Rapport de l'ASN 2020

Chez les adolescents, les actes de radiologie conventionnelle et dentaire sont les plus nombreux (environ 1000 actes pour 1 000 individus en 2017). Malgré leur fréquence, les actes de radiologie conventionnelle et dentaire dans cette population ne représentent que 0,5% de la dose collective. À noter enfin : ∙ un effectif national estimé à plus de 30 000 patients a été exposé à une dose efficace cumulée de plus de 100 mSv en 2017 en raison d’examens scanners multiples. Ce chiffre atteint 500000 si une durée de cumul de 6 ans est considérée. Cette population fortement exposée semble être en augmentation régulière et relativement rapide depuis 2012. L’essentiel de cette population est âgée, cependant un quart a moins de 55 ans. La question des éventuels effets radio‑induits à long terme se pose donc pour cette population spécifique. Il est utile de rappeler que ces patients sont très vraisemblablement suivis pour des pathologies lourdes et que les examens scanner sont probablement indispensables à leur prise en charge ; ∙ à partir d’un échantillon de 120000 enfants nés entre 2000 et 2015, l’IRSN rapporte qu’en 2015, 31,3 % des enfants de l’échantillon ont été exposés aux rayonnements ionisants à des fins diagnostiques (en hausse de 2% par rapport à l’année 2010). La dose efficace moyenne est estimée à 0,43 mSv et la médiane à 0,02 mSv (en baisse pour la moyenne, mais équivalente pour la valeur médiane). Selon la catégorie d’âge, cette valeur médiane varie fortement. Pour les moins d’un an, elle est de 0,55 mSv (valeur la plus haute) et entre 6-10 ans elle est égale à 0,012 mSv. Il faut cependant tenir compte dans ces études des incertitudes importantes sur les valeurs de dose efficace moyenne par type d’acte, ce qui justifie de progresser dans les estimations de doses lors de la prochaine étude d’exposition de la population générale. Une attention particulière doit être exercée pour contrôler et réduire les doses liées à l’imagerie médicale, notamment lorsque des techniques alternatives peuvent être utilisées pour une même indication, car la multiplication des examens les plus irradiants, pour une même personne, pourrait conduire à atteindre une valeur de dose efficace de plusieurs dizaines de millisieverts ; à ce niveau d’exposition, certaines études épidémiologiques ont pu mettre en évidence la survenue de cancers radio‑induits. La maîtrise des doses de rayonnements ionisants délivrées aux personnes lors d’un examen médical reste une priorité pour l’ASN. Un 2e plan d’action a été publié en juillet 2018. Celui‑ci prolonge le premier plan (2011‑2017), établi en liaison avec les parties prenantes (institutionnelles et professionnelles). 3.4  L’exposition des espèces non humaines (animales et végétales) Le système international de radioprotection a été construit en vue d’assurer la protection de l’homme vis‑à‑vis des effets des rayonnements ionisants. La prise en compte de la radioactivité dans l’environnement est jusqu’à présent évaluée par rapport à son impact sur les êtres humains et, en l’absence d’élément contraire, il est aujourd’hui considéré que les normes actuelles garantissent la protection des autres espèces. Le 2e plan d’action pour la maîtrise des doses de rayonnements ionisants délivrées aux personnes en imagerie médicale En France, l’exposition à des fins médicales représente la première source d’expositions artificielles de la population aux rayonnements ionisants. Cette exposition est en augmentation du fait principalement de l’accroissement du nombre d’examens de scanographie. Les examens d’imagerie ont prouvé leur intérêt et leur apport tant pour le diagnostic que pour le traitement. L’enjeu est toutefois d’éviter les examens qui ne sont pas vraiment nécessaires, ou sans réel bénéfice pour les patients, et dont le résultat est susceptible d’être obtenu par d’autres techniques disponibles non irradiantes. La maîtrise des doses délivrées aux patients à des fins de diagnostic ou à visée thérapeutique conduit à agir sur l’appropriation des principes de justification et d’optimisation dans l’exercice des pratiques médicales faisant appel aux rayonnements ionisants. Le 2e plan d’action de l’ASN, publié en juillet 2018, vise à poursuivre la promotion d’une culture de radioprotection des professionnels avec le renforcement des compétences et l’harmonisation des pratiques, dans un cadre réglementaire mis à jour. Les actions visent plusieurs domaines : la responsabilisation et la sensibilité des professionnels, la formation, les nouvelles pratiques et techniques, les équipements. En 2020, les actions se sont poursuivies. Concernant la responsabilisation et la sensibilisation des professionnels en matière de justification des examens et d’optimisation des doses délivrées, l’ASN a travaillé en lien étroit avec le ministère des Solidarités et de la Santé afin d’assurer la continuité des actions d’amélioration de la radioprotection des patients mises en œuvre grâce aux plans d’organisation de la physique médicale (POPM) mis en place dans les établissements. De même, l’ASN a travaillé en lien étroit avec la Haute Autorité de santé (HAS) afin de renouveler l’accord‑cadre entre les deux institutions et poursuivre la collaboration sur les thématiques d’assurance de la qualité, d’analyse des pratiques, de gestion des risques et de recommandations de bonnes pratiques. Concernant la formation, deux nouveaux guides professionnels élaborés par les sociétés savantes ont été approuvés par l’ASN, à destination des médecins qualifiés en cardiologie interventionnelle (chez l’adulte ou l’enfant) et des professionnels réalisant l’installation, la maintenance des dispositifs médicaux émetteurs de rayonnements ionisants. Concernant la mise en place de nouvelles techniques et pratiques, le comité d’ analyse des nouvelles techniques et pratiques médicales utilisant des rayonnements ionisants s’est réuni afin d’examiner un nouveau dispositif d’accélérateur de particules récemment mis en service aux États‑Unis et de recueillir des informations relatives à la radioprotection des travailleurs et des patients lors de l’utilisation. 118 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 01 – LES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES : RAYONNEMENTS IONISANTS ET RISQUES POUR LA SANTÉ ET L’ENVIRONNEMENT

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