Livre blanc du Tritium & bilan des rejets de tritium pour les INB

266 Tritium : limites de rejets et impact 1 3 Etalement des rejets Les modalités de rejet constituent un sujet essentiel. En particulier, l’étalement des rejets de ce radionucléide permet d’en limiter les concentrations dans l’environnement et donc de limiter l’impact radiologique associé. Cet étalement est notamment recherché pour les rejets de tritiumdans les effluents liquides, d’une part parce que le tritium est majoritairement rejeté dans les effluents liquides pour la plupart des installations, d’autre part parce que ces rejets s’effectuent de façon concertée et que les modalités des rejets sont donc bien maîtrisables par l’exploitant. Pour autant, la même approche est recherchée pour les rejets de tritium dans les effluents gazeux, en particulier quand ceux-ci sont significatifs et peuvent être rejetés de manière concertée. La principale disposition réglementaire pour imposer l’étalement des rejets est la limitation des débits de rejets. D’autres dispositions contribuent également à l’objectif de maîtrise des concentrations du tritium dans l’air et dans l’eau, comme par exemple l’interdiction de rejet d’effluents radioactifs en période d’étiage ou la limitation des concentrations de tritium mesurées dans l’environnement. 1 4 Limitation des activités volumiques mesurées dans les milieux récepteurs des rejets (atmosphère ; eau du milieu aquatique récepteur) L’arrêté du 26 novembre 1999 (fixant les prescriptions générales relatives aux limites et aux modalités des prélèvements et des rejets soumis à autorisation, effectués par les installations nucléaires de base) a introduit des limitations pour les activités volumiques des radionucléides mesurées dans les milieux récepteurs (eau et air). De telles limites sont notamment prescrites pour le tritiumpour la plupart des installations qui en rejettent. Par nature, ces limites concernent les activités volumiques cumulées de tritium dans l’environnement, c’est-à-dire la somme des activités volumiques ajoutées par les installations et des activités volumiques constitutives du bruit de fond. Les limites correspondantes sont orientées vers la protection des personnes et de l’environnement (en limitant les activités volumiques dans l’air et dans l’eau, on limite l’impact quels que soient le bruit de fond et les conditions de dispersion), même si elles jouent également un rôle pour la maîtrise des rejets de chaque installation (on tient compte du bruit de fond pour moduler les rejets). Une activité volumique de tritium de l’ordre de 140 Bq/L en moyenne journalière a été généralement retenue pour l’eau en aval des centrales nucléaires installées en bord de rivière. Du point de vue de la radioprotection, cette limite peut être considérée comme basse. En effet, à titre d’illustration, une consommation journalière de 2 L d’eau de la rivière à cette valeur de concentration, sans aucune dilution supplémentaire (affluents, précipitations, réseau de distribution d’eau potable…), conduirait à une dose efficace inférieure à 2 µSv/an. En pratique, cette valeur est compatible avec l’exploitation des centrales, mais avec une marge limitée (en cas de dépassement, l’exploitant doit suspendre les rejets éventuellement en cours). En effet, en tenant compte de la limitation sur l’activité volumique de tritium ajoutée dans l’environnement, généralement fixée à 80 Bq/L, cette valeur laisse seulement 60 Bq/L de marge pour couvrir : • les incertitudes de mesure, • les éventuelles variations du débit du cours d’eau pendant la journée, • le bruit de fond en amont de la centrale. On notera enfin que l’ordre de grandeur de la limite d’activité volumique de tritium dans l’eau en aval des centrales a été fixée indépendamment des autorisations de rejet spécifiques des centrales (nombre de tranches, gestion des combustibles, etc.), conformément à l’objectif de protection de la population visé par cette limite. Enfin, dans lemême objectif de limiter les activités volumiques cumulées de tritium (et des autres radionucléides) dans l’eau, dans le cas de la Loire, les rejets concomitants des centrales concernées sont encadrés en cas d’étiage. EDF a mis en place une gestion coordonnée des rejets d’effluents liquides des centrales à l’échelle du bassin de la Loire. 1 5 Gestion des étiages et des crues Les rejets d’effluents radioactifs liquides sont interdits en situation de crue ou d’étiage du cours d’eau récepteur. Pour déterminer les plages optimales de débit du cours d’eau pour les rejets d’effluents radioactifs, en particulier pour les cas sensibles d’installations nucléaires rejetant leurs effluents liquides dans des cours d’eau à débit réduit, l’IRSN examine notamment : • la fréquence et les durées des périodes de crue et d’étiage enregistrées pour le cours d’eau, • les contraintes d’exploitation induites par l’interdiction de rejet pendant de telles périodes (capacités de stockage du tritium dans l’installation notamment). Sur cette base, l’IRSN analyse les plages de débit proposées par l’exploitant et propose des limites. Le cas échéant, l’IRSN pourrait être amené à préconiser une augmentation des capacités de stockage dans l’installation. Il est à noter que le débit minimum du cours d’eau est une donnée également utilisée pour calculer les impacts environnemental et sanitaire des substances chimiques rejetées avec les effluents radioactifs liquides. En conséquence, l’IRSN tient compte du résultat du calcul de ces impacts pour préconiser une valeur minimale de débit permettant les rejets d’effluents liquides. 2 Impact radiologique des rejets de tritium 2 1 Modélisation des transferts d’eau tritiée dans l’environnement dans le cadre des études réglementaires Les rejets de tritium des installations nucléaires françaises sont effectués très majoritairement sous forme d’eau tritiée (HTO). Des considérations physiques, confortées par l’observation,montrent que, dans ce cas, aucun enrichissement isotopique significatif n’intervient lors des transferts du tritium dans les compartiments de l’environnement (voir par exemple la publication de B. Fiévet1 pour le cas des rejets liquides de tritium de l’usine de La Hague). L’ordre de grandeur du rapport isotopique moyen dutritiumsurl’hydrogènedansl’eauàproximitédesvégétauxestretrouvé dans l’eau de constitution et dans la matière organique des végétaux et, plus loin dans la chaîne alimentaire, dans les produits d’origine animale. Lesmodèles d’impact fondés sur laméthodedite « d’activité spécifique », développés par l’IRSN et par la plupart des exploitants pour les calculs réalisés dans le cadre réglementaire, reposent sur ce constat. Certains modèles introduisent quelques variantes, notamment pour tenir compte du tritium incorporé à la matière organique des organismes. En effet, le coefficient de dose par ingestion de tritium lié à la matière organique est légèrement supérieur à celui du tritium sous forme d’eau tritiée. D’autres variantes de modélisation sont également développées ; par exemple, certains modèles tiennent compte des proportions respectives d’eau contaminée et d’eau non contaminée utilisées par les végétaux et consommées par les animaux (par exemple, une vache peut brouter de l’herbe contaminée par du tritium mais consommer une eau non contaminée). Toutefois, ces variantes ne conduisent pas à augmenter de façon significative les doses calculées attribuables au tritium rejeté par les 1 B. Fiévet. Quel est l’impact du tritium sur l’environnement ? Colloque Inter-CLI - 27 avril 2009 - Cherbourg-Octeville. Commissions locales d’Information de la Manche. 2 Groupe Radioécologie Nord-Cotentin – Rapport principal, Juillet 2002.

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