Cette accumulation d’événements illustre le besoin impératif, maintes fois souligné par l’ASN à destina‑ tion des pouvoirs publics et des acteurs de la f ilière nucléaire, de maintenir des marges dans le dimension‑ nement du système électrique et des installations pour pouvoir faire face à des aléas et ne pas avoir à arbitrer entre sûreté des installations et disponibilité de la four‑ niture d’électricité. Des perspectives de nouvelle politique énergétique qui doivent intégrer dès à présent les préoccupations de sûreté Dans le rapport du Réseau de transport d’électricité (RTE) d’octobre 2021, réalisé à la demande du Gouver‑ nement, sur les «Futurs énergétiques» pour atteindre une économie décarbonée à l’horizon 2050, cinq des six scénarios présentés reposent sur un fonctionnement prolongé du parc nucléaire actuel. À ce stade, les éléments à disposition de l’ASN lors de l’instruction générique du quatrième réexamen de sûreté des réacteurs de 900 MWe, sur lequel elle s’est prononcée en février 2021, ne permettent pas de conclure que la poursuite de fonctionnement de tous ces réacteurs au‑delà de 50 ans est acquise. En effet, certains réacteurs présentent des spécificités qui pour‑ raient conduire à ne pas pouvoir justif ier, avec les méthodes actuelles, leur capacité à fonctionner jusqu’à 60 ans. Par ailleurs, à plus long terme, l’un des scénarios envi‑ sagés par RTE présente un mix électrique avec une part d’électricité nucléaire proche de 50% en 2050. La concertation avec les industriels a mis en évidence que le rythme de construction de nouveaux réacteurs nucléaires pour atteindre un tel niveau apparaît diff i‑ cilement soutenable, ce qui a conduit RTE à faire éga‑ lement reposer ce scénario sur le fonctionnement de quelques réacteurs au‑delà de 60 ans et sur la poursuite d’exploitation des autres jusqu’à 60 ans. Ce scénario, qui s’appuie sur des hypothèses structu‑ rantes de durée de fonctionnement non justifiées à ce stade en matière de sûreté, présente, en outre, le risque d’engager le système électrique dans une impasse dans le cas où le nombre de réacteurs aptes à fonctionner jusqu’à, ou au‑delà, de 60 ans serait insuff isant et ne serait connu que tardivement. Par ailleurs, la mise à l’arrêt en quelques années d’un nombre conséquent de réacteurs construits dans une courte période de temps dans les années 80 présenterait un risque «d’ef‑ fet falaise» sur les capacités de production électrique. L’ASN estime que les choix de politique énergétique à l’horizon 2050 doivent être fondés sur des hypothèses robustes et justifiées en matière de sûreté. Le choix d’une exploitation du parc nucléaire actuel au‑delà de 50 ans et jusqu’à 60 ans devrait prévoir une étape de justif ication de cette perspective, avec des marges suffisantes pour pouvoir faire face à des aléas importants ou génériques. En tout état de cause, si l’hypothèse d’une poursuite de fonctionnement de certains réacteurs au‑delà de 60 ans était une option envisagée, elle devrait impli‑ quer une instruction par anticipation af in de dispo‑ ser d’un délai suffisant, d’au moins 15 ans, pour pouvoir ajuster les choix de politique énergétique au regard de ses conclusions, et ne pas conduire, faute d’anticipa‑ tion, à ce que la poursuite de fonctionnement des réac‑ teurs nucléaires résulte d’une décision subie au regard des besoins électriques ou hasardeuse en matière de sûreté. Une forte mobilisation d’EDF qui doit se poursuivre en vue de la mise en service du réacteur EPR de Flamanville Les activités relatives à la réparation des soudures des circuits secondaires (tuyauteries d’évacuation de la vapeur et d’alimentation en eau des générateurs de vapeur) de l’EPR de Flamanville ont fait l’objet d’une mobilisation importante d’EDF. En effet, du fait des écarts constatés, une centaine de soudures des circuits secondaires nécessitaient des réparations. EDF a réalisé des maquettes spécifiques et des essais pour qualifier les procédés de réparation. L’ASN a exercé une surveil‑ lance renforcée de ces chantiers afin de s’assurer de la qualité des nouvelles soudures. La réparation des sou‑ dures des circuits secondaires se poursuivra, selon le calendrier d’EDF, jusqu’en août 2022. D’autres travaux pour corriger les écarts restent à réaliser avant la mise en service, notamment ceux liés aux piquages set‑in du circuit primaire. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021 5 ÉDITORIAL DU COLLÈGE
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