En ce qui concerne les retombées en France de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima (Japon), les résultats publiés en France par l’IRSN en 2011 avaient montré la présence d’iode radioactif à des niveaux très faibles, conduisant pour les populations à des doses efficaces estimées inférieures à 2 μSv/an en 2011. 3.2.2 L’exposition de la population aux rayonnements naturels L’exposition due à la radioactivité naturelle des eaux de consommation Les résultats de la surveillance de la qualité radiologique des eaux distribuées au robinet, exercée par les agences régionales de santé en 2008 et 2009 (rapport DGS/ASN/IRSN publié en 2011) ont montré que 99,83 % de la population bénéficie d’une eau dont la qualité respecte en permanence la dose indicative de 0,1 mSv/an, fixée par la réglementation. Cette appréciation globalement satisfaisante s’applique également à la qualité radiologique des eaux conditionnées produites en France (rapport DGS/ASN/IRSN publié en 2013). Depuis 2019, la mesure du radon contenue dans les eaux du robinet et dans les eaux embouteillées est obligatoire. Pour accompagner cette nouvelle disposition, une instruction a été établie en concertation avec l’ASN et diffusée en 2018 aux agences régionales de santé par la Direction générale de la santé (DGS) (avis n°2018-AV-0302 de l’ASN du 6 mars 2018 sur les modalités de gestion du radon dans le cadre du contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine). L’exposition due au radon En France, la réglementation relative à la gestion du risque lié au radon, mise en place à partir du début des années 2000 pour certains établissements recevant du public (ERP), a été étendue en 2008 à certains lieux de travail. En 2016, le radon a été introduit dans la politique de la qualité de l’air intérieur. La transposition de la directive n°2013/59/Euratom du Conseil du 5 décembre 2013 fixant les normes de base relatives à la protection sanitaire contre les dangers résultant de l’exposition aux rayonnements ionisants a conduit à modifier les dispositions applicables au radon depuis le 1er juillet 2018. Un niveau de référence à 300 Bq/m3 a été introduit. Il est applicable à toutes les situations, ce qui permet de gérer le risque sanitaire lié au radon par une approche globale. La réglementation s’est étoffée avec des dispositions concernant les trois secteurs principaux : ∙ pour le grand public, une avancée significative a été introduite : le radon est désormais intégré dans l’information des acquéreurs et locataires de biens immobiliers situés dans les zones où le potentiel radon est susceptible d’être le plus important (zone 3) ; ∙ dans les lieux de travail, la réglementation a été étendue aux activités professionnelles exercées au rez-de-chaussée (seules les activités exercées en sous-sols étaient jusqu’à présent concernées) ainsi que dans certains lieux spécifiques de travail. Quelle que soit la zone à potentiel radon où se situe le lieu de travail, l’évaluation des risques doit prendre en compte le radon. Au besoin, un mesurage peut être réalisé dans ce cadre, s’il y a un risque d’atteinte ou de dépassement du niveau de référence de 300 Bq/m3. Si le niveau de référence est dépassé, l’employeur doit agir pour réduire l’activité volumique en radon. Si les actions se révèlent inefficaces, il doit identifier d’éventuelles « zones radon », dès lors que la dose reçue par les travailleurs excède 6 mSv/an en supposant une présence permanente des travailleurs, puis mettre en œuvre des mesures de radioprotection, si nécessaire en fonction de l’exposition des travailleurs ; 8. Arrêté du 26 février 2019 relatif aux modalités de gestion du radon dans certains établissements recevant du public et de diffusion de l’information auprès des personnes qui fréquentent ces établissements. ∙ dans certains ERP, des ajustements ont été apportés aux modalités de gestion du radon avec notamment l’ajout des établissements d’accueil d’enfants de moins de 6 ans dans le dispositif et une obligation d’informer le public par affichage des résultats de mesurage(8). La nature des actions à mettre en œuvre en cas de dépassement du niveau de référence de 300 Bq/m3 est graduée en fonction des résultats des mesurages : actions correctives simples en cas de concentration de radon comprise entre 300 et 1 000 Bq/m3, expertise et travaux si les actions correctives ne permettent pas d’abaisser la concentration de radon en deçà du niveau de référence ou si les résultats de mesurage sont supérieurs ou égaux à 1000 Bq/m3. L’ASN délivre des agréments aux organismes qui mesurent le radon dans certains ERP. En 2023, 42 agréments ont été délivrés, dont 34 de niveau 1 et 8 de niveau 2, portant leur nombre total à 77, dont 15 agréés de niveau 2 au 13 octobre 2023. La liste est disponible au Bulletin officiel de l’ASN sur asn.fr. Les organismes de niveau 1 réalisent les mesurages pour évaluer la concentration moyenne annuelle dans les bâtiments. En cas de dépassement du niveau de référence, des mesurages supplémentaires, correspondant au niveau 2 des agréments, peuvent être effectués. Ils permettent de rechercher les sources, les voies d’entrée et de transfert du radon dans les bâtiments. Ils sont mis en œuvre en appui de l’expertise, notamment pour les bâtiments de grande surface au sol avec des soubassements complexes. Sur les quatre dernières années, entre 40 et 100 mesurages supplémentaires ont été effectués chaque année. Les données transmises chaque année à l’ASN par ces organismes dans leur rapport annuel portent sur les mesurages réalisés dans les ERP soumis à la surveillance de l’exposition du public, définis à l’article D. 1333‑32 du code de la santé publique (agrément de niveau 1). L’analyse des données sur les sept dernières campagnes de mesurages montre une tendance à l’amélioration de la situation avec une diminution progressive du nombre d’établissements présentant un dépassement du niveau de référence de 300 Bq/m3 et du niveau de 1000 Bq/m3 dans le cadre des mesurages initiaux et décennaux (voir diagramme 3). Lors de la dernière campagne 2022-2023, la concentration volumique en radon était inférieure au niveau de référence de 300 Bq/m3 dans 77 % des établissements d’enseignement mesurés, 86 % des établissements d’accueil des enfants de moins de 6 ans, 86 % des établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux et dans 60 % des établissements thermaux (aucun établissement pénitentiaire n’a fait l’objet de mesurage). En cas de dépassement du niveau de référence, l’établissement est tenu de réaliser des actions correctives ou des travaux, puis d’en vérifier l’efficacité par un nouveau mesurage. L’analyse des résultats sur les sept dernières années montre une amélioration tendancielle de la situation avec une augmentation progressive du nombre d’établissements qui parviennent à revenir au-dessous du niveau de référence de 300 Bq/m3. Cette amélioration peut être attribuée à une meilleure efficacité des travaux conduits, à la baisse des niveaux initiaux de concentration en radon, ou à une combinaison de ces deux facteurs (voir diagramme 4). Pour les sept dernières campagnes de mesurages, les catégories d’établissements ayant fait l’objet de mesurages initiaux ou décennaux se répartissent de la façon suivante : 60 % d’établis- sements d’enseignement (de la maternelle au lycée), 11 % d’établissements d’accueil d’enfants de moins de 6 ans, 28 % d’établissements sanitaires, sociaux et médico‑sociaux et moins de 1% d’établissements thermaux et pénitentiaires (voir diagramme 5). 112 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 • 01 • Les activités nucléaires: rayonnements ionisants et risques pour la santé et l’environnement
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