La protection des personnes exposées à une source naturelle de rayonnements ionisants
La protection des personnes exposées au radon
Depuis 2004, le dispositif rendant obligatoire le mesurage du radon dans certains établissements recevant du public (ERP) était obligatoire sur l’ensemble des communes situées dans 31 départements dits prioritaires. L’arrêté du 27 juin 2018 2018 portant délimitation des zones à potentiel radon du territoire français, introduit un zonage à l’échelle communale de la probabilité que du radon se dégage depuis le sol, appelée « potentiel radon », dans l’optique d’une prise en compte plus fine du risque radon.
L’arrêté du 27 juin 2018 classe désormais les communes du territoire français selon trois niveaux de potentiel radon. Le zonage est défini comme suit :
- zones 1 : les communes des zones géographiques où le potentiel est faible ;
- zones 2 : les communes des zones géographiques où le potentiel radon est faible mais sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers peuvent faciliter le transfert du radon vers les bâtiments ;
- zone 3 : les communes des zones géographiques où le potentiel radon est significatif.
La délimitation de ces zones à l’échelle communale s’appuie sur un important travail de cartographie de la probabilité d’exhalation du radon des sols que l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a conduit à partir de 2009, à la demande de l’ASN et sur la base des données produites par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). La méthode utilisée repose sur une modélisation de la probabilité de présence de radon en considérant la teneur en uranium des sous-sols (interprétations lithologiques et géochimiques) et des paramètres additionnels (failles majeures, cavités souterraines, sites miniers, sources thermo-minérales).
L’article D. 1333-32 du code de la santé publique fixe les catégories d’ERP pour lesquelles un mesurage de l’activité volumique du radon est obligatoire :
- les établissements d’enseignement, y compris les bâtiments d’internat,
- les établissements sanitaires, sociaux et médicaux-sociaux, avec capacité d’hébergement,
- les établissements thermaux,
- les établissements pénitentiaires,
- ET (exigence nouvelle) : les établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de six ans.
Les articles R. 1333-33 à R. 1333-36 du code de la santé publique, complétés par l’arrêté du 26 février 2019 relatif aux modalités de gestion du radon dans certains établissements recevant du public et de diffusion de l’information auprès des personnes qui fréquentent ces établissements, précise les modalités de réalisation de ce mesurage. Il est obligatoire ceux de ces ERP situés:
- dans les communes située en zone 3, mais pour celles qui n’étaient pas dans un département prioritaire, un délai d’application est fixé au 1er juillet 2020 ;
- dans les communes situées en zone 1 et 2 qui étaient dans un département prioritaire, lorsque les résultats de mesurage antérieurs dépassent 300 Bq/m3. Des mesures transitoires s’appliquent aux établissements dont le résultat du dernier dépistage était compris entre 300 et 400 Bq/m3, qui sont réputés conformes jusqu’à la date du prochain dépistage décennal.
Le dépistage obligatoire dans ces ERP doit être renouvelé au moins tous les dix ans, sauf si la concentration en radon reste inférieure à 100 Bq/m3 lors de deux dépistages décennaux consécutifs.
L’arrêté du 26 février 2019 fixe la nature des actions à mettre en œuvre en cas de dépassement du niveau de référence de 300 Bq/m3. Pour les dépassements inférieurs à 1 000 Bq/m3 il s’agit d’actions simples d’étanchement du bâtiment ou d’amélioration de sa ventilation. Au-delà, il est nécessaire de réaliser une expertise pour identifier les actions correctives à mettre en œuvre. Le préfet est tenu informé du bilan de cette expertise dans un délai d’un mois après la réception du rapport. Le logigramme en Annexe 4 résume la démarche.
Cet arrêté définit également les modalités d’affichage des résultats de cette surveillance à des fins d’information des personnes qui fréquentent l'ERP ayant fait l’objet d’un dépistage du radon.
