardé, cela fait sens d'autoriser un démarrage avec le couvercle actuel pour un cycle complet de combustible, d'autant plus que l'ASN indique également que, pour la sécurité, il est préférable de réaliser un cycle complet plutôt que d'arrêter le réacteur en plein cycle.



Cette autorisation de report du changement de couvercle est nécessaire pour permettre de tester et roder le réacteur pendant un cycle complet, sans obérer la sécurité

Le projet de décision est logique : la décision initiale était de fonctionner un cycle avec le couvercle actuel. Le projet de décision vise à adapter cette décision au planning actuel, rien de plus.



La consultation du grand public sur un dossier aussi technique interroge réellement. C'est quoi le but du jeu ?



L'obstruction de l'industrie nucléaire en ajoutant une étape réglementaire de plus, complètement arbitraire puisqu'il s'agit de consulter un public qui n'a, sauf exception, pas les compétences et les informations pour juger correctement le dossier ?



On marche sur la tête.

Si je comprends bien, le propos (« Décision n° 2023-DC-0xx de l’Autorité de sûreté nucléaire du xxx modifiant la décision n° 2018-DC-0643 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 9 octobre 2018 autorisant la mise en service et l’utilisation de la cuve du réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville (INB n° 167)) » est d’autoriser la mise en route d’un réacteur non-conforme, donc potentiellement dangereux, pour quelques mois jusqu’à sa « réparation » (point 1) ?

- en ce qui concerne le couvercle, son remplacement ne sera t-il pas rendu très compliqué, s’agissant de matériaux alors irradiés (déchets supplémentaires, risques pour les personnels…) point 3 ? Ne vaudrait-il pas mieux attendre la livraison dudit couvercle pour son remplacement en secteur non-irradié (point 5) ?

- dans les documents fournis, Framatome reconnaît sa légèreté en matière d’expertise :

« Au cours de leur fabrication par forgeage, l’usine Creusot Forge, appartenant aujourd’hui à Framatome, n’a pas suffisamment éliminé une zone qui contient naturellement un excès de carbone (en rouge sur les schémas ci-dessous). Cette zone se retrouve donc au centre des pièces finales. »

« La démarche proposée par le fabriquant a été considérée comme appropriée par le groupe permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaires (GP ESPN) – constitué auprès du directeur général de l’ASN – dans un avis du 30 septembre 2015. Elle a ensuite été acceptée par l’ASN dans un courrier CODEP-DEP-2015-043888 du 14 décembre 2015, précisant toutefois que les calottes ne respectaient pas l’exigence de qualification technique réglementaire de l’arrêté ESPN »

Ces pièces seraient donc non-conformes MAIS acceptées du bout du stylo? Cela est fort rassurant !

Il n’est fait aucune mention, sauf pour l’éliminer (*) dans la demande en cours, du fond de cuve, lui aussi non-conforme, est-ce parce qu’il n’est pas « changeable » par sa position sans désosser toute l’installation (*) ? Ou ne sait-on pas quelle forme il devrait prendre pour régler ces problèmes de flux ? Quel retour d’expérience de Taishan ? Quels esssais ? Ou bien les délais de conception-réalisation sont-ils incompatibles avec le calendrier (*)?



Vous demandez un avis, je n’ai que des questions : cela ressemble finalement à une marche forcée pour tenir un calendrier déjà obsolète, au prix de surcoûts déjà explosés (*), sans aucune garantie que cette installation fonctionne ensuite dans de bonnes conditions techniques, donc énergétiques et sécuritaires.

Devant cette montagne de doutes et imprécisions, il serait aventureux/ruineux/dangereux de poursuivre cette aventure mal-née, mal-construite, mal-réparée(?) : l’autorisation purement technique devra être refusée, au prix possible de l’abandon du chantier, si l’ASN revendique pleinement son indépendance statutaire et menacée. Sinon, la décision serait politique, donc déjà écrite…

Bien cordialement, salutations citoyennes,

D Vincent



(*) doc Framatome « Description / Sujet : Mise à jour des annexes 1, 4 et 6 de la demande du 22 décembre 2022 de modification de l'autorisation relative à la mise en service et à l'utilisation de la cuve destinée à l'EPR de Flamanville 3 (Décision n° 2018-DC-0643) » :

« Framatome et EDF ont analysé la faisabilité d’un remplacement ou d’une réparation de ces composants (références [2] et [3]). Ces analyses ont montré, pour le fond de cuve, qu’une réparation conduirait à une dégradation de la qualité du circuit primaire principal avec l’ajout de soudures et de contraintes.

