Rapport de l'ASN 2023

LE DOMAINE INDUSTRIEL, VÉTÉRINAIRE ET DE LA RECHERCHE Les exploitants du domaine industriel, vétérinaire et de la recherche se caractérisent par leur diversité : ils sont nombreux et exercent leurs activités dans des structures de tailles et de statuts très hétérogènes ; ils utilisent par ailleurs des sources de rayonnements ionisants dans une grande variété d’applications. En matière de radioprotection, l’appréciation portée par l’ASN sur ces exploitants reste dans une grande continuité par rapport aux années précédentes. Parmi les activités nucléaires dans le secteur industriel, la radiographie industrielle et, en particulier, la gammagraphie constituent, en raison de leurs enjeux de radioprotection, des secteurs prioritaires de contrôle par l’ASN. L’ASN constate que les entreprises ont, dans leur grande majorité, maintenu la rigueur nécessaire pour respecter les obligations réglementaires relatives à l’organisation de la radioprotection, à la formation et au suivi dosimétrique des travailleurs, au recours à des opérateurs disposant du certificat d’aptitude à manipuler les appareils de radiologie industrielle (CAMARI) requis et à la maintenance des appareils de gammagraphie. Cependant, un effort conséquent reste à mener par bon nombre d’entreprises pour définir correctement le programme des vérifications exigées par le code du travail, le mettre en œuvre, corriger les éventuelles non-conformités relevées à cette occasion et assurer la traçabilité des corrections apportées. Si les risques d’incidents et les doses reçues par les travailleurs sont globalement bien maîtrisés par les exploitants lorsque cette activité est réalisée dans une casemate conforme à la réglementation applicable, l’ASN juge toujours préoccupants les défauts observés en matière de signalisation de la zone d’opération lors des chantiers, même si une légère amélioration est observée par rapport à 2022. L’ASN souligne que le manque de préparation et de coopération, en amont des chantiers, entre les donneurs d’ordre et les entreprises de radiographie est fréquemment une des causes de ces écarts. Des progrès sont en particulier nécessaires sur le contenu des plans de prévention, la connaissance et la mise en œuvre des dispositions qui y figurent. L’ASN estime, plus généralement, que les donneurs d’ordre devraient privilégier, lorsque c’est possible, les prestations de radiographie industrielle dans des casemates et non sur chantier. Dans les autres secteurs prioritaires de contrôle pour l’ASN dans le secteur industriel (les irradiateurs industriels, les accélérateurs de particules dont les cyclotrons, les fournisseurs de sources radioactives et d’appareils en contenant), l’état de la radioprotection est jugé globalement satisfaisant. En ce qui concerne les fournisseurs, l’ASN estime que l’anticipation des actions liées à l’approche de la durée administrative de reprise des sources (dix ans par défaut), l’information des acquéreurs sur les modalités futures de reprise des sources, ainsi que les contrôles avant livraison d’une source à un client sont des domaines où les pratiques ont progressé par rapport à 2022 mais doivent encore s’améliorer. Quant aux distributeurs d’accélérateurs ou d’appareils électriques émettant des rayonnements ionisants, les outils de suivi qu’ils ont mis en place pour recenser les appareils distribués et leurs acquéreurs sont souvent à renforcer, afin de ne pas compromettre d’éventuelles actions de rappel ou de retour d’expérience. Les actions engagées depuis plusieurs années par les exploitants continuent d’améliorer la radioprotection au sein des laboratoires de recherche. Cela repose largement sur l’implication des conseillers en radioprotection et dépend des moyens mis à leur disposition, étant précisé que les enjeux de radioprotection de nombreux laboratoires de recherche sont plutôt faibles ou tendent à diminuer en raison du recours à des techniques alternatives aux rayonnements ionisants. Les conditions d’entreposage et d’élimination des déchets et des effluents restent les principales difficultés rencontrées par les unités de recherche ou les universités, y compris pour ce qui concerne la réalisation et la traçabilité des contrôles avant élimination, la reprise des sources radioactives scellées inutilisées « historiques » ou l’évacuation régulière des déchets radioactifs entreposés. Sur ces derniers points, le manque d’anticipation des financements nécessaires à la prise en charge des sources ou déchets «historiques», et le cas échéant à leur caractérisation préalable, est souvent observé. Enfin, les établissements ont également encore des difficultés à s’approprier et à mettre correctement en œuvre les vérifications des équipements, des lieux de travail et de l’instrumentation, résultant de l’évolution des codes du travail et de la santé publique de 2018, en particulier dans le cas des unités mixtes de recherche. En ce qui concerne les utilisations vétérinaires des rayonnements ionisants, l’ASN constate le résultat des efforts menés par les instances vétérinaires depuis plusieurs années pour se conformer à la réglementation, notamment dans les activités de radiologie conventionnelle sur des animaux de compagnie. Pour les pratiques liées aux grands animaux, tels que les chevaux, ou réalisées hors des établissements vétérinaires, l’ASN estime que la mise en place du zonage radiologique et la prise en compte de la radioprotection des personnes extérieures à l’établissement vétérinaire qui participent à la réalisation de la radiographie constituent des points de vigilance. Pour ce qui concerne la protection des sources de rayonnements contre les actes de malveillance, plus particulièrement lorsque des sources radioactives de haute activité ou des lots de sources équivalents sont mis en œuvre, les inspections menées par l’ASN montrent que les exploitants mettent progressivement en place les dispositions nécessaires au respect des exigences fixées par l’arrêté du 29 novembre 2019. Ainsi, sur la base des inspections réalisées en 2023 : ∙ la catégorisation des sources, étape indispensable pour identifier les exigences applicables et mettre en œuvre une approche proportionnée aux risques, a été réalisée pour la très grande majorité des établissements; ∙ la politique de protection des sources, portée par la direction générale de l’établissement et soutenant les actions concrètes à mettre en œuvre, n’appelle pas d’observation de l’ASN dans la moitié des établissements industriels et le tiers des établissements médicaux; ∙ si tous les établissements contrôlés ont mis en place des dispositions pour protéger les sources, environ un tiers de ces établissements n’avait pas formellement identifié les barrières physiques assurant cette protection ou justifié qu’elles apportaient une résistance à l’effraction suffisante ; ∙ dans la moitié des cas, aucun programme de maintenance préventive n’est défini pour les équipements destinés à détecter des intrusions ; ∙ la délivrance des autorisations nominatives d’accès aux sources ne progresse guère par rapport à 2022 et reste encore à mettre en place dans près de la moitié des établissements; ∙ la moitié des établissements ne met pas en œuvre de dispositions visant à identifier et protéger les informations sensibles relatives à la sécurité des sources. L’ASN estime donc que des progrès notables sont encore nécessaires. L’ASN poursuivra en 2024 ses actions de sensibilisation et de contrôle des exploitants sur ces sujets. 28 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 Les appréciations de l’ASN

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