Rapport de l'ASN 2022

L’ASN a également procédé à plusieurs inspections sur l’organisation et les moyens de crise, dont certaines ont reposé sur une mise en situation inopinée induisant le déclenchement de l’organisation de crise du site. Ces inspections ont été l’occasion de tester l’opérationnalité de l’organisation de crise des centrales nucléaires sur des sujets spécifiques (résilience de l’organisation, matériels utilisés par les équipes lors des situations de crise, documentation, formation, etc.). Dans l’ensemble, ces exercices et inspections ont permis de s’assurer que les sites d’EDF disposent d’un niveau d’appropriation des principes d’organisation, de préparation et de gestion des situations d’urgence leur permettant d’assurer les actions requises en cas de crise. L’ASN souligne en outre le réel professionnalisme et la grande motivation des équipiers d’astreinte mobilisés. Toutefois, EDF doit poursuivre ses efforts de formation sur la mise en place du mode « progressivité », qui doit lui permettre d’assurer ses missions avec un personnel moindre du fait de difficultés d’accès au site résultant d’une agression d’intensité extrême. Enfin, le maintien en condition opérationnelle des locaux de crise et de certains moyens mobilisables en situation d’urgence doit également être renforcé. 2.4.3 La maintenance des installations La maintenance préventive constitue une ligne de défense essentielle pour assurer la conformité d’une installation à son référentiel de sûreté. Afin d’améliorer la fiabilité des équipements importants pour la sûreté, mais aussi la performance industrielle, EDF optimise ses activités de maintenance en s’inspirant des pratiques de l’industrie conventionnelle et des exploitants de centrales nucléaires à l’étranger. EDF a décidé en 2008 de déployer une nouvelle méthodologie de maintenance, dénommée « AP913 », développée par les exploitants nucléaires américains et reposant sur deux axes principaux : l’évolution des organisations pour développer le suivi de la fiabilité des matériels et des systèmes et la mise en œuvre d’un nouveau type de programmes de maintenance préventive. Le diagnostic de la mise en œuvre de l’AP913 réalisé par EDF mi-2016 a fait apparaître des difficultés sur la mise en œuvre du suivi des performances et sur l’augmentation des tâches de maintenance générée par les programmes de maintenance AP913. EDF a ainsi défini en 2017 des orientations stratégiques en matière de maintenance et de fiabilité. Elle a précisé les rôles des différents services et métiers liés à la réalisation de la maintenance, en réaffirmant que les services de maintenance sont responsables de la maîtrise d’ouvrage des matériels qu’ils entretiennent, en particulier dans un contexte de poursuite du fonctionnement des réacteurs au‑delà de 40 ans. EDF a également mis en place des bilans de fonction pour obtenir une vision intégrée des matériels et systèmes participant à chaque fonction, ainsi qu’une nouvelle phase de son projet de maîtrise des volumes de maintenance. Par ailleurs, en réponse à la demande de l’ASN formulée en 2019, EDF a déposé fin 2021 une demande d’autorisation pour ajouter aux RGE un nouveau chapitre consacré à la maintenance. 2.4.4 L’évaluation de la maintenance La maintenance est une thématique importante qui fait l’objet de contrôles réguliers par l’ASN lors de ses inspections dans les centrales nucléaires. L’organisation des centrales nucléaires pour mener à bien les opérations de maintenance conséquentes a été assez satisfaisante en 2022, a fortiori compte tenu de l’impact de la gestion de la corrosion sous contrainte sur le déroulement des arrêts. À cet égard, l’ASN a constaté en 2022 au travers de ses inspections que les différents sites ont, dans l’ensemble, déployé les évolutions de la politique de maintenance engagées par EDF à partir de 2016 (voir encadré ci-dessous). Toutefois, l’ASN relève encore régulièrement des points à améliorer, comme la prise en compte des différents risques, la préparation des activités et le renforcement de la surveillance des activités confiées à des prestataires. LES ARRÊTS DE RÉACTEUR Les réacteurs électronucléaires doivent être arrêtés périodiquement pour renouveler leur combustible, qui s’épuise pendant le cycle de production d’électricité. Un tiers ou un quart du combustible est ainsi renouvelé à chaque arrêt. Ces arrêts rendent momentanément accessibles certaines parties de l’installation qui ne le sont pas en phase de production. Ils sont donc mis à profit par EDF pour réaliser des opérations de contrôle, d’essais et de maintenance, ainsi que pour réaliser des travaux sur l’installation. Ces arrêts pour renouvellement du combustible peuvent être de plusieurs types: ཛྷ arrêt pour simple rechargement et arrêt pour visite partielle : d’une durée de quelques semaines, ces arrêts sont consacrés au renouvellement d’une partie du combustible et à la réalisation d’un programme de vérification et de maintenance, plus important lors d’une visite partielle que lors d’un arrêt pour simple rechargement ; ཛྷ arrêt pour visite décennale : il s’agit d’un arrêt faisant l’objet d’un programme approfondi de vérification et de maintenance. Ce type d’arrêt, qui dure plusieurs mois et intervient tous les dix ans, permet à l’exploitant de procéder à des opérations lourdes telles que la visite complète et l’épreuve hydraulique du circuit primaire, l’épreuve de l’enceinte de confinement ou l’intégration des évolutions de conception résultant des réexamens périodiques. Ces arrêts sont planifiés et préparés par l’exploitant plusieurs mois à l’avance. L’ASN contrôle les dispositions prises par l’exploitant pour assurer la sûreté de l’installation, la protection de l’environnement et la radioprotection des travailleurs pendant l’arrêt, ainsi que la sûreté du réacteur pour le cycle de production à venir. Le contrôle réalisé par l’ASN, au regard des dispositions de la décision n° 2014-DC-0444 du 15 juillet 2014 relative aux arrêts et aux redémarrages des REP, porte principalement: ཛྷ en phase de préparation de l’arrêt, sur le contenu du programme d’arrêt établi par l’exploitant. L’ASN peut demander, le cas échéant, des compléments à ce programme; ཛྷ pendant l’arrêt, à l’occasion d’inspections et de points d’information réguliers, sur la mise en œuvre du programme et sur le traitement des aléas rencontrés; ཛྷ en fin d’arrêt, sur l’état du réacteur et son aptitude à être remis en service. C’est à l’issue de ce contrôle que l’ASN donne ou non son accord au redémarrage du réacteur; ཛྷ après le redémarrage du réacteur, sur les résultats des essais réalisés au cours de l’arrêt et en phase de redémarrage. Depuis 2020, l’ASN a réduit le volume de ses instructions documentaires réalisées dans le cadre des arrêts de réacteur et a renforcé ses contrôles de terrain. Ces nouvelles modalités de contrôle permettent de diriger les ressources de l’ASN vers les activités présentant le plus d’enjeux et de rendre le contrôle plus efficace. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 303 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF 10 05 01 07 08 13 AN 04 06 12 14 03 09 11 02

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