Elles ont aussi mis en évidence les risques liées aux opérations de déconstruction. Il a été montré pour le couvercle et le fond de cuve que ces opérations auraient des impacts techniques majeurs sur le planning (80 et 86 mois respectivement) et les coûts du projet. Ces conclusions ont conduit Framatome et EDF à privilégier une solution de justification visant à démontrer que les risques sont suffisamment prévenus ou limités pour assurer la protection des intérêts visés aux articles L 557-1 et L 593-1 du code de l’environnement au travers notamment d’un programme d’essai mécanique très ambitieux. »

Le fond de cuve est donc mal conçu, mal forgé, irréparable ou ruineux…

bonjour

le bon sens conduit à donner un avis favorable : à l'époque de la sobriété à tout va, pourquoi irait-on remplacer un couvercle qui n'a pas épuisé son potentiel autorisé ?

mais moi je fais confiance à l'ASN et l'IRSN pour dire s'il faut ou non le remplacer.

bien que salarié du nucléaire, assez informé des questions techniques et de sûreté, je n'ai aucune compétence à participer à cette décision.

que le public puisse poser des questions et recevoir toute l'information nécessaire, c'est parfait

qu'on demande à n'importe qui de donner son avis et en tenir compte est une aberration dangereuse.

imaginons les mêmes processus en médecine... (d'ailleurs on l'a vu avec le Covid, Raoult, et les antivax)

il est assez curieux d'ailleurs de voir tous les antinucs qui se sont précipités à soutenir l'IRSN contre l'ASN en définitive, ne plus lui faire confiance dès lors que celui-ci exerce ses prérogatives !

Autant le dire, c’éstait déjà absurde d'essayer de démarrer en urgence un réacteur dont le chantier a 12 ans de retards au moins, mais retarder encore le changement du couvercle de cuve - alors que ce délai était probablement initialement issu d'une contrainte industrielle de délais de fabrication - et cela aussi discrètement, probablement pour de pure raisons politiques maintenant, confine a la stupidité. Même les pro nucleaires dans leurs réponses maladroites ne peuvent contourner le sujet, qui aura en plus un cout, de l’irradiation du couvercle actuel, qui aurait du et pu être évitée a quelques mois prés dans le meilleur des cas, et probablement pour rien car on est très loin de savoir quelle sera la date possible de divergence.



une honte de plus. En espérant que l'information circule maintenant largement

Même dans mes rêves les plus alcoolisés, je n’avais pas imaginé, en 2023, avoir la possibilité d’émettre un commentaire (sans effet d’ailleurs !) sur le remplacement du couvercle de la cuve d’un réacteur EPR à Flamanville, avant que celui-ci ait même démarré ! Au secours Marx (les brothers pas Karl !), Charlot, outre Les Shadoks (avec des pompes de refroidissement qui fonctionnent).

Tout cela, rationnellement et « à froid » paraît d’un ridicule fini et pourtant on y est ! Les incidents se multiplient, les défauts sont signalés, la facture s’alourdit, le démarrage ? probablement en 2024. Et, en plus, on a un président, visiblement content du bilan de la politique EPR1, qui veut nous en remettre un scénario 2, sans évaluation indépendante du programme EPR1. Décidément le monde du nucléaire civil et militaire est vraiment un monde à part !

Je ne reprends pas tous les bons arguments « rationnels » émis par mes collègues membres de Global Chance, du GSIEN ou d’autres groupes d’experts indépendants, que vous trouverez dans d’autres commentaires. Visiblement, eux, qui suivent le programme nucléaire civil et militaire français depuis presque 50 ans, sont conscients des impasses où l’on veut nous entrainer malgré nos questions et oppositions.

Tout cela ressemble fortement à une fuite en avant, vers oû ???

Lors de la réunion du CSPRT (Conseil Supérieur de la Prévention des Risques Technologiques) du mardi 14 mars, le GSIEN, qui siège dans cette instance officielle, a émis un avis négatif sur ce projet de décision de l’ASN et a plaidé pour que le remplacement du couvercle soit réalisé avant la divergence (démarrage) du réacteur.



Notamment pour les raisons qui suivent :



1 / Par souci de radioprotection des agents qui n’auront pas à intervenir en milieu radioactif

2/ Par souci de ne pas générer de nouveaux déchets radioactifs (le couvercle de la cuve mais aussi l’ensemble des autres et nombreux équipements nécessaires lors de l’intervention) alors que les divers sites de stockage de déchets s’approchent de la saturation. Inutile et inopportun de rajouter des déchets évitables

3/ Qu’il semble plus prudent, à la vue des nombreux aléas et problèmes techniques rencontrés lors de ce chantier, de réaliser les essais à froid (montée en pression …) avec le nouveau couvercle en milieu inactivé pour pouvoir plus facilement intervenir en cas de nouveaux dysfonctionnements constatés.



Nous avons aussi attiré l’attention sur :

- A l’argument, avancé par Framatome, des conséquences disproportionnées au regard des coûts économiques du fait d’un report de la date de divergence après remplacement du couvercle : les conséquences disproportionnées n’ont elles pas déjà eu lieu quand on constate que le coût à achèvement est multiplié par 5 à 6 fois celui du coût initial du projet …

- Concernant le considérant 5 de la décision (« L’ASN considère toutefois que, dans le cas où le projet subirait à nouveau un retard important, l’exploitant devra réexaminer la possibilité de remplacer le couvercle avant la mise en service du réacteur »). Que signifie retard important dans une telle décision ? Nous considérons que ce n’est pas à l’exploitant de décider, mais à l’ASN de définir/maîtriser le processus de décision. L’édiction d’un calendrier et/ou évènement-clé … eut été la bienvenue.





Marc DENIS – Dr.Sc.Phys – représentant GSIEN au CSPRT.