L’approvisionnement de pièces de rechange non conformes a encore généré en 2022 des défauts de maîtrise des activités. Des documents nationaux d’EDF mal appliqués ou des documents opérationnels incorrects sont également à l’origine d’opérations de maintenance inadaptées ou de défauts de qualité de maintenance. De même, l’ASN a mis en évidence plusieurs anomalies concernant des programmes de contrôles très larges réalisés au titre de la maintenance (dispositifs autobloquants, ancrages). Ces anomalies ont parfois conduit les centrales à engager des programmes de nouveaux contrôles complets. Enfin, malgré une amélioration constatée des actions de contrôle technique des interventions et de surveillance des prestataires entre 2019 et 2021, grâce notamment à l’utilisation d’outils informatiques récemment déployés dans les centrales (voir point 2.6.2), les événements significatifs ayant pour cause des non-qualités de maintenance non détectées par la surveillance ou par les analyses de premier niveau sont restés nombreux. À cet égard, l’ASN constate que les essais de requalification ne permettent pas toujours de détecter les défauts des matériels à la suite d’activités de maintenance ou de modifications. Dans le cadre des quatrièmes réexamens périodiques des réacteurs et du programme «grand carénage», l’ASN considère important qu’EDF maintienne les efforts engagés pour remédier aux difficultés rencontrées et améliorer la qualité de ses activités de maintenance. 2.4.5 La protection contre les agressions d’origine interne ou externe Les risques liés aux incendies Un incendie peut entraîner des défaillances d’équipements nécessaires à la maîtrise des fonctions fondamentales de sûreté. Des dispositions doivent donc être mises en œuvre pour protéger les parties sensibles des installations contre l’incendie. Les centrales nucléaires, comme les autres INB, sont soumises à la décision n° 2014-DC-0417 de l’ASN du 28 janvier 2014 relative aux règles applicables aux INB pour la maîtrise des risques liés à l’incendie. La prise en compte du risque d’incendie dans les centrales nucléaires repose sur le principe de défense en profondeur fondé sur les trois niveaux que sont la conception des installations, la prévention et la lutte contre l’incendie. Les règles de conception visent à empêcher l’extension d’un incendie et en limiter les conséquences ; elles reposent principalement sur la « sectorisation incendie ». Il s’agit d’un découpage de l’installation en secteurs et zones de cantonnement conçus pour circonscrire le feu dans un périmètre donné et délimité par des éléments (portes, murs et clapets coupe‑feu) présentant une durée de résistance au feu spécifiée. Elle a notamment pour objectif d’éviter la transmission d’un incendie à deux matériels assurant de manière redondante une fonction fondamentale de sûreté. La prévention consiste principalement à : ∙ veiller à ce que la nature et la quantité de matières combustibles dans les locaux restent en deçà des hypothèses retenues pour la sectorisation ; ∙ identifier et analyser les risques d’incendie pour prendre les mesures permettant de les éviter. En particulier, pour tous les travaux susceptibles de générer un incendie, un « permis de feu » doit être établi et des dispositions de protection mises en œuvre. Enfin, la détection des départs de feu et la lutte contre un incendie doivent permettre l’attaque d’un feu et sa maîtrise en vue de son extinction dans des délais compatibles avec la durée de résistance au feu des éléments de sectorisation. Les risques liés aux explosions Une explosion peut endommager des éléments essentiels au maintien de la sûreté ou conduire à une rupture du confinement et à la dispersion de substances radioactives dans l’installation, voire dans l’environnement. Des dispositions doivent donc être mises en œuvre par l’exploitant pour protéger les parties sensibles de l’installation contre l’explosion. Les risques liés aux inondations internes Une inondation interne, c’est‑à‑dire provenant de l’intérieur de l’installation, peut entraîner des défaillances d’équipements nécessaires à la maîtrise des fonctions fondamentales de sûreté. L’inondation peut être notamment induite par un séisme. Des dispositions sont donc prises pour prévenir les inondations internes (maintenance des tuyauteries véhiculant de l’eau, etc.) ou maîtriser leurs conséquences (présence de siphons de sol et pompes d’exhaure permettant d’évacuer l’eau, mise en place de seuils ou de portes étanches pour éviter la propagation de l’inondation, etc.). Les risques liés aux inondations externes L’inondation partielle de la centrale nucléaire du Blayais en décembre 1999 a amené les exploitants, sous le contrôle de l’ASN, à réévaluer la sûreté de leurs installations face à ce risque dans des conditions plus sévères qu’auparavant et à effectuer de nombreuses améliorations de la sûreté, selon un échéancier défini au regard des enjeux. Conformément aux prescriptions de l’ASN, EDF a achevé en 2014 les travaux requis sur l’ensemble de ses réacteurs électronucléaires. En parallèle, pour s’assurer d’une prise en compte plus exhaustive et plus robuste du risque d’inondation, dès la conception des installations, l’ASN a publié en 2013 le Guide n° 13 relatif à la protection des INB contre les inondations externes. À l’issue des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) réalisées après l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN a considéré qu’en matière de protection contre les inondations, les exigences résultant de la réévaluation complète conduite à la suite de l’inondation de la centrale nucléaire du Blayais en 1999 permettaient de conférer aux centrales nucléaires un haut niveau de protection contre le risque d’inondation externe. Toutefois, l’ASN a pris plusieurs décisions en juin 2012 pour demander aux exploitants : ∙ de renforcer la protection des centrales nucléaires face à certains aléas comme les pluies de forte intensité et les inondations sismo‑induites ; ∙ de définir et de mettre en place un « noyau dur » de dispositions matérielles et organisationnelles permettant de maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes, notamment en cas d’inondation au‑delà du référentiel de dimensionnement. CAMPAGNE D’INSPECTIONS PORTANT SUR LA MAINTENANCE En 2021 et 2022, l’ASN a conduit une campagne de 14 inspections portant sur l’organisation des services de maintenance des centrales nucléaires, afin de contrôler le déploiement par EDF de sa nouvelle stratégie de maintenance. Les inspections ont mis en évidence une organisation plutôt satisfaisante des services chargés de la maintenance et un bon déploiement des nouveaux outils mis en place. C’est en particulier le cas de la réalisation des bilans de fonction, qui permettent à chaque centrale d’identifier, avec une vision intégrée par fonction, les problématiques techniques pouvant affecter les matériels et systèmes, ainsi que les axes d’amélioration associés, et du suivi de tendance, qui a pour objectif de permettre la détection précoce de la dégradation des performances des matériels. 304 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF 10
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