Contrôle n°201
DÉCEMBRE 2016 | N° 201 | CONTRÔLE 15 Les premières actions à engager à la sortie de la phase d’urgence (doctrine Codirpa, novembre 2011) Par Jean-Luc Godet, directeur des rayonnements ionisants et de la santé à l’ASN Depuis 2012, le plus souvent, une partie des exercices nationaux est dédiée aux premières actions à mettre en œuvre à la sortie de la phase d’urgence consécutive à un accident nucléaire. Ces actions, maintenant introduites dans le Plan national de réponse à un accident radiologique majeur publié en février 2014, trouvent leur origine dans un document du Codirpa 1 , publié en novembre 2012 par l’ASN et intitulé Éléments de doctrine pour la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire . Pendant la phase d’urgence, du fait des rejets atmosphériques, la protection des populations repose principalement sur la mise à l’abri ou l’évacuation des personnes dans un périmètre proche de l’installation accidentée, voire la prise de comprimés d’iode (si présence d’iodes radioactifs). À la sortie de la phase d’urgence 2 , les pouvoirs publics doivent rapidement engager des actions complémentaires pour assurer la protection des personnes susceptibles d’être exposées aux rayonnements ionisants du fait de dépôts sur le sol de substances radioactives, et aussi prendre en charge les personnes sinistrées. Une question cruciale est celle de la délimitation des territoires contaminés, à l’intérieur desquels ces actions complémentaires doivent être réalisées. Pour certaines situations accidentelles (voir le Plan national de réponse), l’étendue des territoires contaminés peut en effet dépasser largement le périmètre où ont été engagées les premières actions de protection de la phase d’urgence. Pour répondre à cette demande, l’IRSN dispose maintenant d’un outil cartographique régulièrement testé en exercice (voir la contribution de l’IRSN p. 54). Le premier zonage qui serait établi en sortie de phase d’urgence est établi sur la base d’une modélisation prédictive (alimentée par les premières mesures de terrain) des expositions futures de la population concernée et de la contamination de la chaîne alimentaire. Le premier zonage dit « post-accidentel » peut ainsi être proposé au préfet. Les exercices permettent de tester la faisabilité de la mise en œuvre des actions préconisées dans ces territoires. Par exemple, à l’intérieur d’une première zone, dénommée zone de protection de la population (ZPP), sont examinées les conditions qui permettraient, ou non, de maintenir sur place les populations, et, le cas échéant, d’organiser leur éloignement pour une durée indéterminée du fait du niveau d’irradiation. La mise en place effective de centres d’accueil et d’information des personnes sinistrées, recommandée par le Codirpa, accompagnée d’une prise en charge des personnes susceptibles d’être contaminées (en ayant recours aux moyens mobiles de l’IRSN), peut être testée dans le cadre de certains exercices. Parfois, des opérations de nettoyage, pour réduire l’exposition due à la contamination, sont réellement mises en œuvre par les services départementaux d’incendie et de secours. La mise en œuvre des interdictions de consommation et de commercialisation des denrées alimentaires constitue également une action prioritaire, à engager sans attendre à l’intérieur d’une zone pouvant être très étendue (zone dite zone de surveillance du territoire – ZST), allant au-delà de la ZPP. La question de l’eau potable est également examinée en exercice. Le retour d’expérience de ces exercices devra alimenter la mise à jour de la doctrine Codirpa. Prévue à l’horizon 2018, cette mise à jour intégrera de plus le retour d’expérience de l’accident de Fukushima, dans sa dimension post-accidentelle. Pour s’y préparer, le Codirpa a déjà engagé des travaux pour prendre en compte des situations d’accident conduisant à des rejets de longue durée et approfondir la doctrine sur la gestion des déchets contaminés et la commercialisation des produits non alimentaires produits dans les zones affectées. D’autres travaux sont prévus sur la gestion des ressources en eau douce et du milieu marin. Enfin, les dimensions psychologiques, économiques et sociales des conséquences de l’accident seront également examinées sur la base de l’exemple japonais. 1. COmité DIRecteur pour la gestion Post-Accidentelle d’un accident nucléaire ou radiologique, mis en place par l’ASN depuis 2005. Il est animé par le président de l’ASN et son secrétariat est assuré par la Direction des rayonnements ionisants et de la santé (DIS/ASN). 2. En sortie de phase d’urgence, les rejets de l’installation accidentée ne doivent plus constituer une menace pour la population.
RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=