Rapport de l'ASN 2022

L’ASN se mobilise dans le cadre de la guerre en Ukraine a guerre en Ukraine fragilise la sûreté des installations nucléaires, dont certaines se situent dans des zones de combat. Si ces installations offrent, de manière générale, des niveaux de robustesse importants contre les agressions externes d’origine naturelle ou industrielle, elles ne sont pour autant pas conçues pour résister à toute la panoplie des armes et munitions d’un conflit armé. Bien qu’à ce jour, aucun accident ni relâchement de radioactivité n’ait été observé, l’année 2022 aura été marquée par une succession d’événements qui affectent, de manière durable et préoccupante, la sûreté des quatre sites nucléaires du pays, tout particulièrement celui hébergeant la centrale nucléaire de Zaporijia. Dès le mois de février, l’ASN s’est mobilisée avec ses homologues pour pouvoir, en cas d’événement sur une installation nucléaire ukrainienne, assister les pouvoirs publics de manière coordonnée. L 16 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 Faits marquants 2022 Centrale nucléaire de Zaporijia – septembre 2022 La guerre en Ukraine fragilise la sûreté des installations nucléaires Dès le début de la guerre, en février 2022, les installations nucléaires ukrainiennes ont été au cœur du conflit et leur sûreté en a été durablement affectée. Des dommages liés à des bombardements ont été constatés très tôt sur le site de Kharkiv, sur un site de stockage de déchets radioactifs près de Kiev et sur la centrale nucléaire de Zaporijia. Des pertes d’alimentation électrique(1) ont affecté la centrale nucléaire de Tchernobyl en mars puis, de manière répétée depuis le mois d’août, celle de Zaporijia, où se trouvent six des quinze réacteurs de production d’énergie nucléaire du pays. Mais la sûreté nucléaire n’est pas qu’une question technique et d’état des installations : elle repose aussi sur les hommes et les organisations. Au début du conflit, sur le site de Tchernobyl, le personnel ukrainien présent n’a été relevé qu’après plus de deux semaines d’occupation russe ; cette absence de relève a en soi constitué un facteur de fragilisation de la sûreté. Les préoccupations actuelles sur la centrale nucléaire de Zaporijia portent elles aussi sur des questions organisationnelles et humaines avec la prise de contrôle du site par les Russes et le fait que ces derniers ont remplacé plusieurs dirigeants ukrainiens par des personnels qu’ils ont nommés. Cette situation soulève des questions sur la clarté de la chaîne de responsabilités et de prise de décision, qui est pourtant essentielle dans les situations où plusieurs options sont possibles et où une décision doit être prise rapidement et exécutée de façon fiable. De plus, dans le contexte actuel d’actes de guerre à proximité de la centrale, les équipes sont soumises à un stress permanent ainsi que, selon l’Autorité de sûreté nucléaire ukrainienne (State Nuclear Regulatory Inspectorate of Ukraine – SNRIU), à des pressions

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