Livre blanc du Tritium & bilan des rejets de tritium pour les INB

71 Le tritium dans l’environnement ou ingérées par les poissons vivant en contact avec les sédiments. Le mode de vie et d’alimentation des organismes expliquent les différences des concentrations observées entre les organismes herbivores ou benthiques et les poissons pélagiques beaucoup moins marqués en tritium. Avec le temps, ce tritium organiquement lié à des concentrations élevées dans les tissus des animaux est recyclé par le métabolisme de l’organisme vivant, et se dilue peu à peu dans l’hydrogène stable lorsqu’il est transformé en eau (eau de mer et eau interne des organismes). Il s’agirait par conséquent d’un phénomène de rémanence relativement local mais dont la manifestation pourrait s’observer au gré des déplacements des espèces mobiles. Les molécules organiques marquées par le tritium peuvent rester stables lorsqu’elles sont enfouies dans les sédiments. Ainsi Moris (2006) a montré que les activités massiques de tritium le long d’une carotte sédimentaire prélevée dans le marais de la Severn sont corrélées dans le temps avec les activités de tritium rejetées par l’usine d’Amersham. Cet enregistrement chronologique suggère que le tritium organique est retenu pendant plusieurs décennies dans les sédiments après le dépôt, sans perte importante du fait de la conservation de la matière organique. Depuis quelques années, les rapports du RIFE (Radioactivity In Food and the Environment No.11) concernant la région de Sellafield, font état des activités mesurées dans les poissons plats et les moules de 100-200 Bq.Kg-1 (frais) avec des valeurs similaires en HTO et OBT. Les activités maximales dans l’eau de mer sont voisines de 10 à 30 Bq.L-1. Bien que l’expression en Bq.kg-1 frais ne permette pas de comparer directement les rapports isotopiques entre l’eau de mer et la matière organique dans les espèces étudiées, les gammes de valeurs suggèrent l’existence de formes chimiques de tritium biodisponibles avec un rapport isotopique T/H plus élevé que celui de l’eau de mer et qui se concentrent dans les animaux marins. Rappelons que toutes les mesures du tritium dans l’eau de mer à Sellafield, Bristol ou La Hague concernent le tritium « total » présent dans le prélèvement sans séparation ou distinction des formes chimiques présentes, HTO et OBT, contrairement à ce qui est réalisé lors de la mesure du tritiumdans les organismes. Il serait donc nécessaire de mieux caractériser les formes chimiques du tritium dans l’eau de mer, notamment le tritium lié à des molécules organiques (OBT), afin de permettre une interprétation correcte des facteurs de concentration déterminés par des mesures dans les organismes marins. 5 2 3 Synthèse sur le milieu marin Bien que les activités de tritium dans les rejets industriels en tritium soient supérieures d’un à deux ordres de grandeurs à celles des autres radionucléides, l’influence des rejets des centrales n’est pas décelable en routine le long des côtes françaises. Seul l’impact des rejets de l’usine de traitement de combustibles usés de La Hague peut être détecté avec des activités volumiques supérieures à 1 Bq.L-1 en Manche orientale. Les mesures effectuées ces deux dernières décennies, dans des organismes marins, sur les côtes du Nord-Cotentin ne montrent pas de phénomène de bioaccumulation. Ce constat conduit à conclure que les rejets de l’industrie nucléaire, dominés par ceux de l’usine de retraitement de combustibles usés de La Hague, ont été durant cette période en très grande majorité sous forme de HTO. Cela n’a probablement pas été toujours le cas car des mesures d’OBT effectuées au début des années 80 dans des organismes marins (algues, crustacés, poisson) montrent des activités relativement élevées en OBT (de quelques dizaines à plus d’une centaine de Bq.L-1). Ces résultats sont à rapprocher de ceux observés récemment dans le chenal de Bristol (U.K.), où il apparait que de faibles quantités de tritium rejeté sous forme de molécules organiques à fort rapport isotopique T/H peuvent modifier l’équilibre des concentrations en tritium entre l’eau de mer ambiante et les animaux marins qui y vivent, particulièrement pour ceux présentant un mode de vie les mettant en contact chronique avec des sédiments fins chargés en matière organique riches en tritium. Ces exemples de comportement du tritium, à l’origine d’une controverse sur l’existence éventuelle d’une bioaccumulation du tritium, montrent l’intérêt de mieux déterminer les formes chimiques du tritium dans l’eau de mer, notamment le tritium lié à des molécules organiques (OBT), afin de permettre une interprétation correcte des facteurs de concentration calculés à partir des résultats de mesures dans les organismes marins. Ceci apparaît même indispensable lorsque des mesures mettent en évidence des concentrations de tritium élevées dans des organismes. 6 Transfert du tritium dans les écosystèmes 6 1 Transfert du tritium atmosphérique dans les écosystèmes terrestres La figure 6.1 présente les principaux processus gouvernant le comportement du tritium au sein des écosystèmes terrestres. Figure 6.1 - Principaux mécanismes d’évolution des formes tritiées en milieu terrestre aux interfaces air-sol-végétaux et chez les animaux incluant le transfert aux produits alimentaires.

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