209 Gestion des rejets de tritium du site AREVA NC de La Hague, impact et surveillance associés L’évolution des rejets de tritium est en première approximation comparable à celle de l’énergie équivalente correspondant aux combustibles traités (service rendu par les combustibles usés). On constate néanmoins que les rejets de tritium dans la période 2000-2008 sont comparables à ceux de la période 1992-1999 alors que le tonnage traité a été significativement diminué (non représenté sur les figures). Cette évolution est liée à l’augmentation du taux de combustion des combustibles traités. Ceci est confirmé par les calculs d’évolution réalisés à partir de la version 5 de CESAR qui prend en compte les fissions ternaires indirectes par l’hélium 6 et qui montrent que l’évolution du tritium par rapport au taux de combustion est non linéaire. 2 4 Mesure de l’activité tritium dans les effluents Concernant les effluents liquides, chaque cuve d’effluent à rejeter en mer fait l’objet d’analyses pour permettre l’autorisation des rejets en mer et les bilans mensuels réglementaires. Le tritium est majoritairement sous forme d’eau tritiée HTO (environ 38 g de tritium, soit 250 g de HTO dans 40 000 t d’eau : dilution 1/160 000 000). La mesure de l’activité du tritium est effectuée pour chaque rejet d’effluents susceptibles d’en contenir. Cette mesure est réalisée par scintillation liquide à partir d’un mélange de l’échantillon représentatif, dilué ou distillé, avec du liquide scintillant. Les gaz libérés lors des opérations de cisaillage et de dissolution passent dans différentes colonnes de recombinaison et de lavage puis sont filtrés avant rejet. La radioactivité résiduelle rejetée sous forme de gaz transite par les émissaires qui font l’objet d’une surveillance en temps réel et des prélèvements en continu analysés au laboratoire. Le tritium contenu dans les effluents gazeux est piégé pour mesures et bilans dans 4 barboteurs en série remplis d’eau distillée. Le contenu des quatre pots des barboteurs en place, prélevé par période (1 au 7, 8 au 14, 15 au 21 et 22 au dernier jour du mois), permet la mesure de l’activité par scintillation liquide. La vapeur d’eau tritiée (HTO) ainsi que le gaz tritium (HT) oxydé à l’aide d’un four sont ainsi mesurés (Figure 3). Malgré un impact dosimétrique du tritium insignifiant (< 1% de l’impact total) et bien que les rejets d’effluents tritiés en mer soient aujourd’hui la meilleure gestion de ces rejets, AREVA NC a évalué, dans une démarche de progrès continu, des voies de réduction de ces rejets notamment dans le cadre de l’article 42 de l’arrêté d’autorisation de rejets de La Hague. Cet article précise notamment : «L’exploitant devra adresser dans un délai de trois années à compter de la publication du présent arrêté et ensuite tous les quatre ans une étude technico-économique visant à réduire ses rejets tant chimiques que radiologiques. Cette étude sera notamment basée sur une comparaison des techniques utilisées avec les meilleures technologies disponibles à un coût raisonnable et sera accompagnée d’un bilan des modifications et de leurs conséquences sur les rejets ». Afin de réduire l’impact des rejets de tritium dans l’environnement, une possibilité consisterait à piéger, immobiliser et conditionner sous une forme appropriée le tritium présent dans les effluents liquides en vue d’un entreposage (immobilisation temporaire permettant la décroissance du tritium) ou stockage (immobilisation définitive sous forme de déchet ultime). L’importante dilution du tritium dans les effluents tritiés du site de La Hague (dilution massique 1/160 000 000) excluant un conditionnement direct, une opération de concentration préalable serait à envisager (distillation isotopique) mais l’ordre de grandeur de l’installation requise reste très important et énergivore. Une autre possibilité serait d’éviter la production d’effluents tritiés ou de les réduire à une très faible quantité. Toutefois, ceci ne serait envisageable qu’en prenant en compte des concepts technologiques (voloxydation, pyrométallurgie) qui sont encore à l’état de développement et qui par ailleurs, seraient difficilement transposables sur une installation existante. Dans le cas d’une usine de traitement du combustible usé, les difficultés liées à la récupération du tritium rejeté sont donc encore amplifiées par la forte dilution du tritium dans les effluents à traiter. Ceci explique qu’aucune usine de traitement (La Hague, Thorp, Rokkasho, Tokaï) ne mette en œuvre à échelle industrielle un procédé de récupération du tritium dans les effluents liquides. Il ressort à ce jour de ces analyses que la mise en œuvre de tout procédé de concentration et de récupération du tritium conduirait également à une probable augmentation des rejets gazeux donc de l’impact dosimétrique, à exposer les travailleurs lors des travaux de modification des usines et lors de l’exploitation de l’unité, à l’entreposage des solutions ou des déchets tritiés produits. Enfin, on peut ajouter que les coûts qui seraient associés à la mise en place d’une de ces technologies, en admettant une maturité industrielle suffisante, seraient considérables. 3 Impact dosimétrique du tritium sur les populations riveraines autour du site de La Hague L’impact dosimétrique sur les populations riveraines autour de La Hague est estimé à partir du logiciel ACADIE issu des travaux du GRNC (Groupe Radioécologie Nord-Cotentin) et développé conjointement par l’IRSN et AREVA NC. L’impact dosimétrique annuel du tritium sur les groupes de référencedeGoury(groupederéférencemarin)etDigulleville(groupe de référence terrestre) est inférieur à 0,1 µSv/an, soit moins de 1 % de l’impact total lui-même de l’ordre de 10 à 20 µSv comparable à moins de deux journées d’exposition à la radioactivité naturelle. Cette estimation est soumise à l’appréciation du groupe radioécologie Nord-Cotentin (GRNC) dont l’avis est rendu public et est présenté à la CLI de La Hague. Le GRNC est un groupe d’expertise pluraliste constitué d’experts d’origines et de domaines de compétences divers (Instituts, ONG, experts étrangers, industriels). Ce travail a été réalisé sur les activités de 2003 à 2006. Cette appréciation a toujours confirmé l’ordre de grandeur des résultats présentés par AREVA NC La Hague. Figure 3. Etude des possibilités de réduction des rejets tritium des usines de La Hague
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