Les risques liés aux séismes Bien que la sismicité soit modérée, voire faible, en France, la prise en compte de ce risque par EDF dans la démonstration de sûreté de ses réacteurs électronucléaires fait l’objet d’une attention soutenue de la part de l’ASN, compte tenu des conséquences potentielles sur la sûreté des installations. Des dispositions parasismiques sont prises dès la conception des installations et sont réexaminées périodiquement au regard de l’évolution des connaissances et de la réglementation, à l’occasion des réexamens périodiques. La règle fondamentale de sûreté n° 2001‑01 du 31 mai 2001 définit la méthodologie relative à la détermination du risque sismique pour les INB de surface (à l’exception des installations de stockage à long terme de déchets radioactifs). Cette règle fondamentale de sûreté est complétée par le Guide de l’ASN 2/01 de mai 2006, qui définit les méthodes de calcul acceptables pour l’étude du comportement sismique des bâtiments nucléaires et d’ouvrages particuliers comme les digues, les galeries et les canalisations enterrées, les soutènements ou les réservoirs. La conception des bâtiments et matériels importants pour la sûreté des centrales nucléaires doit ainsi leur permettre de résister à des séismes d’intensité supérieure aux plus forts séismes connus survenus dans la région. Les centrales nucléaires d’EDF doivent donc pouvoir faire face à des niveaux de séisme intégrant les spécificités géologiques locales de chacune d’entre elles. Dans le cadre des réexamens périodiques, la réévaluation sismique consiste à vérifier la pertinence du dimensionnement sismique de l’installation en tenant compte du progrès des connaissances relatives à la sismicité de la région du site ou aux méthodes d’évaluation du comportement sismique des éléments de l’installation. Les enseignements tirés du REX international sont également analysés et intégrés dans ce cadre. À la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN a prescrit à EDF de définir et de mettre en œuvre un «noyau dur » de dispositions matérielles et organisationnelles permettant de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes comparables, dans le contexte français, à celle survenue le 11 mars 2011 au Japon. Ce « noyau dur » doit notamment être dimensionné pour résister à un séisme d’une ampleur exceptionnelle dépassant les niveaux retenus lors de la conception ou du réexamen périodique des installations. Dans le cadre de la définition de ce niveau de séisme exceptionnel, l’ASN a demandé à EDF de compléter la démarche déterministe de définition de l’aléa sismique par une approche probabiliste, afin de tenir compte des meilleures pratiques connues au niveau international. Les risques liés aux canicules et aux sécheresses Au cours des événements caniculaires de ces dernières décennies, certains cours d’eau nécessaires au refroidissement de centrales nucléaires ont connu une réduction de leur débit et un échauffement significatifs. Par ailleurs, des augmentations notables de température ont été relevées dans certains locaux des centrales nucléaires abritant des équipements sensibles à la chaleur. EDF a pris en compte ce REX et a engagé des études de réévaluation du fonctionnement de ses installations dans des conditions de températures de l’air et de l’eau plus sévères que celles retenues initialement à la conception. En parallèle du développement de ce référentiel de sûreté relatif aux situations dites de « grands chauds», EDF a engagé le déploiement de modifications prioritaires (telles que l’augmentation de la capacité de certains échangeurs) et mis en place des pratiques d’exploitation qui optimisent la capacité de refroidissement des équipements et améliorent la tenue des matériels sensibles aux températures élevées. Dans le cadre du réexamen périodique des réacteurs, EDF a engagé un programme de modification de ses installations visant à se prémunir des effets d’une situation de canicule. Il est notamment prévu d’améliorer la capacité de certains systèmes de refroidissement de matériels requis pour la démonstration de sûreté nucléaire. EDF a également engagé un programme de veille climatique afin d’anticiper les évolutions du climat qui pourraient remettre en cause les hypothèses de températures retenues dans son référentiel. Comme pour les autres agressions, l’ASN demande à EDF de tirer le REX des différents événements caniculaires, ainsi que leurs effets sur les installations. Autres agressions La démonstration de sûreté des centrales nucléaires d’EDF prend également en compte d’autres agressions comme les grands vents, la neige, les tornades, la foudre, les températures froides de l’air, les agressions d’origine anthropique (transport de matières dangereuses, installations industrielles, chute d’aéronefs, etc.) et les agressions de la source froide. 2.4.6 L’évaluation de la maîtrise des risques liés aux agressions L’ ASN contrôle la prise en compte des risques liés aux agressions dans les centrales nucléaires en se fondant notamment sur la réévaluation de la conception des installations dans le cadre des réexamens périodiques, l’analyse des référentiels de sûreté de l’exploitant, l’examen des événements significatifs et les inspections réalisées sur les sites. Les dispositions permettant de limiter les risques liés aux agressions font l’objet de contrôles réguliers par l’ASN. L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a conduit EDF à renforcer son organisation pour la maîtrise des risques liés aux agressions extrêmes. En particulier, des réseaux de référents ont été constitués pour l’ensemble des centrales afin de piloter la mise en œuvre des actions définies pour faire face à ces risques. Des revues annuelles sont également menées afin d’améliorer cette organisation. De manière générale, l’ASN considère que des efforts importants sont nécessaires sur la majorité des sites pour améliorer la maîtrise des risques liés aux agressions, en particulier en ce qui concerne : ∙ la maintenance des équipements nécessaires (batardeaux, portes coupe-feu, capteurs, siphons de sol, etc.) ; ∙ les analyses de risque lors des opérations de maintenance et en cas de détection d’un dysfonctionnement d’un équipement; ∙ le respect des échéances des actions correctives identifiées lors des revues annuelles ; ∙ la formation des référents et la sensibilisation du personnel d’EDF et de ses prestataires. Les risques liés aux incendies Les risques liés aux incendies sont importants. En conséquence, l’ASN a indiqué à EDF en 2016 qu’elle attendait, dans le cadre du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe, une démonstration structurée et robuste fondée sur une approche de défense en profondeur. L’ASN a instruit les méthodes de justification produites par EDF et les modifications associées, en recueillant l’avis du Groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires (GPR) en 2019. Il ressort de cette instruction que les évolutions proposées par EDF constituent des améliorations notables de la démonstration de maîtrise des risques liés aux incendies (par exemple, études relatives à la tenue de la sectorisation, prise en compte de l’effet des fumées). Par ailleurs, les nouvelles méthodes mises en œuvre ont permis l’identification Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 305 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF 10 05 01 07 08 13 AN 04 06 12 14 03 09 11 02
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