Rapport de l'ASN 2019

depuis été vidangées de la majorité de leurs substances dan‑ gereuses et sont en phase de préparation au démantèlement. Orano Cycle a déposé en février 2014 un dossier de démantèle‑ ment de l ’ INB 105   (ex‑Comurhex), soumis à enquête publique en 2017, dont l’instruction par l’ASN s’est achevée en 2019. Le démantèlement de l’INB 105 est désormais autorisé par le décret 2019‑1368 du 16 décembre 2019 . Les principaux enjeux associés sont liés aux risques de dissémination de substances radioactives, ainsi que d’exposition aux rayonnements ioni‑ sants et de criticité, en raison de substances uranifères rési‑ duelles présentes dans certains équipements. Par ailleurs, au sein de cette installation, l’ASN a autorisé et contrôlé, en 2019, des travaux dans une aire d’entreposage de fûts de matières uranifères, afin d’y assurer un confinement statique et dynamique ainsi qu’une climatisation appropriée, de manière à éviter le renouvellement de l’événement de perte de confinement par montée en pression de fûts sous l’effet des fortes chaleurs survenu en 2018. L’ASN a également contrôlé la mise en service industrielle de la plupart des unités de l’usine Philippe Coste, dont les instal‑ lations sont classées Seveso seuil haut et remplacent celles de l’INB 105 (ex‑Comurhex). Seule la deuxième unité de produc‑ tion de fluor est encore au stade des essais, en vue d’une mise en service en 2020. L’ASN a par ailleurs contrôlé la gestion par l’exploitant de nombreuses anomalies significatives de concep‑ tion, de construction ou d’exploitation détectées dans cette usine. L’ASN a notamment suivi les défauts d’étanchéité des cristallisoirs servant à refroidir et chauffer l’UF 6  en vue de son épuration et de son transfert vers les capacités de transport, une corrosion généralisée de tuyauteries de fluor, ainsi que plusieurs dépassements des valeurs limites des rejets gazeux. L’ASN s’est assurée que, face à ces anomalies, l’exploitant avait mis en place des consignes d’exploitation adaptées, des modifi‑ cations techniques et des modalités de surveillance renforcées des équipements concernés, en attendant leur remplace‑ ment ou la mise en œuvre de solutions techniques pérennes. Par ailleurs, les inspections menées en 2019 dans l’usine Philippe Coste ont notamment visé à s’assurer que l’exploi‑ tant avait remédié aux manques de rigueur identifiés lors des inspections de 2018. L’ASN sera vigilante en 2020, d’une part, aux conditions de mise en service des équipements nouveaux et remplacés, ainsi qu’à la nouvelle unité de production de fluor de l’usine Philippe Coste, d’autre part, au recondition‑ nement et au traitement des matières uranifères présentes dans l’INB en vue du démantèlement de l’INB 105. Usine d’enrichissement Georges Besse I L’installation d’enrichissement de l’uranium George Besse I (Eurodif), constituant l ’ INB 93 , était principalement compo‑ sée d’une usine de séparation des isotopes de l’uranium par le procédé de diffusion gazeuse. À la suite de l’arrêt de la production de cette usine enmai 2012, l’exploitant a mis en œuvre, de 2013 à 2016, les opérations de «rinçage intensif suivi de la mise “en air” d’Eurodif» (opéra‑ tion Prisme), qui consistaient à effectuer des opérations de rinçages répétés des circuits de diffusion gazeuse avec du trifluorure de chlore (ClF 3 ), une substance toxique et dange‑ reuse, qui a permis d’extraire la quasi‑totalité de l’uranium résiduel déposé dans les barrières de diffusion. Ces opéra‑ tions sont désormais terminées. L’exploitant a déposé sa demande de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement de l’installation en mars 2015. En 2019, l’instruction du dossier s’est poursuivie et le décret prescri‑ vant à Orano Cycle de procéder aux opérations de démantè‑ lement de l’usine George Besse 1 a été publié le 5 février 2020 . Les enjeux du démantèlement concernent le volume de déchets de très faible activité (TFA) produits, dont 160000 tonnes de déchets métalliques, et la durée du déman‑ tèlement, qui doit être aussi courte que possible (estimée à 30 ans actuellement) en tenant compte des meilleures connaissances scientifiques et techniques du moment, et dans des conditions économiques acceptables. L’ASN a contrôlé le fonctionnement de l’installation de confi‑ nement hydraulique et de traitement de la nappe alluviale située sous l’INB 93, polluée par du perchloroéthylène et du trichloréthylène. Cette installation permet de pomper l’eau de la nappe en un point, de la traiter et de la réinjecter dans la nappe en amont du point de pompage, permettant ainsi de confiner et dépolluer la nappe. L’ASN a constaté que, depuis sa mise en service en mars 2014, l’installation de traitement de la nappe n’a que très peu fonctionné, du fait de plusieurs pannes et de problèmes techniques importants, avec notam‑ ment un phénomène d’entartrage menant au colmatage des différents organes de l’installation. L’ASN a donc demandé à Orano de proposer des solutions techniques pour permettre un fonctionnement pérenne de l’installation et un traitement de la pollution existante. L’ASN s’attachera en 2020 à contrôler le fonctionnement effec‑ tif de l’installation de confinement hydraulique et de trai‑ tement de la nappe alluviale. Désormais, le principal risque résiduel de l’installation est lié aux conteneurs d’UF 6 des parcs d’entreposage, appartenant encore au périmètre de l’instal‑ lation. Ces parcs devraient être rattachés à terme aux parcs uranifères du Tricastin ( INB 178 ) . Usine d’enrichissement Georges Besse II L ’ usine Georges Besse II , constituant l’INB 168, exploitée par la Société d’enrichissement du Tricastin (SET) jusqu’en 2018, et désormais par Orano Cycle dans le cadre de la mise en place de l’exploitant unique sur le site du Tricastin, constitue la nouvelle installation d’enrichissement du site depuis l’ar‑ rêt d’Eurodif. Elle met en œuvre la séparation des isotopes de l’uranium par le procédé de centrifugation. Les installations de l’usine ont présenté en 2019 un niveau de sûreté satisfaisant. Les technologies mises en œuvre dans l’installation permettent d’atteindre des objectifs de sûreté, de radioprotection et de protection de l’environnement élevés. L’ASN considère que l’exploitant est proactif dans la détec‑ tion des écarts à son référentiel et qu’il suit bien ses enga‑ gements envers l’ASN. 38  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019 LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

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