Les petits réacteurs modulaires (PRM)

Plusieurs projets de petits réacteurs modulaires sont en cours de développement dans le monde. Ils utilisent des technologies variées : celle des réacteurs à eau ou des technologies avancées comme les réacteurs de 4e génération. 

Définition

Visant en particulier le marché de la fourniture directe d’énergie à des clients industriels, les nouveaux concepteurs de réacteurs s’inscrivent en rupture avec le modèle historique en développant des réacteurs de 10 à 400 fois moins puissants que le réacteur EPR de Flamanville, d’où leur qualificatif de « petits » réacteurs.

Les puissances thermiques des PRM actuellement suivis par l’ASNR sont comprises entre 10 et 540 MWth.

Plage de puissance des PRM suivis par l'ASNR
Plage de puissance des PRM suivis par l'ASNR

Cette réduction significative de puissance implique également une adaptation radicale du modèle économique de développement de ces réacteurs, d’une part en cherchant à réduire les délais de construction, d’autre part en s’appuyant sur une standardisation et une production de série.

C’est ce nouveau modèle industriel d’une production de série avec une large part de préfabrication en usine qui donne ce qualificatif de petits réacteurs « modulaires ».

Contexte de l’émergence des PRM : la décarbonation de l’énergie

L’objectif de décarboner la production énergétique favorise le développement de systèmes de faible émission de gaz à effet de serre.  Dans ce contexte, les utilisations possibles du nucléaire sont les suivantes :

Remplacement des centrales fossiles 

En complément de l’offre nucléaire existante, et en fonction des marchés visés, des réacteurs de plus petite taille pourraient se substituer aux centrales à charbon, gaz ou fuel existantes.

Fourniture locale d’électricité ou de chaleur

La production d’énergie pour les secteurs difficiles à décarboner (chaleur industrielle ou chauffage urbain), la désalinisation de l’eau de mer, la production de l’hydrogène vert ou encore l’alimentation en chaleur et en électricité d’industries très énergivores, favorisent l’émergence de nouveaux dispositifs de production d'énergie tels que les PRM.

Développement de systèmes pour les sites isolés

Transportables par camion, train, bateau ou avion, les PRM ouvrent aussi des perspectives pour alimenter en électricité ou en chaleur les sites isolés, non connectés au réseau électrique.

Exemple d’usage des PRM : Remplacement des centrales électriques à combustible fossile ; fourniture locale d'électricité hors réseau ; production de chaleur.
Exemple d’usage des PRM

 Dans ce contexte, le Gouvernement a lancé en mars 2022 un programme d’appel à projets de réacteurs nucléaires innovants visant à faire émerger un écosystème de start-ups nucléaires.

S’inscrivant dans le cadre du plan France 2030 visant à décarboner l’économie, cet appel à projet vise notamment au développement de nouveaux concepts de réacteurs nucléaires.

C’est ainsi que sont apparues récemment une dizaine de nouvelles sociétés porteuses de projets de PRM. Leur modèle économique est fondé sur trois piliers :

Modèle économique des PRM
Modèle économique des PRM

Les différentes filières de PRM en France

Les projets de PRM actuellement à l’étude en France relèvent de quatre types de technologie :

Réacteur à eau
Réacteurs à eau

Combustible solide Uranium
Modérateur eau
Caloporteur eau

 

Réacteur à métal liquide
Réacteurs à métal liquide

Combustible solide Mélange d'uranium et plutonium (MOX-RNR)
Pas de modérateur
Caloporteur métal liquide (sodium, plomb)

Réacteur à haute température
Réacteurs à haute température

Combustible solide Uranium (particules "TRISO")
Modérateur graphite ou eau lourde
Caloporteur gaz hélium ou sodium

Réacteur à sel fondu
Réacteurs à sels fondus

Combustible liquide plutonium sous la forme d'un sel
Pas de modérateur
Caloporteur sel fondu

Les réacteurs à eau constituent la grande majorité des réacteurs exploités actuellement dans le monde, tandis que les autres technologies de PRM, déjà connues et développées depuis de nombreuses années, n’avaient jusqu’à présent conduit à la réalisation que de quelques réacteurs expérimentaux ou de prototypes, sans exploitation à une échelle industrielle.

En 2015, l’IRSN avait effectué une évaluation du niveau de maturité de ces autres technologies de réacteurs et avait identifié les besoins de développement de connaissances scientifiques et techniques. L’IRSN avait conclu que seuls les réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium (tels que les réacteurs Phénix et Superphénix qui ont été exploités en France) et les réacteurs à haute tempé­rature (HTR) refroidis au gaz utilisant du graphite comme modérateur disposaient d’un retour d’expérience exploitable pour envisager à court terme un passage vers une possible phase industrielle.

Cette différence de maturité des différentes filières technologiques conduit notamment à la nécessité pour certains projets de commencer par une étape de développement d’un réacteur expérimental avant d’envisager de développer un prototype industriel. 

Niveau de maturité des filières technologiques de PRM en France : des réacteurs à sels fondus pour les moins matures aux réacteurs à eau plus les plus matures
Niveau de maturité des filières technologiques de PRM en France - Pictogrammes ©A. Tran Duc/BRIEF

Les combustibles pour les PRM

De manière connexe au développement de ces projets de réacteurs modulaires apparait inévitablement le sujet du besoin de disposer du combustible nécessaire à leur fonctionnement. Ce besoin s’entend non seulement en matière de disponibilité du combustible mais également en matière de capacité de production et d’industrialisation.  Aussi, les enjeux de développement sont très variables suivant la technologie de réacteur :

 

Filière technologique

Combustible associé

Défis technologiques potentiels ?

Capacité d'industrialisation des outils actuels

 

Réacteur à eau
Réacteur à eau légèreUranium enrichi entre 3 et 5% (LEU) - Existante

 

Réacteur à métal liquide
Réacteur à métal liquideMélange d'uranium et de plutonium (MOX-RNR) - A développer

 

Réacteur à haute température
Réacteur à haute températureParticule "TRISO" d'uranium enrichi entre 5 et 20% (HALEU)Fabrication des TRISOA développer

 

Réacteur à sel fondu
Réacteur à sel fonduMélange d'uranium et de plutonium intégrés dans du sel (*)Fabrication du selA développer

 

(*) Pour le cas des sels de chlorure, il est nécessaire de les enrichir en chlore 37. En effet, Le chlore naturel est constitué de deux isotopes stables : le chlore 35 (à 75¨%) et le chlore 37 (à 25%). Le problème du chlore 35 est que dans le cœur d’un réacteur il se transforme par capture d’un neutron en chlore 36 qui est un isotope radioactif de longue durée de vie et dont la solubilité et la mobilité au travers des couches géologiques en font un déchet difficile à gérer.