Découverte de défauts de génie civil lors de travaux de rénovation de l’installation
Le 22 mai 2024, le centre du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Cadarache a déclaré à l’ASN un événement significatif survenu dans la Station de traitement des déchets (INB 37-A appelée STD), suite à la découverte de défauts de génie civil. Ces défauts ont été constatés lors de travaux de réaménagement et de renforcement au séisme de l’installation, réalisés dans le cadre du projet PAGODE de rénovation globale de l’installation.
La STD a pour fonction principale de conditionner des déchets radioactifs solides de moyenne activité à vie longue, faiblement ou moyennement irradiants, sous forme de colis, en vue de leur entreposage puis de leur expédition vers le futur site de stockage Cigéo de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). La STD est la seule installation du CEA autorisée à conditionner ce type de déchets. Il s’agit donc d’une installation clé pour la gestion des déchets radiaoctifs du CEA : elle intervient en support opérationnel au fonctionnement courant de nombreuses autres installations, ainsi qu’à la mise en œuvre des projets de démantèlements en cours.
Durant des travaux liés au projet PAGODE, au cours du retrait des revêtements muraux existants d’un local technique (bardage et couche d’enduit), le CEA a constaté que le béton constituant des voiles et des poteaux présentait des défauts notables, tels qu’une absence de cohésion du béton à la base de certains voiles et poteaux, ainsi que du ferraillage apparent, donc non noyé dans le béton, à la jonction entre certains voiles.
Des mesures conservatoires ont été mises en œuvre par l’exploitant. Un étaiement préventif a été mis en place pour assurer la tenue du local. Les activités d’exploitation ont été arrêtées, à l’exception des activités de conditionnement, hors compactage des déchets dits « faiblement irradiants », activités à faible enjeu de sûreté nucléaire. Les travaux de rénovation ont aussi été suspendus. Le terme source de l’installation avait par ailleurs été réduit préalablement au début des travaux de rénovation.
Depuis la découverte de ces défauts, le CEA a mené des investigations sur l’historique de construction du local à la fin des années 1980. Il a réalisé des contrôles de génie civil destructifs (carottages, percements) et non destructifs (contrôles radar, par caméra et par ultrasons) dans le local, et dans d’autres parties de l’installation. Les résultats des premiers contrôles assurent la stabilité globale de la structure sous son poids propre, ainsi qu’en cas d’aléa climatique de faible intensité (neige ou vent). Cependant, le CEA n’est pas en mesure de démontrer cette stabilité dans le cas de certaines agressions externes, telles que le séisme ou la tornade. Des investigations complémentaires sont en cours pour affiner les connaissances sur ce sujet.
Sur la base des éléments recueillis, en raison d’une dégradation du génie civil présente depuis la construction du bâtiment, et en l’absence de justification du maintien des exigences de sûreté en cas d’agression externe intense, l’ASN classe provisoirement cet événement au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité). Ce classement pourra être revu sur la base des analyses et examens complémentaires réalisés par l’exploitant.
L’ASN a réalisé deux inspections relatives à cet événement les 30 juillet et 17 octobre 2024, qui ont amené à des demandes d’investigations et d’analyses complémentaires. L’ASN veillera à ce que l’exploitant poursuive les investigations, et que la reprise complète d’activité de l’installation soit réalisée dans des conditions conformes aux exigences de sûreté de l’installation.
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Date de la dernière mise à jour : 10/12/2024
Classement de l’incident (INES)
Niveau 1
Anomalie