Le dépistage doit être réalisé par l’IRSN ou par un organisme agréé. Les conditions d’agrément des organismes habilités à procéder aux mesures d’activité volumique, les conditions de mesurage, ainsi que les modalités de transmission des données sont précisées par quatre décisions de l’ASN :
- la décision n° 2009-DC-0134 du 7 avril 2009, modifiée par la décision n° 2010-DC-0181 du 15 avril 2010, fixe les critères d’agrément, la liste détaillée des informations à joindre à la demande d’agrément et les modalités de délivrance, de contrôle et de retrait de l’agrément ;
- la décision n° 2009-DC-0136 du 7 avril 2009 définit les objectifs, la durée et le contenu des programmes de formation des personnes qui réalisent les mesures d’activité volumique du radon ;
- la décision n° 2015-DC-0506 du 9 avril 2015 précise les conditions suivant lesquelles il est procédé à la mesure de l’activité du radon ;
- la décision n° 2015-DC-0507 du 9 avril 2015 fixe les règles techniques de transmission des résultats de mesure du radon réalisées par les organismes agréés et les modalités d’accès à ces résultats, en application des dispositions de l’article R. 1333-36 du code de la santé publique.
La liste des organismes agréés est publiée au Bulletin officiel de l’ASN sur www.asn.fr.
L’ordonnance du 10 février 2016 a également introduit de nouvelles dispositions législatives dans le code de l’environnement pour assurer une information pérenne de la population et pour mieux estimer l’exposition de la population française au radon.
Ces nouvelles dispositions visent à :
- considérer la concentration en radon comme un paramètre de la qualité de l’air intérieur ;
- instaurer une information obligatoire des propriétaires, des nouveaux acquéreurs de biens immobiliers et bailleurs, dans les zones à fort potentiel de radon ;
- collecter des résultats des mesures de radon réalisées dans l’habitat à l’initiative des propriétaires ou des collectivités territoriales permettant de mieux estimer l’exposition de la population française au radon.
Listes de matériaux naturels et résidus industriels concernés par une obligation de caractérisation radiologique et mode de calcul de l’indice des concentrations d’activité I.
Liste de matériaux naturels et résidus industriels :
- Matériaux naturels :
- schistes d’alun ;
- matériaux de construction ou additifs d’origine magmatique naturelle, tels que les granitoïdes (les granits, la syénite et l’orthogneiss), les porphyres, le tuf, la pouzzolane, la lave.
- Matériaux contenant des résidus d’industries traitant des matières naturellement radioactives, tels que les cendres volantes, le phosphogypse, les scories phosphoriques et les résidus de la production primaire des métaux (scories, laitiers…).
Formule de calcul de l’indice de concentration d’activités (I)
où CRa226, CTh232 et CK40 sont les concentrations d’activité en Bq/kg des radionucléides correspondant dans le matériau de construction.
Les autres sources d’exposition aux rayonnements naturels « renforcés »
Activités utilisant des SRON. Les activités mettant en œuvre des matières premières contenant des substances radioactives d’origine naturelle font désormais partie des activités nucléaires. Elles seront désormais soumises au régime ICPE dès lors que la quantité de substances radioactives dépasse une tonne.
Sont prises en considération dans cette nouvelle réglementation les matières premières contenant des substances radioactives d’origine naturelle lorsque les concentrations en radionucléides dépassent les seuils d’exemption réglementaires.
Radioactivité naturelle des matériaux de construction. De nouvelles dispositions ont été introduites dans le code de la santé publique pour réglementer la radioactivité naturelle des matériaux de construction (art. R. 1333-38 à R. 1333-44) :
- un niveau de référence de 1 mSv/an en termes de dose efficace a été introduit pour encadrer l’exposition des personnes aux rayonnements gamma émis par les matériaux de construction ;
- les fournisseurs ou producteurs de matériaux naturels ou de résidus industriels susceptibles de provoquer une telle exposition doivent fournir une caractérisation radiologique de ces matières ou résidus ; sont concernés par ces obligations uniquement les matériaux ou résidus figurant sur une liste publiée par décret (voir encadré ci-contre) ;
- les fournisseurs et fabricants de produits de construction doivent fournir aux utilisateurs une information sur la radioactivité naturelle du produit qu’ils commercialisent, en indiquant sur l’emballage la valeur de l’indice de concentration d’activité « I » (voir encadré ci-contre) ;
- en fonction de la valeur de I, des exigences spécifiques portant sur l’utilisation du produit pourront être établies par arrêté.