Contrôle n°201
DÉCEMBRE 2016 | N° 201 | CONTRÔLE 37 © ASN © ASN Contrôle : l’Ordre national des pharmaciens a travaillé avec les autres acteurs de la cinquième campagne de distribution de comprimés d’iode lancée en début d’année 2016. Quel regard portez-vous sur l’organisation globale de la campagne ? Olivier Ferlet : c’est la quatrième cam- pagne préventive de distribution de comprimés d’iode à laquelle participe l’Ordre national des pharmaciens, lié depuis 15 ans à EDF par une conven- tion qui encadre la mobilisation des officines dans ce type d’opération. La forte implication collective nous permet d’affirmer aujourd’hui que le bilan est positif : il y a une réelle cohésion des acteurs de cette campagne au sein du comité de pilotage (copil) « iode », qui est un excellent outil d’échanges entre les acteurs de terrain (médecins, pharma- ciens, élus…) et les instances nationales (ministères, ASN). Quel bilan dressez-vous de cette opération ? Je préfère parler de point d’étape plutôt que de bilan, car l’opération se poursuit : les pharmaciens sont évidemment en per- manence à la disposition du public pour répondre à leurs questions. Les réunions du copil lors des inter-campagnes, une fois par an a minima, permettront de faire le point sur le déroulement de la campagne sur un temps long. La création d’un site Internet destiné au grand public va dans le même sens : il reste en ligne et répond lui aussi aux multiples questions que peuvent se poser les habitants des zones concernées – les nouveaux arri- vants en particulier. Il faut rappeler que, pour les pharmaciens, l’opération ne s’ar- rête pas à la remise d’une boîte sur pré- sentation d’un bon. Après l’été, les gens reçoivent directement les boîtes chez eux, d’où des questions souvent posées dans les officines : à quoi servent ces comprimés ? J’ai un problème de thyroïde, dois-je m’in- quiéter ? etc. C’est aussi l’occasion pour le pharmacien de sensibiliser sa clientèle quant aux réflexes à avoir en cas d’alerte. Bien souvent, il est amené à dépasser son domaine de compétences médicales, pour répondre aux questions de « monsieur- tout-le-monde » sur l’énergie nucléaire. Par rapport à la précédente campagne de 2009, la population semble beaucoup plus vigilante et mieux informée qu’autre- fois, probablement du fait de l’accident de Fukushima. Les pharmaciens ont-ils selon vous reçu une formation et une information complètes pour mener à bien leur mission ? En tant que spécialiste du médicament, les pharmaciens ont reçu une forma- tion « NRBC » (nucléaire, biologique, chimique et explosif), et sont donc à même de répondre aux questions que peut se poser la population sur les comprimés d’iode. En outre, les guides ou les foires aux questions qui ont été conçus sont pour eux des outils précieux. L’ Ordre national des pharmaciens a bien joué son rôle de relais entre les offi- cines et les rédacteurs des guides et des foires aux questions, ce qui a permis de répondre aux besoins des pharmaciens sur le terrain. Ajoutons que l’applica- tion informatique de gestion des usagers mise à la disposition des pharmaciens, une nouveauté de cette campagne, per- met une traçabilité des usagers et des stocks très utile. Elle permet en effet au pharmacien concerné par la campagne de gérer les situations les plus fréquentes (perte du bon de retrait, arrivé d’un nou- vel habitant dans une commune, etc.) et d’apporter une réponse rapide et adap- tée à tous les usagers. L’ implication des pharmaciens d’officine dans la concep- tion de cet outil, largement soutenu par l’ASN, a permis de répondre aux besoins très concrets des premiers confrontés aux demandes du public. La campagne de distribution de comprimés d’iode s’inscrit dans une action plus large, au profit du développement d’une culture de la radioprotection : les pharmaciens ont-ils selon vous apporté leur contribution de ce point de vue ? L’ Ordre national des pharmaciens, auquel est inscrit tout pharmacien en France, avait pris l’engagement d’assurer, en plus de son rôle sanitaire et logistique, un rôle de dif- fuseur de la culture de la radioprotection. Marie-Pierre Antoine : j’insiste sur le fait que dispenser un médicament, c’est assurer un rôle de conseil : le pharmacien replace le médicament dans un contexte plus général d’hygiène de vie, la logique est la même pour le comprimé d’iode comme pour tout autre médicament. C’est essentiel, cela fait partie du rôle de conseil du pharmacien. Olivier Ferlet : les documents dont disposent les pharmaciens d’officine ont été discutés avec eux pendant leur production. Envoyés par voie postale aux personnes concernées par la distribution de comprimés d’iode, ils constituent des supports utiles. Le mono- pole de la dispensation du médicament impose un certain nombre de devoirs, dont celui, par exemple, d’être présent lors des réunions publiques d’information. Ce fut le cas lors de cette cinquième campagne. Enfin, parmi la clientèle d’une officine, il y a aussi les chefs d’entreprise, les direc- teurs de magasin, etc. : le pharmacien est là aussi pour leur rappeler leurs propres obligations, qui sont celles du droit du tra- vail : ils doivent assurer la protection de leurs salariés et du public qu’ils reçoivent. Dans les établissements recevant du public, les chiffres ne sont en effet pas pleinement satisfaisants cette année. LES PHARMACIENS EN PREMIÈRE LIGNE POUR RÉPONDRE AUX QUESTIONS DU PUBLIC Entretien avec Olivier Ferlet, pharmacien, représentant des pharmaciens titulaires d’officine auprès de l’Ordre national des pharmaciens et Marie-Pierre Antoine , pharmacien, chargée de mission à la Direction de l’exercice professionnel auprès de l’Ordre national des pharmaciens
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